En voilà une que j’ai longtemps
attendue. Petite série, tant par son format (10x30’) que par son budget (le
tournage, ultra condensé, s’est déroulé sur seulement 25 jours : une
prouesse), elle a malgré tout réussi à faire parler d’elle. J’étais donc bien
intrigué de voir ce que ça pouvait donner. N’ayant pas OCS, chaine sur laquelle
elle a été diffusée, j’ai dû attendre la sortie DVD de la saison 1 de la Lazy Company pour me faire plaisir. Aussitôt
acheté, aussitôt visionné. Et bingo, le résultat est là : la série m’a énormément plu, même si je dois avouer avoir été dérouté dans un premier temps.
En référence à la Easy Company de Brand of Brothers, la Lazy Company est une comédie qui se déroule pendant le
débarquement américain en juin 44. En dehors du contexte historique, les
ressemblances avec la série de Steven Spielberg et Tom Hanks s’arrêtent là.
Ici, pas de faits réels, pas de drames ni de morts. On est là pour rigoler et
tourner cet évènement majeur du XXème siècle en dérision. Qu’il s’agisse des soldats
américains, des résistants français ou des nazis allemands, tout le monde en
prend pour son grade. Grosso modo, à en croire cette série, le débarquement de
44 aurait été orchestré par des abrutis qui se seraient alliés à des bouseux pour
bouter l’ennemi très énervé mais un peu ras-de-plafond.
Les premières images de cette série que
j’avais pu voir étaient les quatre pilotes tests de 2 minutes diffusés sur
internet (et d’ailleurs disponibles sur le DVD). Ils montraient à voir une
comédie essentiellement basée sur les dialogues et assez peu sur l’action. Et
oui, forcément, quand on n’a pas le budget de Steven, on mise sur autre chose.
Et ça fonctionnait super bien. Ces quatre scènes laissaient entrevoir
une série adoptant un ton assez proche de celui de Kaamelott. Au passage, on y retrouvait au casting un habitué de la
bande à Astier, le toujours très drôle Alban Lenoir.
Je me frottais donc les mains d’impatience
en attendant de me payer la série complète. Mais là, surprise, le ton adopté
dans la série n’a pas grand-chose à voir avec ce que je m’attendais à trouver. Beaucoup
plus barrée que les pilotes, la Lazy
Company joue sur un humour bien plus absurde. On est ici un peu dans le
grand n’imp’. Pas autant que dans le Cœur a ses raisons, n’exagérons rien. Mais on peut y voir une ressemblance avec certains
sketches des Monty Pythons. Vous me direz que la référence n’est pas mauvaise
et vous auriez raison. C’est juste que j’ai été dérouté lorsque j’ai découvert
la série.
Les scènes très dialoguées des pilotes
s’y retrouvent mêlées à d’autres scènes what-the-fuck où les scénaristes s’autorisent
tout (cf. l’épisode comédie musical, le plus décalé de tous). Mais attention, je ne
dis pas que la Lazy Company est une
série ratée, loin (très loin) de là. Dans un cas, comme dans l’autre, les deux formes d’humour
sont parfaitement maitrisées et fonctionnent génialement. Ça fait de cette comédie un ovni un
peu étrange, qui peut être difficile à appréhender dans ses débuts mais qui s'adopte finalement très vite.
Autre point positif qui fait
que je me suis avalé les épisodes avec plaisir : les comédiens, tous
parfaits. Les quatre héros de la Lazy sont forcément très bons (avec peut-être
un petit bémol pour Benoit Moret, pas aidé par son personnage plus que chelou).
Alban Lenoir et ses mines S m’ont fait beaucoup rire. Mon coup de cœur va à
deux rôles féminins : Caroline Vigneaux qui campe une nazie hystérique
bien excitée et surtout Aurélie Poirier, qui interprète une Normande résistante
à l’accent incompréhensible et un tantinet soupe-au-lait.
Saluons au passage les astuces trouvées
par les producteurs pour pallier le manque de budget (OCS étant une série câblée
au public encore très confidentiel, elle ne peut investir de la même manière
que TF1 ou Canal+). Plutôt que de compter sur des décors grandioses et des
effets spéciaux et pyrotechniques incroyables, la série mise tout sur ses
magnifiques costumes, sa bande-son (on entend des avions, des bombes, des tirs
et ça suffit à contextualiser la série), sa musique et son générique vraiment
très beaux. La photographie est également très soignée, avec sans doute un
étalonnage aux petits oignons pour donner à la série les couleurs sépias,
passées, habituellement associées à cette période. Au final, visuellement, c’est
très réussi.
Sans être tout à fait la série que j’attendais,
la Lazy Company n’en reste pas moins
une excellente comédie française et passé cette surprise que j’ai pu avoir en
découvrant la série, je suis totalement conquis et je serai ravi de voir la saison 2 actuellement en
post-production. Elle est la preuve que même avec des budgets serrés, on peut
produire de la qualité en France. Et ça, c’est une bonne nouvelle.
Aaaah l’amooouuur… Le romantisme, les chandelles, les p’tits
cœurs, le chocolat, les bons sentiments, la guimauve qui dégouline, les surnoms
niais et les bisous qui collent… Eurk ! La Saint Valentin, c’est vraiment
tout moisi. Non mais sérieux, c’est quoi ce besoin d’étaler son bonheur à la
face du monde ? Pourquoi les gens ont cette manie de vouloir se
prouver ce jour-là qu’ils sont plus heureux que tous les autres ? Alors
que franchement, entre nous, une bonne rupture, c’est quand même plus
spectaculaire, non ? En tout cas, dans les séries télé, ça en jette. Et ça
créé des moments cultes, parfois bien plus mémorables que certaines histoires
d’amour qui durent. Florilège de scènes où des couples volent en éclat, pour
notre plus grand plaisir :
Desperate
Housewives (saison 2 épisode 6) : c’est ce qui s’appelle une belle douche froide. Alors que
Susan plaisante avec sa mère en essayant la robe de mariée de cette dernière,
elle reçoit la visite de son mec qui vient un poil péter l’ambiance. Faut dire
que Mike vient d’apprendre que Susan a tout fait pour faire fuir son fils Zach.
La sentence est irrévocable, comme dirait l’autre : Mike interrompt manu
militari leur relation. S’en suit une scène déchirante où la pauvre Susan
pleure, hurle, crie, court après Mike jusque dans la rue dans une robe de
mariée qui n’est même pas la sienne et qui ne colle plus vraiment à l’ambiance.
Mais Mike est intraitable (comme dirait l’autre) et laisse Susan s’effondrer
littéralement au beau milieu de Wisteria Lane. Très belle performance de Teri
Hatcher qui se casse la voix en hurlant son désespoir. Pour une fois Susan
n’est pas pathétique, elle est touchante.
Friends (saison 3 épisode 16) : couple mythique de la télévision s’il en est, Ross et
Rachel n’ont pas arrêté de rompre et de se remettre ensemble au cours des 10 saisons.
Les engueulades ont été nombreuses et les vacheries multiples. Mais la rupture,
la vraie, la seule, c’est celle qui intervient en milieu de saison 3, après seulement
un an de relation. Au cours d’une pause demandée par Rachel, Ross faute avec
une quasi-inconnue et Rachel l’apprend. Les trois quarts de l’épisode nous
donne à voir un déchirement en belle et due forme, magnifiquement interprété par
Aniston et Schwimmer. De cet épisode naitra le mythique « we were on a
break », véritable mantra de Ross. Admirons au passage qu’avec la
présence des quatre autres acolytes coincés dans la chambre de Monica, la
rupture, si triste soit-elle du côté des intéressés, reste drôle pour les
téléspectateurs. Du grand Friends.
Les
Soprano (saison 4 épisode 13) : pendant 4 ans, Carmela Soprano est restée digne face aux
nombreuses infidélités de son mari. Par intérêt mais sans doute aussi par peur
de se retrouver seule, elle n’a jamais laissé ressortir sa jalousie. Et la
pression est montée, petit à petit. Jusqu’à ce que la cocotte-minute explose
dans cet épisode. Alors que Carmela a dû mettre fin à une relation pourtant
très platonique avec un des employés de son mari, elle reçoit un appel de l’une
des maitresses de celui-ci. Les époux Soprano nous livrent alors une des plus
belles scènes de rupture de la télévision. Carmela et Tony hurlent, se tapent,
pleurent, se déchirent. Dans un couple où le non-dit tient lieu de normalité
depuis 4 ans, ça surprend un peu. Si on a déjà vu James Gandolfini s’énerver
dans des épisodes précédents, pour Edie Falco, c’est un peu une première. Et il
faut dire qu’elle excelle magistralement dans ce rôle de femme au foyer bafouée
et hystérique.
Mad Men (saison 3 épisode 11) : à l’extrême inverse de Carmela Soprano, on trouve Betty
Draper et son éternelle élégance. Le jour où elle découvre la vérité sur le
passé de son mari en fouillant dans le bureau de celui-ci, elle reste calme et
digne. C’est la cerise qui fait déborder le vase. Plutôt que de se laisser
aller à la colère, elle confronte Don à ses mensonges avec les preuves qu’elle
a trouvées, presque sans dire un mot. Même si cet épisode ne marque pas tout à
fait la rupture entre Don et Betty, leur relation prend un sacré coup dans
l’aile. Et voir Don acculé par Betty pour la première fois fait un peu froid
dans le dos (et un peu plaisir aussi, je dois bien l’avouer).
Ally
McBeal (saison 4 épisode 23): Aaaah, ce cher Larry, il en aura déçu des fans d’Ally.
Avouons-le, on y a cru. On pensait qu’elle avait trouvé le bon. Et en plus, on
l’aimait bien (le mec est pote avec Sting quand même !). Et puis finalement
non. Larry choisit de rejoindre son fils à l’autre bout du pays, sans Ally.
Bon, ça c’est la version officielle. La version officieuse, c’est que Robert
Downey Jr traversait une zone de turbulence avec la justice américaine pour des
petits problèmes de drogue et qu’il était dans l’incapacité légale de terminer
le tournage de la série. Longtemps les producteurs ont espéré que le comédien
pourrait rester, d’où un premier faux départ en milieu de saison, au cours
duquel Larry laisse à Ally un bonhomme de neige d’adieu. Original mais
déchirant. C’était malheureusement le premier pas vers une rupture inéluctable
et définitive en fin de saison.
Sex And
The City (saison 6 épisode 7): Carrie Bradshaw en a connu des ruptures amoureuses. Et pas
qu’une seule. Big était assez fort dans cet art de la laisser en plan quand
elle ne s’y attendait pas. Elle-même se défendait pas mal non plus : elle
a quand même foutu Aidan à la porte au moment où il entamait des travaux dans
leur nouveau chez-eux. Mais la rupture la plus mesquine de la série vient d’un
personnage secondaire de la saison 6 : Burger, l’écrivain maudit, plaque
Carrie par post-it interposé. Oui, par post-it. La grande grande classe !
Mais ça a donné un des épisodes les plus réussis de la saison dans lequel
Carrie va passer ses nerfs sur les potes de Burger, fumer un pet en pleine rue
pour se consoler et se faire embarquer par les flics à qui elle est obligée de
raconter son malheur. Pauvre Carrie, rien ne lui aura été épargnée. Et nous, on
rigole.
Bonus1 : Dawson
(saison 3 épisode 23) :
Joey quitte Dawson pour Pacey. Drame à Capeside. Bon en même temps, se faire
jeter par Joey, il commence à avoir l’habitude le pépère. Donc ça n’est pas le
plus intéressant. Non, le plus drôle dans cet épisode pour nous, fans cruels
que nous sommes, est la gueule absolument mythique que James Van der Beek tire
quand Joey s’en va. Cette grimace tellement improbable est même devenue le
sujet d’un excellent sketch du site Funny or Die. Dawson ou l’art de nous faire rire avec un râteau.
Bonus 2 : Glee
(saison 4 épisode 4, très justement appelé The
Break Up) : globalement la série de Ryan Murphy
aime bien jouer les drama queens. Mais là, il faut dire que la barre est placée
assez haut. Pour faire toujours tout mieux que tout le monde, les scénaristes
nous offrent non pas une, ni deux, ni trois, mais quatre ruptures simultanées
dans un seul et même épisode. Autant vous dire que ça chiale sévère pendant 42
minutes. Et ça chante aussi, parce que c’est bien connu, quand on vient de se
faire lourder, le refuge le plus sûr, c’est les chansons d’amour bien tristes.
Au vue de cette petite liste loin d’être
exhaustive, je pense qu’on peut donc conclure que l’amour, c’est très surfait
en somme. Et plutôt que de fêter la Saint Valentin, on devrait attendre
patiemment la sainte Rita, patronne des causes désespérées. C’est beaucoup plus
raccord avec la réalité des séries.
Sur le fond, elles n’ont finalement rien à voir, mais dans la forme,
il y a quand même des similitudes assez frappantes. Je veux parler de deux
séries sorties cette année, l’une au Royaume-Uni, Dates, l’autre aux États-Unis, Full
Circle. Ni l’une ni l’autre n’ont fait beaucoup de bruit, même si les deux
mériteraient qu’on en parle bien plus. C’est donc ce que je me propose de faire
ici sous la forme d’une battle pour faire ressortir les qualités des lauréates.
Round 1 : les pitchs
Dates : la série
raconte des premiers rendez-vous galants. Chaque épisode présente une rencontre
autour d’un verre ou d’un diner de deux personnes qui ne se connaissent pas et
qui se sont croisés sur un site Internet. Pendant 10 épisodes de 25 minutes, 11
candidats se succèdent, certains retentant leurs chances plusieurs fois.
Certaines rencontres coulent de source, d’autres font bien plus d’étincelle. Et
au fur et à mesure des épisodes, quelques histoires se recoupent et les dates
se complexifient.
Full Circle : dans un
restaurant (judicieusement nommé l’Ellipsis), 10 personnages dînent en tête à
tête. Amants, amis, famille, collègues, les relations présentées ne sont pas
qu’amoureuses et la plupart du temps, les héros se connaissent très bien. Outre
le fait que, comme dans Dates, chaque
épisode ne met en scène que deux personnages, la spécificité de la série vient
des liens qui unissent les personnages : dans l’épisode 1, Tom dîne avec
Bridget ; dans l’épisode 2, Bridget dîne avec Stanley qui, lui-même, dîne
avec Jace dans l’épisode 3 et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on retrouve Tom dans
le dixième et dernier épisode de la saison : la boucle est bouclée, d’où le
titre de la série (c’est clair, non ?). Chaque convive revient donc pour
deux épisodes, deux repas - même si certains font de très courtes apparitions à
d’autres moments dans la saison.
Résultat : Full Circle
l’emporte. Plus original et surtout mieux tenu tout au fil de la saison, le
concept de Full Circle, bien que plus
difficile à expliquer, captive littéralement. A la différence de Dates – dont la structure des épisodes
est un poil répétitive- les personnages de Full Circle ne se découvrent
pas ; la finesse des dialogues et de l’écriture amène peu à peu le
téléspectateur à découvrir le riche passé de ses personnages, plein de
profondeur.
Dates : 0 – Full Circle : 1
Round 2 : Les créateurs de la série :
Dates sort tout droit de la tête de Bryan Elsley, le génial
créateur de Skins. Et ça se sent. La
même direction artistique, les mêmes personnages totalement barrés, et même un
générique curieusement très voisin de celui de Skins.
Full Circle, qui s’inspire de
la pièce "La Ronde" d'Arthur Schnitzler, est une création de
Neil Labute. Inconnu au bataillon du
moins dans la planète séries. Il a surtout travaillé pour le cinéma. A noter
que Mimi Leder, réalisatrice culte de Urgences,
signe deux des épisodes de la saison.
Résultat : Dates gagne le point uniquement parce
qu’on connait et qu’on aime le travail de Bryan Elsley. Et ouais, ça s'appelle du
piston.
Dates : 1 – Full
Circle : 1
Round 3 : Comédiens
Dates doit beaucoup à Oona Chaplin. Mais si, vous la connaissez, c’est
la gentille femme de Robb Stark dans Game of Thrones. Celle qui… enfin vous
voyez, quoi. A des
kilomètres de son rôle Talisa Stark, elle crève l’écran. Sublime, envoutante et vénéneuse, Oona captive à tel point qu’il
devient même difficile pour ses partenaires d’exister vraiment. Mais grâce au
talent de Ben Chaplin (aucun lien, fils unique) et Will Mellor, les épisodes
avec Onna Chaplin fonctionnent malgré tout très bien.
A part ça, énorme coup de
cœur pour Andrew Scott. L’excellentissime Moriarty de Sherlock revient pour un
épisode avec Sheridan Smith (très juste, elle aussi) : du bonheur à l’état
pur. Avec son talent et son charme, il est temps qu’on lui confie un rôle à sa
mesure à çui-là. Je ne trouve rien à redire sur le reste du cast, comme souvent
chez les anglais, avec peut-être un léger bémol sur Greg McHugh (Callum), pas
aidé par un rôle un peu caricatural, un peu grossier.
Full Circle, de son coté, aligne les stars, épisode après épisode. David
Boreanaz, Julian McMahon, Kate Walsh, Billy Campbell, Tom Felton (le Drago
Malefoy d’Harry Potter) ou encore Minka Kelly (la superbe Leila de Friday Night
Lights), la série ne cesse de présenter des visages connus. Et globalement,
leur performance est réussie. De tout ce petit monde, je retiens la performance
de Tom Felton, Kate Walsh et Minka Kelly. Et parmi les nouvelles têtes, mes
coups de cœur vont à Devon Gearhart, Keke Palmer et au très troublant Noah
Silver (un petit frenchie !).
Résultat : difficile de les départager sur ce point : les
séries ont chacune envoyé du lourd. Mais avec le recul, je dois dire que les
comédiens de Full Circle m’ont plus touché.
Dates : 1,5 – Full Circle : 2.
Thèmes abordés :
Ça n’est pas une surprise, Dates parle de rencontres amoureuses. Personnellement,
c’est là que le bat blesse un peu. Le sujet se répète un peu et épisode après épisode,
ça s’essouffle. Certains schémas reviennent de façon un peu systématique. Les
scénaristes tentent de trouver des solutions pour rester originaux (le dernier
épisode n’a plus grand-chose à voir avec un tête-à-tête), mais il y a toujours
des creux dans ces dates. Et oui, pas facile de rester captivants avec des
personnages qui ne se connaissent pas du tout.
Full Circle n’a pas ce problème et peut se permettre de piocher dans
une foultitude de sujets. Et tout y passe : l’adultère, la célébrité, l’homosexualité,
le suicide, l’inceste (épisode très très dérangeant) et même le paranormal !
Alors on pourrait se dire que la série part dans tous les sens (surtout dans
son dernier épisode, bigger than life), mais non, le tout garde une certaine
cohérence. Les sujets sont dévoilés petit à petit, au fil des conversations, de
façon subtile. Et des rebondissements viennent chaque fois relancer l’intérêt
du spectateur au moment où le repas commence à ronronner. Bien plus intense que
Dates, Full Circle surprend souvent.
Résultat : pour avoir su se renouveler épisode après épisode,
Full Circle l’emporte. Haut la main. Dommage le concept de Dates aurait pu
donner des choses plus folles.
Dates : 1,5 – Full Circle : 3.
Pour finir et pour les veinards qui les ont vues (ce sont deux séries
très difficiles à trouver, surtout Full Circle), voilà en bonus la liste de mes
épisodes préférés.
Dates : "Mia and David", parce que c’est le premier, "Erika
et Callum", pour Erika et malgré Callum, "Jenny et Christian",
pour Andrew Scott.
Full Circle : "Tim et Bridgette", épisode très intense,
parfaitement écrit ; "Jace et Ch’andra" pour Keke Palmer ; "Ch’andra
et Cliff" pour la justesse des deux jeunes comédiens ; "Trisha
et Robbie" : malgré un épisode décalé par son thème, les deux
comédiens sont époustouflants.
Résultat : là encore, le point revient à Full Circle.
Dates : 1,5 – Full Circle : 4. Le match
est fait.
D’un concept commun – 2 personnages en tête à tête pendant 26 minutes –
Dates et Full Circle sont arrivés à deux résultats bien différents. A ma connaissance,
aucune de ces deux séries n’a été renouvelée jusqu’ici. Elles le mériteraient. Mais
en les comparant bien, Full Circle mérite, selon moi, plus d’attention. C’est
un peu cruel de ma part de vous dire ça parce que, comme je disais, il est très difficile de
réussir à trouver Full Circle, diffusé de façon très confidentielle sur
DirecTV. Guettons les sorties DVDs.
Je ne vais pas y
aller par quatre chemins : j’ai adoré le pilote de Looking! Gros gros coup de cœur. Et pourtant, j’attendais beaucoup
de cette série, ce qui entraine très souvent de la déception. Mais pas là. J’ai
vraiment aimé. Looking, c’est la
nouvelle série d’HBO, le nouveau Girls
gay, pour reprendre l’expression employée absolument partout depuis quelques
mois. Sauf qu’en fait, pas du tout. Looking
n’a rien à voir avec Girls. Je ne dis
pas ça pour dénigrer la série de Lena Dunham (j’ai déjà prouvé sur ce blog, ici
et là, à quel point j’aimais Girls),
mais vraiment parce qu’à mon avis, les deux séries n’ont rien à voir, hormis le
fait d’être diffusées le dimanche soir sur la même chaine. Petite review à
chaud (je viens à l’instant de terminer le pilote) de ce pilote très
prometteur.
Looking suit le quotidien et les déboires amoureux de
trois mecs trentenaires vivant à San Francisco : Patrick, le personnage
central de la série (ou du moins de ce pilote) a 29 ans, qui travaille dans le jeu
vidéo et qui a bien du mal à trouver l’amour, en dépit des efforts considérables qu’il
déploie pour y arriver ; Agustin, artiste, en couple depuis un bout de
temps, hésitant à franchir une étape supplémentaire dans sa vie conjugale ;
et Dom, plus âgé, plus expérimenté, mais pas plus posé dans sa vie amoureuse, loin
s’en faut. Trois amis, donc, qui nous font suivre leurs histoires de cœur, finalement
très communes. Léger détail qui a son importance : les trois garçons sont
homos. Et c’est là que réside la vraie grande réussite de ce pilote : ça
reste un détail. Ou plutôt, c’est le postulat de base de la série. C’est dit, c’est
acquis dès la première minute. Mais ça n’est pas le sujet central de la série.
Contrairement à la
majeure partie des séries dans lesquelles on croise des personnages gays, il n’est
pas question ici de coming out, d’acceptation de sa sexualité ou du regard de
la société sur l’homosexualité. Non, ici, les personnages sont juste homos et
on n’en fait pas une affaire d’état. Ca fait de Looking une série très rafraichissante. Elle n’a pas le coté
militant que pouvait avoir Queer as Folk
en son temps (mais c’était une autre époque). Elle n’a pas non plus le coté
indé-branchouille un peu chelou qu’on pourrait reprocher (à tort) à Girls. Non, elle garde une simplicité
inédite autour de ces personnages trop peu vus à la télévision.
Il faut dire que le
casting de la série y est pour beaucoup. Jonathan Groff (que personnellement, j’avais
détesté dans Glee) crève ici
littéralement l’écran. C’est rare que je m’attache à un personnage aussi vite
(la dernière fois, c’était sans doute devant Hatufim, c’est dire si ça date), mais là, en deux ou trois scènes, Patrick
existe totalement. Malheureux dans sa vie amoureuse, il n’en reste pas moins un
personnage sacrément positif et le sourire charmeur de Groff est là pour
souligner cette joie de vivre. Vrai, fin, subtilement écrit, il porte quelques-unes
des meilleures scènes de ce pilote (la date avec le médecin et la rencontre
dans le bus sont parfaites).
Les deux autres ne
sont pas en reste. La complicité manifeste qui existe entre Agustin et son mec
Franck saute aux yeux, grâce notamment à l’alchimie assez flagrante qui existe
entre les deux comédiens. Même si on entraperçoit quelques failles qui
pourraient bien grandir dans les prochains épisodes, on est, là encore,
totalement convaincu de la véracité de ce couple. Sans en faire trop, Looking dépeint avec justesse une
histoire d’amour installée, évidente, quasi-routinière. Et on a rapidement
plaisir à s’immiscer dans leur intimité.
Quant à Dom, qui,
dans ce pilote, tient un peu plus le rang de faire-valoir comique, il réussit
malgré tout à convaincre, là encore grâce à l’interprétation tout en finesse de
Murray Bartlett. Le garçon est volage, certes, mais il a soif d’autre chose. Et
dès le pilote, on s’inquiète de ses mauvais choix. Fort.
Pour reprendre la
comparaison, je dirais que ce gang est plus facile à appréhender que celui de Girls. Moins barrés, moins foufous, les
garçons de Looking sont plus sages
que leurs petites sœurs new-yorkaises. Avouons que pour une série qui parle d’homosexualité,
c’est plutôt inattendu. Et pourtant ici, pas d’excentricité, pas de caricature :
on est loin des folles perdues de Priscilla
ou de Pédale Douce. Looking réussit à prendre le contre-pied
parfait : parler des gays avec sobriété et simplicité. En mode low
profile. Merci pour eux.
Pour autant, la
série n’est quand même pas naïve. Après tout, on est quand même sur HBO. Oui,
ça parle de sexe, et ça en fait aussi un peu, mais ça reste pour le moment bien
sage par rapport à Girls ou à Game Of Thrones. Curieusement, comme si
les créateurs savaient qu’on allait les attendre au tournant, Looking reste plutôt chaste. Ou
réaliste, dirons-nous. Sans être prude, elle dépeint certains comportements
homosexuels qu’on peut juger étonnants, mais elle le fait avec transparence,
sans condamner ni se vautrer dans une vulgarité voyeuse. Encore une fois, la
série reste sobre.
Et sobre, elle l’est
aussi dans sa réalisation. Sans multiplier les effets de réalisation ou de
montage, Looking ne cherche pas à en
mettre plein la vue. Toujours très prêt de ses personnages, la série préfère
les gros plans, proches, serrés, pour saisir les héros dans leur intimité. Les
rares plans spectaculaires du pilote se trouvent être les plans larges,
magnifiques, sur un San Francisco tout embrumé. Ce qui est un pléonasme,
convenons-en. MAJ: On reconnait bien là le travail superbe d'Andrew Haigh, réalisateur d'une majorité des épisodes de la saison mais aussi producteur exécutif de la série. Il avait déjà signé le très réussi et trop méconnu Weekend, un long-métrage dans la même veine que Looking de par son sujet, son traitement et sa réalisation. Une petite perle du cinéma britannique.
Alors certes, pour
des raisons très personnelles, Looking
avait tout pour me plaire. Mais après le visionnage de ce pilote, je crois
sincèrement qu’on tient là un petit
bijou qui peut toucher un très grand nombre. Partir d’une minorité pour en fait
parler d’un sujet aussi universel que l’amour, c’est le défi que Looking remplit avec brio dans ce
pilote. Pourvu que ça dure !!!