mardi 11 mars 2014

Crucifions joyeusement Resurrection!




Enchainer dans la même soirée le magnifique final de True Detective (j’y reviendrai un autre jour) et le pilote de Resurrection, ça fait un sacré grand écart. Hier soir, ABC lançait sa nouvelle série qui reprend un pitch bien similaire à celui des Revenants, même si les producteurs (Brad Pitt en tête) répètent à tout va qu’elle ne s’en inspire pas : un enfant est retrouvé au milieu d’une rizière chinoise sans qu’on sache comment il est arrivé là. Lorsqu’on parvient enfin à le ramener chez lui, on apprend que ce petit garçon est mort noyé il y a 32 ans. Vrai carton en termes d’audiences, Resurrection se paye le luxe de détrôner un épisode de The Walking Dead, mais il ne faudra pas qu’elle compte sur moi pour revenir la semaine prochaine. Passage en revue bourré de mauvaise foi de tout ce qui a pu me gonfler dans ce pilote.



- Première séquence, l’enfant se réveille au milieu d’une rizière, aux côté d’une vache en se demandant où il est. Plagiat de Lost : remplacer Jacob (le nom du gamin) par Jack, le riz par du bambou et la vache par un chien et vous avez la première séquence (bien plus belle) de Lost. Gros déjà-vu.


- L’enfant est ramené manu-militari aux US alors qu’on nous précise bien qu’il n’a pas de passeport, qu’il n’a pas dit un mot et qu’on ignore tout de son identité. Pourquoi diable le ramène-t-on aux US ?! Qui a dit que ce gamin était ricain ? Ah si, pardon, on a une preuve solide : son sweat est estampillé aux couleurs d’une équipe de baseball américaine. Paye ton indice.

- Pour occuper l’enfant, on lui donne un smartphone pour qu’il puisse jouer à Donkey Kong. Or on nous dit plus tard que le môme a disparu il y a 32 ans à l’âge de 8 ans. En 1982, les seuls jeux vidéos se trouvent être des bornes d’arcade, les écrans tactiles sont de la science-fiction et les téléphones portables ressemblent à ça. Mais tout ça ne pose aucun problème à ce gamin qui passe même d’une appli à l’autre sans aucun souci. Okééé.

- De même, quand il retrouve ses parents, le garçon n’est pas plus surpris que ça par l’apparence de ses parents. C’est vrai, après tout, entre 30 et 60 ans, on ne change pas beaucoup, finalement. C’est tout juste s’il trouve que sa mère a l’air différent. Observateur le petit.

- « Mon fils est mort il y a 32 ans ». Cette phrase, je ne peux plus l’entendre. C’est un poncif bien trop éculé. Même dans Friends, on se moquait de Joey qui avait trouvé un rôle contenant cette réplique ringarde.



- L’avantage c’est que tout l’entourage de cet enfant occupe des postes clés dans cette ville : son oncle est sheriff, sa cousine est médecin, le mec de cette dernière est flic et cerise sur le gâteau, son ami d’enfance est devenu pasteur. C'est très pratique tout ça. Ca ne pue pas du tout les grosses ficelles. Je m’étonne qu’on n’ait pas encore introduit un avocat. A croire qu’ils sont les seuls habitants à peupler cette bourgade.



- Quand Maggie, la cousine,  va voir une de ses amies, Elaine, elle salue son frère qui lui répond « Tu viens voir ma sœur ? ». Bah non, connard, elle vient faire du tricot. Dialogue très subtil, donc. Ou l’art et la manière pour un scénariste pas très confiant d’être sûr que le spectateur n’est pas perdu dans les liens qui unissent les personnages. C’est un détail mais ça démontre parfaitement les défauts de ce pilote : tout est ultra souligné, ultra appuyé, ultra lourd.

- Séquence émotion : la mère de Maggie (et donc la tante de Jacob) est également morte noyée en essayant de sauver son neveu, 32 ans auparavant. Je précise que Maggie avait 6 mois au moment des faits. Pourtant aujourd’hui, Maggie se sent coupable parce que dit-elle, si elle n’avait pas existé, sa mère ne serait pas allé la promener près de la rivière. Ce niveau de culpabilité, c’est du jamais vu. Ridicule.

- Je passe sur l’énorme cliché de la petite ville qui ne fait pas confiance aux étrangers depuis la guerre de Sécession. Insupportable.

- Je passe également sur le téléphone portable qui a un zoom meilleur qu’un réflexe muni d’un téléobjectif.

- En observant 10 minutes le rapport d’autopsie de sa mère vieux de 32 ans, Maggie et l’agent de l’immigration qui se coltine le môme depuis une semaine découvrent tout un tas de marques bizarres sur les photos du cadavre, jamais signalées auparavant. De toute évidence, le médecin légiste de l’époque était vraiment un tocard.

- L’usage des flashbacks est raté. On vire dans le sentimentalisme niais. Et pour bien comprendre qu’on est dans du flashback, on nous colle des couleurs sépias et des images saturées. Au cas où on n’aurait pas compris.

- Cliffhanger aussi inutile qu’insupportable en cours d’épisode lorsque Jacob fuit dans la forêt. Son père et le flic qui l’accompagne se rendent compte qu’ils ont perdu sa trace. Tension. Suspens. Musique angoissante. Fondu au noir. Et puis non, finalement, le petit garçon était là, à trois mètres. Super. Merci.

- Jacob nous apprend que ça n’est pas sa tante qui a essayé de le sauver de la noyade mais bien lui qui a tenté d’aider sa tante. Grosse révélation donc. Encore plus lorsque Jacob nous informe de la présence d’un homme au moment de l’accident. Mystère ? Bah non, le père de Jacob était au courant. Et il savait même que sa belle-sœur avait une relation avec ce type dont la photo trône sur le rebord de la cheminée familiale. Mais ça, il n’a jamais cru bon d’en parler au moment des faits, des fois que ça puisse apporter des éléments nouveaux sur les circonstances de la mort de son fils.

- Pour finir, je m’arrêterai sur la révélation finale du pilote (qui se fait forcément sous la pluie mais sans que les personnages ne soient mouillés) : le père d’Elaine, également décédé, revient lui aussi d’entre les morts. Et pour l’occasion, les créateurs de la série repompent tout bonnement une astuce du film le 6ème Sens en affublant tous les revenants d’un vêtement rouge : le sweat pour Jacob, la casquette pour le père d’Elaine. C’est pas original et en plus c’est un peu trop flagrant (d’ailleurs, je réalise que Jacob ne s’est pas changé depuis plusieurs jours alors qu’il a voyagé depuis la Chine avec son sweat rouge : dégueu).

Bref, tout ça pour dire que je n'ai pas du tout accroché à Resurrection. On va me dire que je pinaille sur des détails, mais si ces détails et ces questions de forme m'ont tant gêné, c'est bien que le fond de l'histoire n'a pas su me captiver. Ennuyant, déjà-vu, lourdingue, ce pilote ne m'a pas convaincu. Pire il m'a profondément ennuyé. Merci mais non merci.

1 commentaire:

  1. L'ennui de cet article c'est qu'il me donne direct envie de regarder l'épisode en question ! Je suis certaine de détester, car moi aussi (mais qui ne l'est pas ???) je suis de celles qui détestent les incohérences, les situations WTF (celle sur le compagnon de la tante du petit est géniale...... -_-), les flashback inutiles/chiants, les "révélations" pourries et celles qui n'en sont pas....
    Pourtant c'est vraiment le genre de séries que j'aime :/

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