Je ne vais pas y
aller par quatre chemins : j’ai adoré le pilote de Looking! Gros gros coup de cœur. Et pourtant, j’attendais beaucoup
de cette série, ce qui entraine très souvent de la déception. Mais pas là. J’ai
vraiment aimé. Looking, c’est la
nouvelle série d’HBO, le nouveau Girls
gay, pour reprendre l’expression employée absolument partout depuis quelques
mois. Sauf qu’en fait, pas du tout. Looking
n’a rien à voir avec Girls. Je ne dis
pas ça pour dénigrer la série de Lena Dunham (j’ai déjà prouvé sur ce blog, ici
et là, à quel point j’aimais Girls),
mais vraiment parce qu’à mon avis, les deux séries n’ont rien à voir, hormis le
fait d’être diffusées le dimanche soir sur la même chaine. Petite review à
chaud (je viens à l’instant de terminer le pilote) de ce pilote très
prometteur.
Looking suit le quotidien et les déboires amoureux de
trois mecs trentenaires vivant à San Francisco : Patrick, le personnage
central de la série (ou du moins de ce pilote) a 29 ans, qui travaille dans le jeu
vidéo et qui a bien du mal à trouver l’amour, en dépit des efforts considérables qu’il
déploie pour y arriver ; Agustin, artiste, en couple depuis un bout de
temps, hésitant à franchir une étape supplémentaire dans sa vie conjugale ;
et Dom, plus âgé, plus expérimenté, mais pas plus posé dans sa vie amoureuse, loin
s’en faut. Trois amis, donc, qui nous font suivre leurs histoires de cœur, finalement
très communes. Léger détail qui a son importance : les trois garçons sont
homos. Et c’est là que réside la vraie grande réussite de ce pilote : ça
reste un détail. Ou plutôt, c’est le postulat de base de la série. C’est dit, c’est
acquis dès la première minute. Mais ça n’est pas le sujet central de la série.
Contrairement à la
majeure partie des séries dans lesquelles on croise des personnages gays, il n’est
pas question ici de coming out, d’acceptation de sa sexualité ou du regard de
la société sur l’homosexualité. Non, ici, les personnages sont juste homos et
on n’en fait pas une affaire d’état. Ca fait de Looking une série très rafraichissante. Elle n’a pas le coté
militant que pouvait avoir Queer as Folk
en son temps (mais c’était une autre époque). Elle n’a pas non plus le coté
indé-branchouille un peu chelou qu’on pourrait reprocher (à tort) à Girls. Non, elle garde une simplicité
inédite autour de ces personnages trop peu vus à la télévision.
Il faut dire que le
casting de la série y est pour beaucoup. Jonathan Groff (que personnellement, j’avais
détesté dans Glee) crève ici
littéralement l’écran. C’est rare que je m’attache à un personnage aussi vite
(la dernière fois, c’était sans doute devant Hatufim, c’est dire si ça date), mais là, en deux ou trois scènes, Patrick
existe totalement. Malheureux dans sa vie amoureuse, il n’en reste pas moins un
personnage sacrément positif et le sourire charmeur de Groff est là pour
souligner cette joie de vivre. Vrai, fin, subtilement écrit, il porte quelques-unes
des meilleures scènes de ce pilote (la date avec le médecin et la rencontre
dans le bus sont parfaites).
Les deux autres ne
sont pas en reste. La complicité manifeste qui existe entre Agustin et son mec
Franck saute aux yeux, grâce notamment à l’alchimie assez flagrante qui existe
entre les deux comédiens. Même si on entraperçoit quelques failles qui
pourraient bien grandir dans les prochains épisodes, on est, là encore,
totalement convaincu de la véracité de ce couple. Sans en faire trop, Looking dépeint avec justesse une
histoire d’amour installée, évidente, quasi-routinière. Et on a rapidement
plaisir à s’immiscer dans leur intimité.
Quant à Dom, qui,
dans ce pilote, tient un peu plus le rang de faire-valoir comique, il réussit
malgré tout à convaincre, là encore grâce à l’interprétation tout en finesse de
Murray Bartlett. Le garçon est volage, certes, mais il a soif d’autre chose. Et
dès le pilote, on s’inquiète de ses mauvais choix. Fort.
Pour reprendre la
comparaison, je dirais que ce gang est plus facile à appréhender que celui de Girls. Moins barrés, moins foufous, les
garçons de Looking sont plus sages
que leurs petites sœurs new-yorkaises. Avouons que pour une série qui parle d’homosexualité,
c’est plutôt inattendu. Et pourtant ici, pas d’excentricité, pas de caricature :
on est loin des folles perdues de Priscilla
ou de Pédale Douce. Looking réussit à prendre le contre-pied
parfait : parler des gays avec sobriété et simplicité. En mode low
profile. Merci pour eux.
Pour autant, la
série n’est quand même pas naïve. Après tout, on est quand même sur HBO. Oui,
ça parle de sexe, et ça en fait aussi un peu, mais ça reste pour le moment bien
sage par rapport à Girls ou à Game Of Thrones. Curieusement, comme si
les créateurs savaient qu’on allait les attendre au tournant, Looking reste plutôt chaste. Ou
réaliste, dirons-nous. Sans être prude, elle dépeint certains comportements
homosexuels qu’on peut juger étonnants, mais elle le fait avec transparence,
sans condamner ni se vautrer dans une vulgarité voyeuse. Encore une fois, la
série reste sobre.
Et sobre, elle l’est
aussi dans sa réalisation. Sans multiplier les effets de réalisation ou de
montage, Looking ne cherche pas à en
mettre plein la vue. Toujours très prêt de ses personnages, la série préfère
les gros plans, proches, serrés, pour saisir les héros dans leur intimité. Les
rares plans spectaculaires du pilote se trouvent être les plans larges,
magnifiques, sur un San Francisco tout embrumé. Ce qui est un pléonasme,
convenons-en.
MAJ: On reconnait bien là le travail superbe d'Andrew Haigh, réalisateur d'une majorité des épisodes de la saison mais aussi producteur exécutif de la série. Il avait déjà signé le très réussi et trop méconnu Weekend, un long-métrage dans la même veine que Looking de par son sujet, son traitement et sa réalisation. Une petite perle du cinéma britannique.
MAJ: On reconnait bien là le travail superbe d'Andrew Haigh, réalisateur d'une majorité des épisodes de la saison mais aussi producteur exécutif de la série. Il avait déjà signé le très réussi et trop méconnu Weekend, un long-métrage dans la même veine que Looking de par son sujet, son traitement et sa réalisation. Une petite perle du cinéma britannique.
Alors certes, pour
des raisons très personnelles, Looking
avait tout pour me plaire. Mais après le visionnage de ce pilote, je crois
sincèrement qu’on tient là un petit
bijou qui peut toucher un très grand nombre. Partir d’une minorité pour en fait
parler d’un sujet aussi universel que l’amour, c’est le défi que Looking remplit avec brio dans ce
pilote. Pourvu que ça dure !!!
Tu n'en as pas parlé mais cette série a été faite par Andrew Haigh. Si tu ne le connais pas, c'est un génie! Avec le film "Weekend", il avait déjà montré son immense talent. Ici il récidive! Wow!
RépondreSupprimerMerci pour l'info! J'ai tellement foncé tête baissée dans ma review que j'en ai oublié de jeter un œil sur l'équipe. J'adore Weekend. Très beau film. Je fais une MAJ de ce pas! ;-)
SupprimerPersonnellement je trouve que la série est moins crue que le film Week-end visuellement. Je me suis tres vite attaché au personnage de Groff (qui ne m'avait pas plu plus que ca dans Glee) mais dont le sourire et les détails de jeu me font absolument fondre ici. Apres 5 épisodes, deux relations amoureuses se dessinent clairement pour notre jeune homme et j'aimerais avoir l'avis d'un expert en série : avec qui devrait-il finir ?
SupprimerLes deux possibilités me paraissent tellement craquantes et évidentes que je n'arrive pas a me décider ! En comparaison d'autres séries ou le triangle amoureux se posait aussi, quel personnage les scénaristes lui feront-ils choisir selon vous ? Le boss anglais ou le jeune hispanique ?!
Merci pour votre avis :)
Julien
Salut Julien,
Supprimerje n'ai pas envie de spoiler donc j'essaierai de rester le plus évasif possible.
Très personnellement, j'aimerais que Patrick finisse avec celui avec qui il passe la journée dans l'épisode 5. Mais je sens (sans savoir pourquoi) que les scénaristes nous emmènent vers l'autre. Ce que je trouve dommage pour Patrick: pour le moment, ça parait être une histoire bien plus complexe.
Quelle petite merveille cet épisode 5 :) Centrer tout l'épisode sur ces deux personnages au milieu de San Francisco était une vraie bonne idée ! L'épisode 7 (mariage) nous renvoie clairement l'idée qu'une histoire est possible (et plus compliquée c'est vrai meme s'ils ont tout de meme plus de points communs...) avec mister british ;)
SupprimerEn tout cas pour le moment c'est champagne pour feter la commande de la saison 2 en espérant qu'elle fera un peu plus de 8 épisodes... Love Looking !