La
série a à peine recommencé que la fin de la saison arrive déjà. A n’en pas
douter, qu’on aime ou qu’on déteste, How
to Get Away with Murder est l’un des évènements sériels incontournables de
l’année. Et avec lui, il a amené un autre évènement qui a fait tout autant de
bruit : le personnage de Connor Walsh. Chouchou du public, ce jeune avocat
sexy et sans scrupule a rapidement attiré l’attention sur lui et sur Jack Falahee,
le comédien bogosse qui l’interprète. Et ce, grâce à quelques scènes torrides
qui ont enflammé les réseaux sociaux et à une micro-polémique qui s’en est
suivi – menée par Shonda Rhimes herself – sur la place des personnages gays
dans les séries grand public. Mais alors, Connor serait-il sur le point de prendre
la place d’Annalise (Viola Davis), héroïne de la série ? Ce personnage pas
si principal que ça serait-il capable de tirer la couverture à lui ? La
saison 2 nous le dira (si saison 2 il y a) mais c’est fort possible. Et c’est
déjà arrivé. Passage en revue de ces héros secondaires qui ont fini par attirer
tous les projecteurs dans leur direction.
Barney Stinson (How I met
your Mother):
il
est de loin le personnage le plus mémorable de la série. Génialement interprété
par le toujours parfait Patrick Neil Harris, c’est à Barney que revient toutes
les répliques cultes de la série ("Haaaave you met Ted ?",
"It’s gonna be legen… wait for it… dary !", "Suit up !")
et les running jokes les plus attendues (le slap bet, le bro code). Pourtant à
la base, Barney n’est pas spécialement mis en avant. Ni plus ni moins que ses
potes. Il est même plutôt le faire-valoir de Ted. Mais le talent du comédien et
la personnalité de Barney le propulsent rapidement sur le devant de la scène.
Et peu à peu, tout ce qui concerne ce personnage devient hénaurme. Les
scénaristes se lâchent, osent tout et adoptent même un style un peu
particulier, plus absurde, pour écrire sur ce personnage. Quitte même à déséquilibrer
la série : peu à peu, ça devient le Barney
Stinson show et on en oublierait presque les quatre autres personnages. Très
drôle, très (trop ?) présent, c’est pour lui qu’on regarde HIMYM.
Jack McFarland et Karen Walker (Will and Grace):
Tout
comme Barney Stinson, Jack et Karen sont à la base les faire-valoir respectifs
de Will et Grace. Très vite pourtant, le duo attire l’attention sur lui et les
deux personnages aussi barrés l’un que l’autre deviennent les véritables héros
de la série dans le cœur du public. Bien sûr, la relation de Will et Grace
reste au centre des problématiques mais peu à peu celles de Karen et de Jack
gagnent en profondeur, tout en restant, il faut bien le dire, beaucoup plus
drôles. La popularité des deux est telle qu’un spin-off centré sur ses deux
personnages est même envisagé pendant un moment avant d’être oublié (en partie
en raison du bide que fait Joey à ce
moment-là).
Ari Gold (Entourage) :
A
l’origine, l’agent de Vincent Chase avait une place bien à part dans la série.
Plus âgé que les autres personnages, il ne fait pas partie de la bande de potes
du héros. Il est quasi-anecdotique. Seulement voilà, le jeu survolté de Jeremy
Piven et les répliques politiquement incorrectes de son personnage contribuent
à faire de ce dernier le chouchou de la série. Larger than life, Ari ose tout
et chacun de ses pétages de plomb provoquent l’hilarité. Les scénaristes
finissent même par lui créer son univers propre avec la fameuse Mme Gold et
Lloyd, son assistant souffre-douleur. Pourtant, la grande réussite de la série
est, selon moi, d’avoir réussi à donner autant d’importance à Ari sans oublier les
autres personnages qui gagnent eux aussi en profondeur au fil des saisons
(#TeamTurtle).
Steve Urkel (La vie de
famille):
Jusque-là,
les exemples présentés concernaient des personnages inclus dans le casting d’origine.
Ca n’est pas le cas de Steve Urkel. Totalement absent des premiers épisodes de
la série, il n’apparait que dans le douzième épisode de la première saison. Celui
qui ne devait faire, à l’origine, qu’une simple apparition devient très
rapidement le pilier de la série. Voisin amoureux de Laura, la fille des Winslow,
ce petit geek au look improbable et à la voix aussi aigüe qu’insupportable
prend toute la place. Il est de tous les épisodes, de toutes les scènes. Il
devient le visage de la série. Jolie performance de la part de Jaleel White qui
aura, il faut bien le dire, du mal à se détacher de son image urkelienne.
Ben Linus (Lost) :
Comme
Steve Urkel, Ben Linus n’était pas destiné à prendre autant d’importance dans
la série de JJ Abrams. Engagé à l’origine pour trois épisodes, Michael Emerson
impressionne pourtant les producteur dans son interprétation de celui qui se
fait encore appeler Henri Gale. Son charisme et son ambiguïté fascinent, à juste
titre. Sa storyline est alors allongée de quelques épisodes. Mais finalement, sa
popularité est telle qu’il finit par devenir le chef des Autres, les fameux
ennemis des survivants du vol 815. Acteur absolument génial, Emerson a contribué
à faire de Ben Linus l’un des méchants les plus réussis du petit écran et a
imposé son personnage au rang de régulier pendant plusieurs saisons.
Dans
la série "mon personnage doit tout à ma prestation", Julianna "Carol"
Margulies se pose un peu là aussi. Dans le script d’origine, Carol ne devait
pas survivre à sa tentative de suicide à la fin du pilote. Mais les projections
tests réalisées à l’époque démontrent que Carol obtient immédiatement la forte sympathie
du public. Impossible pour les producteurs d’ignorer l’impact positif de Margulies sur les
spectateurs: certaines scènes sont retournées en urgence (sic) pour indiquer
que le personnage survit finalement à sa tentative. Et Carol se voit intégrée
au générique de la série en tant que personnage principal. Sans devenir l’héroïne
de la série, elle en est malgré tout l’une des rares représentantes de la gente
féminine. Elle est également pendant bien longtemps la seule infirmière parmi
cette équipe de médecins que sont les personnages principaux. Well done !
Amanda Woodward (Melrose
Place):
En
fin de saison 1, Melrose Place ne
connait pas encore le succès qui sera le sien plus tard. Le personnage d’Amanda
Woodward, interprété par la dynastique
Heather Locklear, arrive pour perturber l’idylle naissante entre Alison et
Billy. Commence alors la longue carrière de la reine des bi-atchs dans une
série qui en compte pourtant un sacré nombre (Kimberly, Sydney, si vous me
lisez…). Amanda devient la véritable pierre angulaire de la série. Il n’y en a plus que
pour elle. A compter du moment où elle entre en scène, elle est la seule à apparaître
dans tous les épisodes, jusqu’à la fin de série. Locklear maintient d’ailleurs ce
statut privilégié en obtenant que son nom apparaisse au générique avec la mention
"Avec la participation spéciale de". En 2009, lorsque les audiences
du spin-off Melrose Place 2009
peinent à décoller, la chaine CW joue son va-tout en annonçant à grand renfort
de promotion l’arrivée de la diabolique Amanda. Mais cette fois-ci, ça ne prend
pas et la série est annulée à l’issue de sa première saison.
Joey Potter (Dawson) :
Au
début, la série se focalise essentiellement autour des amours de Dawson et Joey,
contrariées par l’arrivée de Jen (Michelle Williams, créditée alors comme premier
personnage féminin). Mais rapidement, les scénaristes semblent ne plus savoir
quoi faire du gentil quoique benêt Dawson. Alors on colle dans les pattes de
Joey le non moins gentil Pacey, un brin plus charismatique. La belle se
retrouve au cœur des intrigues. Il faut alors se rendre à l’évidence : c’est
elle la clé du succès de la série ; le juvénile minois de Katie Holmes
ainsi que ses mimiques maniérées y sont pour beaucoup. Dans les dernières
saisons, cette suprématie du personnage est encore plus flagrante. Lorsque la
série quitte Capeside et emménage à Boston, on y suit Joey et non pas Dawson, comme
le titre de la série aurait pu le laisser penser. Elle est d’ailleurs la seule
actrice du casting à faire partie de tous les épisodes de la série. Comme quoi,
il aurait mieux valu appeler la série Joey’s
Creek. Après tout, elle aussi y habitait, dans cette fameuse crique.
Le
propre d’une série est d’être une œuvre de fiction qui évolue avec le temps,
qui se transforme, qui grandit. Et parfois, la popularité d’un personnage ou le
charisme d’un comédien forcent les scénaristes à emprunter des directions
souvent inattendues aux débuts de ladite série. Et c’est là tout la beauté de l’écriture
sérielle. Gageons que le cas de Connor Walsh n’échappe pas à la règle et suive
les cas précédemment cités en s’imposant comme le futur personnage clé de HTGAWM.
Un merci tout particulier à mon ami Jean-Maxime Renault, que vous pouvez lire ici, là et là. Thks buddy! ;)
Un merci tout particulier à mon ami Jean-Maxime Renault, que vous pouvez lire ici, là et là. Thks buddy! ;)
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