samedi 10 décembre 2011

Des perles dans Buffy

C’est toujours un peu difficile d’avouer être un fan de Buffy en France. A cause de son mode de diffusion, cette série (comme beaucoup d’autres) a trainé derrière elle une image qui ne lui correspond pas tellement : celle de la Trilogie du Samedi.  Pour ceux qui ne s’en souviennent pas, M6 diffusait le samedi soir trois séries très souvent fantastiques. Force est de constater que la plupart des téléspectateurs étaient des adolescents qui ne savaient pas quoi faire de leur samedi soir. Résultat, dire qu’on aimait Buffy, c’était avouer qu’on foutait rien de ses week-ends. C’était un peu la te-hon.

En plus, la VF a bien massacré la série. Je ne vais pas rentrer dans la bataille VF/VO* mais pour le coup, la série perd beaucoup de son humour, de sa subtilité et les personnages (Willow et Xander surtout) passent pour des débiles finis en français.

Alors oui, cette série s’adresse aux ados, mais je pense vraiment qu’elle ne se limite pas à ce seul public. Sous ses airs de série en carton (la faute à des maquillages pas toujours très fins), Buffy est truffé de références pop, d’hommages à des films de genre et de répliques extrêmement drôles. Je peux parfaitement comprendre qu’on n’aime pas : c’est un genre bien particulier avec ses codes ultra balisés mais si bien détournés. Pourtant, je conseillerais à un néophyte de faire l’effort de regarder ces trois petites perles, toutes écrites par le créateur de la série, Joss Whedon en personne :

The body (Orphelines) s05e16
C’est peut-être l’épisode de Buffy le moins fantastique de tous. Et pour cause, Buffy y est confrontée à une situation la plus naturelle du monde : la mort. Bon, ce qui est moins naturel, c’est qu’elle n’a que 18 ans et que c’est sa mère qui vient de mourir. Tout le génie de l’épisode est de prendre le contre-pied total avec le ton global de la série. Les scénaristes sont restés les plus normaux possible pour créer un décalage avec le monde habituellement magique et ésotérique de le série. Et ça marche : les ambiances sont lourdes, le temps s’écoule lentement, les silences sont pesants. C’est un des épisodes qui évoquent le mieux ce sujet difficile, toutes séries confondues.

Once more, with feeling (Que le spectacle commence) s06e07
Dans cet épisode, un démon jette un sort sur Sunnydale : toute la ville se met à chanter et à danser comme dans une comédie musicale. Le principe n’est pas révolutionnaire, beaucoup de séries s’y sont frottées mais ici le traitement est réussi  (en VO toujours ! parce que oui, ils ont osés les paroles en VF...). Les personnages ont donc l’occasion de pousser la chansonnette alors qu’ils n’en ont aucune envie. Et c’est ce décalage qui est intéressant : tous se retrouvent contraints et forcés de chanter à tue-tête ce qu’ils n’osaient même pas dire tout bas. Et Buffy devient même touchante quand elle fredonne qu’elle aurait préféré mourir plutôt que d’être ramenée à la vie quelques épisodes plus tôt.

Hush (Un silence de mort)  s04e10:
Mon préféré pour la fin. Le pitch est basé sur une peur basique assez répandue : qui n’a jamais fait le cauchemar de se faire attaquer et de ne pas pouvoir appeler au secours ? Ici des démons qu’on appelle les Gentlemen, débarquent à Sunnydale. Leur look très burtonien est un pur hommage à Nosferatu, le plus grand vampire du cinéma muet. Justement, leur mode opératoire est très simple : ils rendent muette la ville entière pour que leurs victimes, dont ils récupèrent le cœur, soient incapables d’appeler à l’aide. Et du coup, sur les 44 minutes que dure l’épisode, 27 sont totalement sans paroles. Un tour de force.
Les personnages sont forcés de trouver de nouveaux moyens, souvent très drôles, pour communiquer.  Sans les mots, ils sont obligés d’aller à l’essentiel et au final ils arrivent à se dire plein de choses : on ne papote plus, on passe à l’action. Un grand nombre de situations se débloquent d’ailleurs dans cet épisode : Buffy et Riley, le mec autour de qui elle tourne depuis le début de la saison, se décident enfin à sauter le pas. Les deux mêmes découvrent leur secret respectif (elle est tueuse, il bosse dans une agence qui lutte contre le paranormal). Et Willow et Tara ont le coup de foudre l’une pour l’autre.
Avec de jolis clins d’œil au cinéma muet,"Hush" est un bijou d’écriture. Si je devais garder un seul épisode de la série, ça serait sans conteste celui-ci.

Preuve qu’on peut trouver des petites merveilles dans toutes les séries. Même celles qui paraissent ringardes ou dépassées. Si, si.

*pour moi, c’est très vite vu : la VF est inenvisageable. Fin du débat.

1 commentaire:

  1. On est bien d'accord, rares sont les gens qui comprennent l'intérêt que revêt Buffy... Ben tant pis pour eux! Je suis "monstrueusement" fan, c'est le cas de le dire. Et même si la série a ses défauts (les effets spéciaux notamment, font fuir pas mal de monde), je suis triiiiiste qu'elle se soit terminée si tôt. Bon, il faudrait que j'essaie de lire la suite, mais j'ai du mal avec les dessins. Heureusement qu'Allison Hannygan continue sa carrière dans HIMYM, ça calme les crises de manque ;)

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