lundi 23 janvier 2012

Meilleurs ennemis

En écrivant un post sur Boss, je me suis interrogé sur les personnages mauvais, les méchants dans les séries télé. J’ai d’abord constaté qu’un grand nombre de séries présentaient des personnages principaux à la morale douteuse (Boss, Breaking Bad, les Sopranos, Dexter, Dirty Sexy Money, Boardwalk Empire pour n’en citer que quelques unes). J’ai surtout constaté que dans d’autres séries où les héros incarnaient des valeurs plus légales, les personnages secondaires mauvais recevaient souvent un soutien très fort des téléspectateurs, parfois plus fort que les héros. J’y vois au moins trois raisons, qui varient selon les genres de série dans lesquelles ils apparaissent :

- Dans les comédies, ils nous font rire : les personnages de méchants y sont particulièrement jouissifs. Sans limite, ils expriment tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Ils sont politiquement incorrects et lancent des répliques souvent extrêmement borderlines.
Des exemples : Ling dans Ally McBeal était égoïste, méprisante, peste, insultante mais hilarante. Apparue au début en tant que guest, ses répliques qui tuent et ses rugissements de lions lui ont permis de s’élever au rang de personnage principal. 
Dans Glee, le personnage de Sue Sylvester compte parmi les plus populaires de la série, même si à la base, les créateurs de la série n’étaient pas surs qu’elle reviendrait dans la série(son interprète (Jane Lynch) s’étant engagée sur un autre série qui n’a finalement pas vue le jour). Pourtant, la coach des pompom girls est devenue une figure mythique de la série pour ses piques déplacées souvent liées au physique. 
Dans Entourage, avec le colérique Ari Gold, les scénaristes se permettent là aussi des répliques misogynes, racistes et homophobes et ça passe sans problème. Pourquoi ? parce que le personnage n’est pas foncièrement mauvais : il hurle, il s’agite, il provoque mais il n’en reste pas moins l’un des alliés les plus fidèles du héros.
Autre cas, la débridée et regrettée Edie Brit devient très vite la 5ème desperate housewives dés le début de la série ; ses réflexions blessantes mais souvent franches ont permis plus d’une fois aux héroïnes d’ouvrir les yeux.
Le plus grand danger pour ses personnages est de devenir gentil : devant leur popularité toujours grandissante, les scénaristes essaient de leur donner du fond et de justifier leur méchanceté. Si cela a bien fonctionné pour Ari Gold, ça a moins payé pour Sue Sylvester qui perd tout son intérêt lorsqu’elle fait preuve d’humanité.

- Dans les dramas, ils peuvent se repentir : les méchants y sont souvent moins caricaturaux que dans les comédies. Plus subtils, moins manichéens, ils finissent toujours par évoluer. Dans le bon sens… ou pas. Et c’est cette dualité qui les rend parfois aux yeux du téléspectateur plus abordables et plus humains que les gentils.
Des exemples : Dans X-Files, Alex Krycek reste selon moi un des personnages les plus intéressants de la série. Au début présenté comme un traitre, il fait équipe avec Mulder pour le compte de l’homme à la cigarette. Trahi à son tour, Krycek va tracer son propre chemin, sur la voie de la rédemption à mi chemin entre la vertu (représentée par Mulder et Scully) et le mal*. 
De même, le vampire Spike s’impose comme un des personnages, si ce n’est le personnage le plus attachant de Buffy ! D’abord introduit comme un ennemi drôle et pathétique, Spike se retrouve obligé en saison 4 de faire alliance avec Buffy et tombe même amoureux de cette dernière : déchiré entre ses instincts de vampire et ses sentiments, il devient de plus en plus humain. On découvre alors un personnage fragile, peu sûr de lui, mais loyal et même prêt à risquer sa vie pour sauver Buffy. 
Dans Lost, le gentil Jack s’oppose très vite au méchant Sawyer. Celui-ci, par instinct de survie, préfère s’isoler du reste du groupe puisque, c’est bien connu, l’enfer, c’est les autres. Mais comme on est dans Lost, Sawyer n’est évidemment pas monolithique. Et là encore, des sentiments amoureux et amicaux l’amènent à s’humaniser au fil des saisons pour finalement inverser les rôles avec Jack et devenir le sauveur du groupe. 
Toujours dans Lost, le très méchant Ben Linus, introduit en saison 2, reste un des plus beaux salauds de l’histoire des séries. Manipulateur, menteur, traitre, il est longtemps LE type à abattre. Et puis, à un moment précis en cours de saison 5, le personnage trébuche, et sa chute est passionnante. Il perd tous ses repères, ne sait plus où aller ; l’ancien bourreau devient alors un petit bonhomme fragile. Et le personnage prend une ampleur incroyable. 
Dans le même genre, T-Bag, meurtrier malsain, raciste et pervers de Prison Break est également un personnage bizarrement passionnant. Répugnant et dangereux, il fascine pourtant parce qu’il représente tous les pires interdits de la société. Et puis, fatalement, à un moment donné, lui aussi chute et perd son aplomb au fil des épisodes. Et le plaisir du spectateur devient alors de voir jusqu’où le personnage va tomber.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la vie n’est pas simple pour ces méchants de drama. Les scénaristes prennent plaisir à se venger des méfaits de ces personnages. Si beaucoup d’entre eux cherchent la rédemption, celle-ci a un prix. Parmi les personnages cités ci-dessus, deux d’entre eux vont perdre un bras, un autre va voir sa fille mourir sous ses yeux et un autre encore va y laisser sa peau. Méchant ? un métier à haut risque…

- Dans les soaps, ils sont sources de rebondissements : ici, les méchants ont une autre fonction, forcément appréciée du public : ils foutent le bronx et relancent l’action. Aussi caricaturaux que les méchants de comédies, ils ne sont cette fois-ci pas là pour plaisanter mais pour se déchainer sur les gentils de la série. Sans foi, ni loi, ils sont irrécupérables. Et les scénaristes s’en donnent à cœur joie pour cumuler en eux toutes les tares de la société. Mais grâce à eux, le récit évolue. Et pour ça, on leur dit merci !
Des exemples : pour faire court, qui ne se souvient pas de JR Ewing dans Dallas et de Amanda Woodward dans Melrose Place ? L’un comme l’autre, ils en ont fait voir de toutes les couleurs à leurs ennemis. Tous deux sont increvables et ont survécu à plusieurs tentatives d’assassinats. Et preuve de leur popularité, tous deux apparaissent en personnage secondaire dans la suite des séries qui les ont vu naitre : Melrose Place, nouvelle génération (sortir en 2009, annulée en 2010) pour l’une et Dallas (prévue pour l’été 2012) pour l’autre.

 

*Pffiu, c’est beau ça…

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