samedi 1 mars 2014

La Lazy Company: crazy comedy!



En voilà une que j’ai longtemps attendue. Petite série, tant par son format (10x30’) que par son budget (le tournage, ultra condensé, s’est déroulé sur seulement 25 jours : une prouesse), elle a malgré tout réussi à faire parler d’elle. J’étais donc bien intrigué de voir ce que ça pouvait donner. N’ayant pas OCS, chaine sur laquelle elle a été diffusée, j’ai dû attendre la sortie DVD de la saison 1 de la Lazy Company pour me faire plaisir. Aussitôt acheté, aussitôt visionné. Et bingo, le résultat est là : la série m’a énormément plu, même si je dois avouer avoir été dérouté dans un premier temps.


En référence à la Easy Company de Brand of Brothers, la Lazy Company est une comédie qui se déroule pendant le débarquement américain en juin 44. En dehors du contexte historique, les ressemblances avec la série de Steven Spielberg et Tom Hanks s’arrêtent là. Ici, pas de faits réels, pas de drames ni de morts. On est là pour rigoler et tourner cet évènement majeur du XXème siècle en dérision. Qu’il s’agisse des soldats américains, des résistants français ou des nazis allemands, tout le monde en prend pour son grade. Grosso modo, à en croire cette série, le débarquement de 44 aurait été orchestré par des abrutis qui se seraient alliés à des bouseux pour bouter l’ennemi très énervé mais un peu ras-de-plafond.


Les premières images de cette série que j’avais pu voir étaient les quatre pilotes tests de 2 minutes diffusés sur internet (et d’ailleurs disponibles sur le DVD). Ils montraient à voir une comédie essentiellement basée sur les dialogues et assez peu sur l’action. Et oui, forcément, quand on n’a pas le budget de Steven, on mise sur autre chose. Et ça fonctionnait super bien. Ces quatre scènes laissaient entrevoir une série adoptant un ton assez proche de celui de Kaamelott. Au passage, on y retrouvait au casting un habitué de la bande à Astier, le toujours très drôle Alban Lenoir.
Je me frottais donc les mains d’impatience en attendant de me payer la série complète. Mais là, surprise, le ton adopté dans la série n’a pas grand-chose à voir avec ce que je m’attendais à trouver. Beaucoup plus barrée que les pilotes, la Lazy Company joue sur un humour bien plus absurde. On est ici un peu dans le grand n’imp’. Pas autant que dans le Cœur a ses raisons, n’exagérons rien. Mais on peut y voir une ressemblance avec certains sketches des Monty Pythons. Vous me direz que la référence n’est pas mauvaise et vous auriez raison. C’est juste que j’ai été dérouté lorsque j’ai découvert la série.
Les scènes très dialoguées des pilotes s’y retrouvent mêlées à d’autres scènes what-the-fuck où les scénaristes s’autorisent tout (cf. l’épisode comédie musical, le plus décalé de tous). Mais attention, je ne dis pas que la Lazy Company est une série ratée, loin (très loin) de là. Dans un cas, comme dans l’autre, les deux formes d’humour sont parfaitement maitrisées et fonctionnent génialement. Ça fait de cette comédie un ovni un peu étrange, qui peut être difficile à appréhender dans ses débuts mais qui s'adopte finalement très vite.

Autre point positif qui fait que je me suis avalé les épisodes avec plaisir : les comédiens, tous parfaits. Les quatre héros de la Lazy sont forcément très bons (avec peut-être un petit bémol pour Benoit Moret, pas aidé par son personnage plus que chelou). Alban Lenoir et ses mines S m’ont fait beaucoup rire. Mon coup de cœur va à deux rôles féminins : Caroline Vigneaux qui campe une nazie hystérique bien excitée et surtout Aurélie Poirier, qui interprète une Normande résistante à l’accent incompréhensible et un tantinet soupe-au-lait.
Saluons au passage les astuces trouvées par les producteurs pour pallier le manque de budget (OCS étant une série câblée au public encore très confidentiel, elle ne peut investir de la même manière que TF1 ou Canal+). Plutôt que de compter sur des décors grandioses et des effets spéciaux et pyrotechniques incroyables, la série mise tout sur ses magnifiques costumes, sa bande-son (on entend des avions, des bombes, des tirs et ça suffit à contextualiser la série), sa musique et son générique vraiment très beaux. La photographie est également très soignée, avec sans doute un étalonnage aux petits oignons pour donner à la série les couleurs sépias, passées, habituellement associées à cette période. Au final, visuellement, c’est très réussi.



Sans être tout à fait la série que j’attendais, la Lazy Company n’en reste pas moins une excellente comédie française et passé cette surprise que j’ai pu avoir en découvrant la série, je suis totalement conquis et je serai ravi de voir la saison 2 actuellement en post-production. Elle est la preuve que même avec des budgets serrés, on peut produire de la qualité en France. Et ça, c’est une bonne nouvelle.

jeudi 13 février 2014

Crappy Valentine's Day !



Aaaah l’amooouuur… Le romantisme, les chandelles, les p’tits cœurs, le chocolat, les bons sentiments, la guimauve qui dégouline, les surnoms niais et les bisous qui collent… Eurk ! La Saint Valentin, c’est vraiment tout moisi. Non mais sérieux, c’est quoi ce besoin d’étaler son bonheur à la face du monde ?  Pourquoi les gens ont cette manie de vouloir se prouver ce jour-là qu’ils sont plus heureux que tous les autres ? Alors que franchement, entre nous, une bonne rupture, c’est quand même plus spectaculaire, non ? En tout cas, dans les séries télé, ça en jette. Et ça créé des moments cultes, parfois bien plus mémorables que certaines histoires d’amour qui durent. Florilège de scènes où des couples volent en éclat, pour notre plus grand plaisir :

Desperate Housewives (saison 2 épisode 6) : c’est ce qui s’appelle une belle douche froide. Alors que Susan plaisante avec sa mère en essayant la robe de mariée de cette dernière, elle reçoit la visite de son mec qui vient un poil péter l’ambiance. Faut dire que Mike vient d’apprendre que Susan a tout fait pour faire fuir son fils Zach. La sentence est irrévocable, comme dirait l’autre : Mike interrompt manu militari leur relation. S’en suit une scène déchirante où la pauvre Susan pleure, hurle, crie, court après Mike jusque dans la rue dans une robe de mariée qui n’est même pas la sienne et qui ne colle plus vraiment à l’ambiance. Mais Mike est intraitable (comme dirait l’autre) et laisse Susan s’effondrer littéralement au beau milieu de Wisteria Lane. Très belle performance de Teri Hatcher qui se casse la voix en hurlant son désespoir. Pour une fois Susan n’est pas pathétique, elle est touchante.



Friends (saison 3 épisode 16) : couple mythique de la télévision s’il en est, Ross et Rachel n’ont pas arrêté de rompre et de se remettre ensemble au cours des 10 saisons. Les engueulades ont été nombreuses et les vacheries multiples. Mais la rupture, la vraie, la seule, c’est celle qui intervient en milieu de saison 3, après seulement un an de relation. Au cours d’une pause demandée par Rachel, Ross faute avec une quasi-inconnue et Rachel l’apprend. Les trois quarts de l’épisode nous donne à voir un déchirement en belle et due forme, magnifiquement interprété par Aniston et Schwimmer. De cet épisode naitra le mythique « we were on a break », véritable mantra de Ross. Admirons au passage qu’avec la présence des quatre autres acolytes coincés dans la chambre de Monica, la rupture, si triste soit-elle du côté des intéressés, reste drôle pour les téléspectateurs. Du grand Friends.

Les Soprano (saison 4 épisode 13) : pendant 4 ans, Carmela Soprano est restée digne face aux nombreuses infidélités de son mari. Par intérêt mais sans doute aussi par peur de se retrouver seule, elle n’a jamais laissé ressortir sa jalousie. Et la pression est montée, petit à petit. Jusqu’à ce que la cocotte-minute explose dans cet épisode. Alors que Carmela a dû mettre fin à une relation pourtant très platonique avec un des employés de son mari, elle reçoit un appel de l’une des maitresses de celui-ci. Les époux Soprano nous livrent alors une des plus belles scènes de rupture de la télévision. Carmela et Tony hurlent, se tapent, pleurent, se déchirent. Dans un couple où le non-dit tient lieu de normalité depuis 4 ans, ça surprend un peu. Si on a déjà vu James Gandolfini s’énerver dans des épisodes précédents, pour Edie Falco, c’est un peu une première. Et il faut dire qu’elle excelle magistralement dans ce rôle de femme au foyer bafouée et hystérique.

Mad Men (saison 3 épisode 11) : à l’extrême inverse de Carmela Soprano, on trouve Betty Draper et son éternelle élégance. Le jour où elle découvre la vérité sur le passé de son mari en fouillant dans le bureau de celui-ci, elle reste calme et digne. C’est la cerise qui fait déborder le vase. Plutôt que de se laisser aller à la colère, elle confronte Don à ses mensonges avec les preuves qu’elle a trouvées, presque sans dire un mot. Même si cet épisode ne marque pas tout à fait la rupture entre Don et Betty, leur relation prend un sacré coup dans l’aile. Et voir Don acculé par Betty pour la première fois fait un peu froid dans le dos (et un peu plaisir aussi, je dois bien l’avouer).

Ally McBeal (saison 4 épisode 23): Aaaah, ce cher Larry, il en aura déçu des fans d’Ally. Avouons-le, on y a cru. On pensait qu’elle avait trouvé le bon. Et en plus, on l’aimait bien (le mec est pote avec Sting quand même !). Et puis finalement non. Larry choisit de rejoindre son fils à l’autre bout du pays, sans Ally. Bon, ça c’est la version officielle. La version officieuse, c’est que Robert Downey Jr traversait une zone de turbulence avec la justice américaine pour des petits problèmes de drogue et qu’il était dans l’incapacité légale de terminer le tournage de la série. Longtemps les producteurs ont espéré que le comédien pourrait rester, d’où un premier faux départ en milieu de saison, au cours duquel Larry laisse à Ally un bonhomme de neige d’adieu. Original mais déchirant. C’était malheureusement le premier pas vers une rupture inéluctable et définitive en fin de saison.

Sex And The City (saison 6 épisode 7): Carrie Bradshaw en a connu des ruptures amoureuses. Et pas qu’une seule. Big était assez fort dans cet art de la laisser en plan quand elle ne s’y attendait pas. Elle-même se défendait pas mal non plus : elle a quand même foutu Aidan à la porte au moment où il entamait des travaux dans leur nouveau chez-eux. Mais la rupture la plus mesquine de la série vient d’un personnage secondaire de la saison 6 : Burger, l’écrivain maudit, plaque Carrie par post-it interposé. Oui, par post-it. La grande grande classe ! Mais ça a donné un des épisodes les plus réussis de la saison dans lequel Carrie va passer ses nerfs sur les potes de Burger, fumer un pet en pleine rue pour se consoler et se faire embarquer par les flics à qui elle est obligée de raconter son malheur. Pauvre Carrie, rien ne lui aura été épargnée. Et nous, on rigole.


Bonus1 : Dawson (saison 3 épisode 23) : Joey quitte Dawson pour Pacey. Drame à Capeside. Bon en même temps, se faire jeter par Joey, il commence à avoir l’habitude le pépère. Donc ça n’est pas le plus intéressant. Non, le plus drôle dans cet épisode pour nous, fans cruels que nous sommes, est la gueule absolument mythique que James Van der Beek tire quand Joey s’en va. Cette grimace tellement improbable est même devenue le sujet d’un excellent sketch du site Funny or Die. Dawson ou l’art de nous faire rire avec un râteau.


Bonus 2 : Glee (saison 4 épisode 4, très justement appelé The Break Up) : globalement la série de Ryan Murphy aime bien jouer les drama queens. Mais là, il faut dire que la barre est placée assez haut. Pour faire toujours tout mieux que tout le monde, les scénaristes nous offrent non pas une, ni deux, ni trois, mais quatre ruptures simultanées dans un seul et même épisode. Autant vous dire que ça chiale sévère pendant 42 minutes. Et ça chante aussi, parce que c’est bien connu, quand on vient de se faire lourder, le refuge le plus sûr, c’est les chansons d’amour bien tristes.



Au vue de cette petite liste loin d’être exhaustive, je pense qu’on peut donc conclure que l’amour, c’est très surfait en somme. Et plutôt que de fêter la Saint Valentin, on devrait attendre patiemment la sainte Rita, patronne des causes désespérées. C’est beaucoup plus raccord avec la réalité des séries.

mardi 28 janvier 2014

Dates / Full Circle: duel de tête-à-tête

Sur le fond, elles n’ont finalement rien à voir, mais dans la forme, il y a quand même des similitudes assez frappantes. Je veux parler de deux séries sorties cette année, l’une au Royaume-Uni, Dates, l’autre aux États-Unis, Full Circle. Ni l’une ni l’autre n’ont fait beaucoup de bruit, même si les deux mériteraient qu’on en parle bien plus. C’est donc ce que je me propose de faire ici sous la forme d’une battle pour faire ressortir les qualités des lauréates.

Round 1 : les pitchs
Dates : la série raconte des premiers rendez-vous galants. Chaque épisode présente une rencontre autour d’un verre ou d’un diner de deux personnes qui ne se connaissent pas et qui se sont croisés sur un site Internet. Pendant 10 épisodes de 25 minutes, 11 candidats se succèdent, certains retentant leurs chances plusieurs fois. Certaines rencontres coulent de source, d’autres font bien plus d’étincelle. Et au fur et à mesure des épisodes, quelques histoires se recoupent et les dates se complexifient.

Full Circle : dans un restaurant (judicieusement nommé l’Ellipsis), 10 personnages dînent en tête à tête. Amants, amis, famille, collègues, les relations présentées ne sont pas qu’amoureuses et la plupart du temps, les héros se connaissent très bien. Outre le fait que, comme dans Dates, chaque épisode ne met en scène que deux personnages, la spécificité de la série vient des liens qui unissent les personnages : dans l’épisode 1, Tom dîne avec Bridget ; dans l’épisode 2, Bridget dîne avec Stanley qui, lui-même, dîne avec Jace dans l’épisode 3 et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on retrouve Tom dans le dixième et dernier épisode de la saison : la boucle est bouclée, d’où le titre de la série (c’est clair, non ?). Chaque convive revient donc pour deux épisodes, deux repas - même si certains font de très courtes apparitions à d’autres moments dans la saison.

Résultat : Full Circle l’emporte. Plus original et surtout mieux tenu tout au fil de la saison, le concept de Full Circle, bien que plus difficile à expliquer, captive littéralement. A la différence de Dates – dont la structure des épisodes est un poil répétitive- les personnages de Full Circle ne se découvrent pas ; la finesse des dialogues et de l’écriture amène peu à peu le téléspectateur à découvrir le riche passé de ses personnages, plein de profondeur.
Dates : 0 – Full Circle : 1

Round 2 : Les créateurs de la série :
Dates sort tout droit de la tête de Bryan Elsley, le génial créateur de Skins. Et ça se sent. La même direction artistique, les mêmes personnages totalement barrés, et même un générique curieusement très voisin de celui de Skins.
Full Circle, qui s’inspire de la pièce "La Ronde" d'Arthur Schnitzler, est une création de Neil Labute. Inconnu au bataillon du moins dans la planète séries. Il a surtout travaillé pour le cinéma. A noter que Mimi Leder, réalisatrice culte de Urgences, signe deux des épisodes de la saison.
Résultat : Dates gagne le point uniquement parce qu’on connait et qu’on aime le travail de Bryan Elsley. Et ouais, ça s'appelle du piston.
Dates : 1 – Full Circle : 1


Round 3 : Comédiens
Dates doit beaucoup à Oona Chaplin. Mais si, vous la connaissez, c’est la gentille femme de Robb Stark dans Game of Thrones. Celle qui… enfin vous voyez, quoi. A des kilomètres de son rôle Talisa Stark, elle crève l’écran. Sublime, envoutante et vénéneuse, Oona captive à tel point qu’il devient même difficile pour ses partenaires d’exister vraiment. Mais grâce au talent de Ben Chaplin (aucun lien, fils unique) et Will Mellor, les épisodes avec Onna Chaplin fonctionnent malgré tout très bien. 
A part ça, énorme coup de cœur pour Andrew Scott. L’excellentissime Moriarty de Sherlock revient pour un épisode avec Sheridan Smith (très juste, elle aussi) : du bonheur à l’état pur. Avec son talent et son charme, il est temps qu’on lui confie un rôle à sa mesure à çui-là. Je ne trouve rien à redire sur le reste du cast, comme souvent chez les anglais, avec peut-être un léger bémol sur Greg McHugh (Callum), pas aidé par un rôle un peu caricatural, un peu grossier.
Full Circle, de son coté, aligne les stars, épisode après épisode. David Boreanaz, Julian McMahon, Kate Walsh, Billy Campbell, Tom Felton (le Drago Malefoy d’Harry Potter) ou encore Minka Kelly (la superbe Leila de Friday Night Lights), la série ne cesse de présenter des visages connus. Et globalement, leur performance est réussie. De tout ce petit monde, je retiens la performance de Tom Felton, Kate Walsh et Minka Kelly. Et parmi les nouvelles têtes, mes coups de cœur vont à Devon Gearhart, Keke Palmer et au très troublant Noah Silver (un petit frenchie !).
Résultat : difficile de les départager sur ce point : les séries ont chacune envoyé du lourd. Mais avec le recul, je dois dire que les comédiens de Full Circle m’ont plus touché.
Dates : 1,5 – Full Circle : 2.

Thèmes abordés :
Ça n’est pas une surprise, Dates parle de rencontres amoureuses. Personnellement, c’est là que le bat blesse un peu. Le sujet se répète un peu et épisode après épisode, ça s’essouffle. Certains schémas reviennent de façon un peu systématique. Les scénaristes tentent de trouver des solutions pour rester originaux (le dernier épisode n’a plus grand-chose à voir avec un tête-à-tête), mais il y a toujours des creux dans ces dates. Et oui, pas facile de rester captivants avec des personnages qui ne se connaissent pas du tout.
Full Circle n’a pas ce problème et peut se permettre de piocher dans une foultitude de sujets. Et tout y passe : l’adultère, la célébrité, l’homosexualité, le suicide, l’inceste (épisode très très dérangeant) et même le paranormal ! Alors on pourrait se dire que la série part dans tous les sens (surtout dans son dernier épisode, bigger than life), mais non, le tout garde une certaine cohérence. Les sujets sont dévoilés petit à petit, au fil des conversations, de façon subtile. Et des rebondissements viennent chaque fois relancer l’intérêt du spectateur au moment où le repas commence à ronronner. Bien plus intense que Dates, Full Circle surprend souvent.
Résultat : pour avoir su se renouveler épisode après épisode, Full Circle l’emporte. Haut la main. Dommage le concept de Dates aurait pu donner des choses plus folles.
Dates : 1,5 – Full Circle : 3.

Pour finir et pour les veinards qui les ont vues (ce sont deux séries très difficiles à trouver, surtout Full Circle), voilà en bonus la liste de mes épisodes préférés.
Dates : "Mia and David", parce que c’est le premier, "Erika et Callum", pour Erika et malgré Callum, "Jenny et Christian", pour Andrew Scott.
Full Circle : "Tim et Bridgette", épisode très intense, parfaitement écrit ; "Jace et Ch’andra" pour Keke Palmer ; "Ch’andra et Cliff" pour la justesse des deux jeunes comédiens ; "Trisha et Robbie" : malgré un épisode décalé par son thème, les deux comédiens sont époustouflants.
Résultat : là encore, le point revient à Full Circle.
Dates : 1,5 – Full Circle : 4. Le match est fait.




D’un concept commun – 2 personnages en tête à tête pendant 26 minutes – Dates et Full Circle sont arrivés à deux résultats bien différents. A ma connaissance, aucune de ces deux séries n’a été renouvelée jusqu’ici. Elles le mériteraient. Mais en les comparant bien, Full Circle mérite, selon moi, plus d’attention. C’est un peu cruel de ma part de vous dire ça parce que, comme je disais, il est très difficile de réussir à trouver Full Circle, diffusé de façon très confidentielle sur DirecTV. Guettons les sorties DVDs.

lundi 20 janvier 2014

Looking : à voir !!!



Je ne vais pas y aller par quatre chemins : j’ai adoré le pilote de Looking! Gros gros coup de cœur. Et pourtant, j’attendais beaucoup de cette série, ce qui entraine très souvent de la déception. Mais pas là. J’ai vraiment aimé. Looking, c’est la nouvelle série d’HBO, le nouveau Girls gay, pour reprendre l’expression employée absolument partout depuis quelques mois. Sauf qu’en fait, pas du tout. Looking n’a rien à voir avec Girls. Je ne dis pas ça pour dénigrer la série de Lena Dunham (j’ai déjà prouvé sur ce blog, ici et , à quel point j’aimais Girls), mais vraiment parce qu’à mon avis, les deux séries n’ont rien à voir, hormis le fait d’être diffusées le dimanche soir sur la même chaine. Petite review à chaud (je viens à l’instant de terminer le pilote) de ce pilote très prometteur.

Looking suit le quotidien et les déboires amoureux de trois mecs trentenaires vivant à San Francisco : Patrick, le personnage central de la série (ou du moins de ce pilote) a 29 ans, qui travaille dans le jeu vidéo et qui a bien du mal à trouver l’amour, en dépit des efforts considérables qu’il déploie pour y arriver ; Agustin, artiste, en couple depuis un bout de temps, hésitant à franchir une étape supplémentaire dans sa vie conjugale ; et Dom, plus âgé, plus expérimenté, mais pas plus posé dans sa vie amoureuse, loin s’en faut. Trois amis, donc, qui nous font suivre leurs histoires de cœur, finalement très communes. Léger détail qui a son importance : les trois garçons sont homos. Et c’est là que réside la vraie grande réussite de ce pilote : ça reste un détail. Ou plutôt, c’est le postulat de base de la série. C’est dit, c’est acquis dès la première minute. Mais ça n’est pas le sujet central de la série.
Contrairement à la majeure partie des séries dans lesquelles on croise des personnages gays, il n’est pas question ici de coming out, d’acceptation de sa sexualité ou du regard de la société sur l’homosexualité. Non, ici, les personnages sont juste homos et on n’en fait pas une affaire d’état. Ca fait de Looking une série très rafraichissante. Elle n’a pas le coté militant que pouvait avoir Queer as Folk en son temps (mais c’était une autre époque). Elle n’a pas non plus le coté indé-branchouille un peu chelou qu’on pourrait reprocher (à tort) à Girls. Non, elle garde une simplicité inédite autour de ces personnages trop peu vus à la télévision.



Il faut dire que le casting de la série y est pour beaucoup. Jonathan Groff (que personnellement, j’avais détesté dans Glee) crève ici littéralement l’écran. C’est rare que je m’attache à un personnage aussi vite (la dernière fois, c’était sans doute devant Hatufim, c’est dire si ça date), mais là, en deux ou trois scènes, Patrick existe totalement. Malheureux dans sa vie amoureuse, il n’en reste pas moins un personnage sacrément positif et le sourire charmeur de Groff est là pour souligner cette joie de vivre. Vrai, fin, subtilement écrit, il porte quelques-unes des meilleures scènes de ce pilote (la date avec le médecin et la rencontre dans le bus sont parfaites).
Les deux autres ne sont pas en reste. La complicité manifeste qui existe entre Agustin et son mec Franck saute aux yeux, grâce notamment à l’alchimie assez flagrante qui existe entre les deux comédiens. Même si on entraperçoit quelques failles qui pourraient bien grandir dans les prochains épisodes, on est, là encore, totalement convaincu de la véracité de ce couple. Sans en faire trop, Looking dépeint avec justesse une histoire d’amour installée, évidente, quasi-routinière. Et on a rapidement plaisir à s’immiscer dans leur intimité.
Quant à Dom, qui, dans ce pilote, tient un peu plus le rang de faire-valoir comique, il réussit malgré tout à convaincre, là encore grâce à l’interprétation tout en finesse de Murray Bartlett. Le garçon est volage, certes, mais il a soif d’autre chose. Et dès le pilote, on s’inquiète de ses mauvais choix. Fort.
Pour reprendre la comparaison, je dirais que ce gang est plus facile à appréhender que celui de Girls. Moins barrés, moins foufous, les garçons de Looking sont plus sages que leurs petites sœurs new-yorkaises. Avouons que pour une série qui parle d’homosexualité, c’est plutôt inattendu. Et pourtant ici, pas d’excentricité, pas de caricature : on est loin des folles perdues de Priscilla ou de Pédale Douce. Looking réussit à prendre le contre-pied parfait : parler des gays avec sobriété et simplicité. En mode low profile. Merci pour eux.

Pour autant, la série n’est quand même pas naïve. Après tout, on est quand même sur HBO. Oui, ça parle de sexe, et ça en fait aussi un peu, mais ça reste pour le moment bien sage par rapport à Girls ou à Game Of Thrones. Curieusement, comme si les créateurs savaient qu’on allait les attendre au tournant, Looking reste plutôt chaste. Ou réaliste, dirons-nous. Sans être prude, elle dépeint certains comportements homosexuels qu’on peut juger étonnants, mais elle le fait avec transparence, sans condamner ni se vautrer dans une vulgarité voyeuse. Encore une fois, la série reste sobre.
Et sobre, elle l’est aussi dans sa réalisation. Sans multiplier les effets de réalisation ou de montage, Looking ne cherche pas à en mettre plein la vue. Toujours très prêt de ses personnages, la série préfère les gros plans, proches, serrés, pour saisir les héros dans leur intimité. Les rares plans spectaculaires du pilote se trouvent être les plans larges, magnifiques, sur un San Francisco tout embrumé. Ce qui est un pléonasme, convenons-en.
MAJ: On reconnait bien là le travail superbe d'Andrew Haigh, réalisateur d'une majorité des épisodes de la saison mais aussi producteur exécutif de la série. Il avait déjà signé le très réussi et trop méconnu Weekend, un long-métrage dans la même veine que Looking de par son sujet, son traitement et sa réalisation. Une petite perle du cinéma britannique.


Alors certes, pour des raisons très personnelles, Looking avait tout pour me plaire. Mais après le visionnage de ce pilote, je crois sincèrement  qu’on tient là un petit bijou qui peut toucher un très grand nombre. Partir d’une minorité pour en fait parler d’un sujet aussi universel que l’amour, c’est le défi que Looking remplit avec brio dans ce pilote. Pourvu que ça dure !!!