Il n’y a pas que les Américains qui savent faire des séries. Les Anglais se débrouillent également très bien. Et ils le prouvent avec MisFits, qui renouvelle totalement le genre du super-héros, que les US avaient massacré avec le très surestimé Heroes, ou le vieux Superminds (dont MisFits est sensé être librement inspiré). Le pitch de départ est très simple, voire simpliste. Cinq délinquants condamnés à des travaux d’intérêt général sont pris dans une tempête mystérieuse qui les dote chacun de super-pouvoirs.
Pour ceux qui ne connaissent pas, voilà 5 raisons de s’y mettre très rapidement :
- Les pouvoirs : Le premier coup de génie de la série est de ne pas perdre de temps à essayer d’expliquer l’étrange phénomène météorologique qui a transformé les héros. On préfère ignorer les causes de cet orage magique pour s’intéresser aux conséquences qu’il a sur les persos : les super-pouvoirs. Le deuxième coup de génie est d’avoir donné aux personnages principaux des pouvoirs qui reflètent leur personnalité : Simon, mal dans sa peau, rejeté de tous, invisible socialement, gagne la faculté de disparaitre pour de bon. Alisha, petit bombe qui chauffe tout ce qui passe, ne peut plus toucher ses proches sans déclencher chez eux une excitation sexuelle animale et agressive. Curtis, ancien champion d’athlé rongé par les remords de s’être dopé, découvre qu’il peut inverser le cours du temps pour corriger les erreurs du passé. Kelly, une fille au physique ingrat qui a connu les moqueries toute sa vie, se met à entendre les pensées encore plus offensantes des gens. Bref, les pouvoirs deviennent une catharsis pour les héros, pas si supers que ça.
- Nathan (Robert Sheehan) : présenté comme le personnage principal de la série, il possède la particularité de ne pas comprendre quel est son superpouvoir pendant tout la première saison (je n’ai rien vu venir, mais au vu de ce que j’ai écrit au dessus, j’aurais dû piger…). Mais il n’en reste pas moins un des personnages les plus intéressants de la série. Irrévérencieux, vulgaire, inconscient, il est surtout très drôle. Rien ne l’atteint et donc il se permet tout, même (et surtout) le politiquement incorrect. Il devient la meilleure incarnation de l’humour britannico-trash de la série.
- Simon (Iwan Rheon) : je le dis direct, c’est mon personnage préféré. Au départ, très timide, voire mutique, Simon est de prime abord assez flippant. Son physique si particulier et ses habitudes à la limite du TOC ne l’aident pas vraiment à se faire des potes. Mais comme à chaque fois avec les personnages en retrait, Simon se dévoile petit à petit et s’impose comme l’un des cerveaux du groupe sans perdre pour autant son étrangeté. Ce qui fait que les autres continuent de le regarder avec une pointe d’incompréhension. Mention spéciale au comédien, incroyable !!!
- Kelly (Lauren Socha) et son accent : la série se passant à Londres avec des personnages issus des classes populaires, il n’est pas étonnant d’entendre un bon vieil accent cockney dans la série. C’est bien simple, sans sous-titres, je capte que dalle à ce que Kelly raconte (et les autres personnages non plus, d’ailleurs). C’est inimitable et ça donne énormément de charme à la série. Pour une fois que le bouseux de service ne parle pas avec un accent texan !
Ici, les 1ères répliques de Kelly, non sous-titrées…
- La réalisation : très esthétisée, la série magnifie ses décors de banlieue bétonnée. Les tours HLM et les cages d’escalier deviennent presque futuristes grâce à des prises de vue ultra travaillées. C’est incroyable de dire ça de ces cités mais c’est beau. Par ailleurs, les effets spéciaux, très discrets (à des kilomètres des effets tape à l’œil de Heroes) continuent d’ancrer la série dans un réalisme surprenant pour une série fantastique. Et ça tombe bien, les héros ne veulent pas être extraordinaires, ils rêvent d’être considérés normalement, pour une fois (MisFits veut dire marginaux rapport au statut de délinquant des héros).
La troisième saison vient de s’achever sur E4, la chaine anglaise qui nous avait déjà offert Skins (décidément, question perles, ils s’y connaissent). Pour ceux qui ne voudraient pas savoir ce qu’il s’y passe, je conseille d’arrêter votre lecture ici. Pour les autres, sachez que la troisième saison ne faiblit pas. Le départ volontaire du comédien Robert Sheehan* a forcé les scénaristes à remplacer Nathan par un nouveau personnage, Rudy, à peu près aussi barré que le précédent. C’est réussi. D’autant qu'un autre personnage Seth, fait son entrée dans cette saison 3 et contribue à densifier les intrigues de ces 8 nouveaux épisodes. Un peu moins étrange que les autres, il est pourtant à l’origine de bon nombre de rebondissements intéressants, y compris le final, bien frustrant comme il faut (‘tain, il va falloir attendre un an !!!). L’épisode sur les comics est brillant et a ma petite préférence cette année (normal Simon y est à l’honneur). Et le suivant nous offre une des meilleures répliques de Kelly : "Focking Nazis !".
*Spoiler de dernière minute: il se murmure que d'autres comédiens pourraient lâcher l'affaire pour la saison 4. Damned!!
alors la saison 3 est, à mon goût, un peu partie en couille... d'autant que la fin nous apprend la perte de 2 autres personnages importants , dont mon préf, pour la saison 4... je crois, et je le déplore, que les scénaristes se sont faits dépasser par certains sujets (je pense au voyage dans le temps de Simon, qui n'est pas du tout maitrisé, voire incohérent) et par l'ambition des comédiens qui, en Europe, ne s'arrête pas à la série télé. j'attends impatiemment le remake américain, qui, évidemment, risque d'être très fadasse (quoique conçu en collaboration étroite avec le créateur anglais) mais qui maitrisera sûrement mieux les rouages du scénario. faut le reconnaitre, ils ont plus d'expérience là dedans...
RépondreSupprimerdonc oui, je suis pour ma part très déçue par cette saison 3.