La
semaine dernière, Agents of S.H.I.E.L.D.
a (enfin) repris, après trois mois d’interruption. Malgré une qualité qui
s’améliore d’épisode en épisode, les audiences ne sont toujours pas au
rendez-vous, loin s’en faut. Cette semaine, l’épisode diffusé est même passé
sous la barre symbolique des 4 millions de téléspectateurs, score éminemment
faible pour un programme supposé, à l’origine, devenir l’un des piliers d’ABC.
Il obtient surtout une audience plus faible que sa petite sœur, Agent Carter, diffusée pendant ce hiatus
de trois mois. Et pourtant, ce n’est pas si terrible que ça, Agent Carter. Mon côté monomaniaque m’a
poussé à regarder cette nouvelle série issue de l’univers Marvel, pour être sûr
d’être bien à jour avant la sortie prochaine d’Avengers 2 ; mais finalement, je suis un peu déçu.
Agent Carter est un spin-off du film Captain America : First Avenger. Il
se déroule quelques années après le film, dans l’immédiat après-guerre. L’agent
Peggy Carter du titre est une femme engagée dans les services secrets et alliée
numéro un dudit Captain. Mais depuis la disparition du superhéros à la fin du
film, l’agente s’est vue assigner des missions beaucoup plus ingrates,
malheureusement plus en adéquation avec
son statut de femme dans les années 1950. En gros, on lui demande de répondre
au téléphone et de commander les sandwichs de ces messieurs. Jusqu’au jour où
son ami Howard Stark (futur père de Tony ‘Iron Man’ Stark) lui demande de
l’aider en l’innocentant de crimes dont l’accuse le SSR (le service dans lequel
bosse Peggy). L’agente se retrouve alors forcée de travailler dans l’ombre et
de devenir agent double, en compétition avec ses propres collègues.
Dans
le pilote de cette mini-série, en voyant l’agent Carter changer d’identité lors
d’une mission d’infiltration, on se dit qu’il y a comme un parfum d’Alias qui semble flotter dans l’air.
Mais un parfum seulement. Pour une raison que j’ignore (et croyez-moi, j’ai
honte), visuellement, la série me fait plutôt penser à Sydney
Fox, l’aventurière. Je suis sans doute trop sévère mais globalement, ça
fait cheap. Les décors, les costumes, les effets spéciaux ne m’ont pas
convaincus. En soi, ils ne sont pas honteux – et sans doute tout à fait
comparables à ceux d’Agents of S.H.I.E.L.D. – mais ils auraient mérité d’être
plus soignés pour reproduire un New York des années 1950 plus crédible.
Le
scénario non plus n’est pas une grande réussite. Bouclé en 8 épisodes – ce qui
est une bonne chose – il est finalement trop court pour réellement faire monter
la sauce. Tout est un peu trop facile, tout est un peu trop cousu de fil blanc.
Sans aller jusqu’à dire qu’il est linéaire, l’arc dramatique de la série manque
cruellement de surprises. Très souvent, on a un temps d’avance sur ce qu’on
découvre (hello la voisine de palier) et c’est très pénible.
Les
scénaristes semblent également avoir reçu la contrainte de maximiser le
fan-service : les références à l’univers Marvel (surtout à Captain America, naturellement) y sont
donc nombreuses. Dominic Cooper reprend son rôle de Stark en cabotinant un peu
plus que dans les films, Neal McDonough vient faire une apparition dans le rôle
de Timothy ‘Dum Dum’ Duganson, ancien frère d’arme de Captain. Et même le majordome
de Stark qui devient l’allié principal de Carter se nomme Jarvis, nom
qu’adoptera Tony Stark pour désigner son programme informatique d’assistant de
vie. Ces références sont plutôt plaisantes pour le fan que je suis et parfois
même elles sont très réussies : la scène du final rendant hommage au final
du premier film est clairement une très bonne idée. Mais ça ne suffit pas à
faire une bonne histoire.
Finalement
ce qui fonctionne le mieux dans cette série est sa dimension féministe. La
place occupée par les femmes dans cette société américaine d’après-guerre n’a
rien de très enviable, et ce, qu’on se trouve dans un cadre professionnel comme
le SSR ou dans un cadre privée comme la résidence pour jeunes filles dans
laquelle est logée Peggy. Le conservatisme et le machisme ambiant, incarné
notamment par cette tête à claque de Chad Michael Murray, sont certes un peu
caricaturaux mais malheureusement sans doute l’une des dimensions les plus
réalistes de la série. Cela rend les (trop rares) scènes entre Peggy et son amie
et serveuse Angie souvent touchantes puisque s’y exprime une solidarité
féminine joliment amenée, comme une bouffée d’air frais dans ce monde de
brutes.
C’est
d’ailleurs dans ces scènes plus intimes qu’Hayley Atwell,
l’interprète de l’agent Carter, est la plus convaincante. Egalement excellente
quand il s’agit d’évoquer avec tristesse son amour perdu, la pauvre actrice
perd en crédibilité lorsqu’il s’agit de se battre ou de manipuler des armes. La
comédienne ne m’avait pas du tout donné cette impression pendant les films,
mais le passage à la télévision ne lui réussit pas, à mon humble avis. Dommage
quand il s’agit de porter une série d’aventure sur ses épaules.
En conclusion, je dirais qu’Agent
Carter n’est pas foncièrement une mauvaise série mais elle est sacrément
desservie par un scénario un peu facile et une direction artistique un peu
cheap. Ça se laisse regarder mais ça ne révolutionne pas le genre. Et surtout
ça n’apporte pas grand-chose (pour le moment) à l’univers Marvel. C’est donc
tout à fait dispensable pour celles et ceux qui s’inquiétaient de ne pas avoir
vu ce spin-off avant la reprise d’Agents
of S.H.I.E.L.D. qui est, on ne le dira jamais assez, bien meilleure que ce
qu’on veut bien nous laisser croire !
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