mercredi 22 juin 2016

Incontournable Irresponsable



Il n’y a pas que Game of Thrones dans la vie (même si bon, ce dernier épisode… wouahou). Et si beaucoup de gens se sont abonnés à OCS essentiellement pour profiter de la diffusion des épisodes du catalogue HBO 24h après les US, Orange Cinéma Séries proposent aussi des séries originales françaises qui méritent le détour. Et notamment des comédies de 26 minutes, format plutôt rare dans le reste du PAF. C’était le cas de la Lazy Company, petite merveille Monty Pythonesque dont j’ai déjà parlé ici. Et lundi soir, une nouvelle perle est arrivée sur OCS. Ça s’appelle Irresponsable, c’est produit par Tetra Media Fiction (boite de prod qui a sorti Un Village Français et Les Hommes de l’Ombre, excusez du peu), c’est réalisé par Stephen Cafiero et ça vaut vraiment le détour (et je dis même pas ça parce que mon pote qui a produit la série travaille dans le bureau d’à côté). 



Irresponsable, c'est l'histoire de Julien, un trentenaire un brin loser (et c'est un euphémisme) mais un brin attachant (autre euphémisme) qui vit chez sa mère en attendant de trouver un travail. Ou plutôt en attendant qu'un taf lui tombe tout cuit dans le bec. Mais le jour où il retombe sur son amour d'adolescent qui lui annonce (SPOILER) qu'il est le père d'un garçon de 15 ans, Julien est obligé de remettre en question sa vie de gentil parasite-à-sa-maman. 
Sur le papier (comme souvent pour les bonnes séries), le concept n'envoie pas forcément du lourd. La situation de cet adulescent obligé de grandir plus vite que prévu a un air de déjà-vu, voire paraît hyper classique pour quiconque aime le format des dramédies américaines. Mais comme d'habitude, tout est question de traitement qui, ici, est parfaitement réussi et parvient à faire de cette histoire toute simple un petit bijou incontournable, le plus souvent très drôle et parfois hyper touchant.


Évidemment, je salue le travail d'écriture magnifique de Frédéric Rosset, créateur de la série. Ancien étudiant de la première promotion « séries » de la Fémis, repéré par le producteur Antoine Szymalka -ledit pote du bureau d’à côté- il a commencé par se lancer seul dans le développement de cette série avant de s’associer à sa sœur Camille avec qui il a coécrit une partie de la série ; et ensemble, ils ont fait ce qu’on fait tous de mieux : ils ont parlé de ce qu’ils connaissaient, c’est à dire de leur banlieue, de leur génération, finalement beaucoup trop rarement mise en lumière à la télévision dans les fictions françaises (contrairement aux US où les trentenaires sont rois). Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce travail est réussi.
L’arc dramatique général de la saison est parfaitement équilibré et présente une succession d’épisodes qui se suivent mais qui restent très indépendants les uns des autres. Ça permet de raconter des petites histoires à l’intérieur de la grande histoire. Ça laisse aussi la possibilité à certains personnages secondaires d’exister plus pleinement, le temps de certains épisodes. Sur ce point, on sent un vrai respect des scénaristes pour tous leurs personnages. Aucun n’est bâclé, y compris le personnage de la mère, qu’on pourrait d’abord jugé plus caricatural, mais qui finalement offre parmi les plus belles scènes d’émotions à la série.
De situations simples (mais jamais simplistes), les auteurs ont réussi à aboutir à des scènes vraiment drôles, parfois un peu exagérées, parfois un peu attendues mais jamais ridicules. Et ce, souvent grâce aux dialogues modernes, percutants, drôles.

L’autre énorme point fort de la série, ce sont les comédiens. Et évidemment Sébastien Chassagne, absolument par-fait. Il est de toutes les scènes, de tous les gags ; il a un sens du rythme bluffant, talent indispensable en comédie. Je ne le connaissais pas, mais j’espère qu’on le reverra vite. Une pépite, ce comédien. Et là, j’en profite pour saluer la direction d’acteur de Stephen Caliero qui a su trouver le juste équilibre entre les dialogues de Rosset et les improvisations de Chassagne. Magique.
Les autres comédiens ne sont pas en reste. J’ai déjà évoqué la mère de Julien, interprétée génialement par Nathalie Cerda qui a su trouver le subtil dosage entre loufoquerie et tendresse. Mais je pourrais aussi mentionner Théo Fernandez, impeccable en ado blasé (bien mieux mis en valeur que dans Le Secret d’Elise, donc là encore merci Caliero) ; et pourtant, c’est compliqué de trouver des adolescents crédibles à la télévision. La plupart du temps, je les trouve têtes à claques, mais lui, c’est l’exception qui confirme la règle. Enfin Marie Kauffmann qui interprète Marie, l’amour de Julien, dévoile toutes les facettes de son talent au fur et à mesure de l’évolution de son personnage, mieux servi par l’écriture dans les derniers épisodes. Je pourrais continuer en citant tous les autres personnages mais ça serait trop en dire. Et pis ça serait trop long parce que franchement, ils fonctionnent tous.
Bref, je vais m’arrêter là ; on aura compris que je me suis trouvé un petit coup de cœur et que je vous conseille vraiment de vous y mettre. Mais genre vraiment. Les bonnes dramédies en 26 minutes, bien écrites et biens jouées, sont trop rares en France pour qu’on passe à côté de celle-ci. Foncez !

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