dimanche 26 octobre 2014

The Flash vs Gotham : la rentrée DC Comics



DC Comics avait lancé les hostilités en 2012 avec Arrow, Marvel avait contre-attaqué en 2013 avec Agents of S.H.I.E.L.D. A partir de cette rentrée 2014, c’est une lutte sans merci que vont désormais se livrer les deux maisons d’édition ultra-cultes, fournisseuses légendaires de supers-héros depuis des décennies. Près d’une dizaine de projets adaptés des fameux comics américains va débarquer sur les écrans dans les mois qui viennent. Pour le moment, c’est DC qui a dégainé en premier en sortant coup sur coup deux projets très attendus : Gotham, sur la FOX, inspiré de l’univers de Batman, et The Flash, sur la CW, inspiré de… bah, de The Flash. Reste à savoir si la qualité est là. Petite battle pour départager les premiers arrivants de cette déferlante de super-héros.


1) Le pitch :
Gotham : l’histoire se passe à Gotham City (duh !), la ville de tous les délits, de tous les crimes, de toutes les corruptions. On y suit les débuts de Jim Gordon, flic volontaire et idéaliste qui deviendra plus tard le commissaire en chef de la ville, quand Batman y fera régner la justice. Le pilote de la série commence avec la première enquête du flic : le double-meurtre des parents d’un jeune garçon, un certain Bruce Wayne…


The Flash : la série se déroule dans une autre ville fictive, Central City, dans laquelle un accélérateur de particule explose et frappe de plein fouet un jeune homme, Barry Allen. Conséquence de cet accident, ce dernier se retrouve doté de facultés surnaturelles : il devient l’homme le plus rapide du monde et met ces nouveaux pouvoirs au service de la justice.


Bilan : sur le papier, je choisis Gotham. Juste parce que l’univers de Batman m’a bien plus prouvé son potentiel par le passé que celui de The Flash.
Points : Gotham = 1 ; The Flash = 0.


2) La mythologie DC
Gotham : l’énorme problème de cette série de super-héros, c’est son absence de super-héros. Batman n’existe pas, c’est encore un enfant. On croise bien quelques personnages qui deviendront célèbres par la suite (Catwoman, le Pingouin, L’homme mystère…), mais comme pour Bruce Wayne, ils ne se sont pas encore devenus ce qu’ils seront plus tard face au Chevalier noir. Au final, de l’univers du Comics, on garde tout juste quelques noms qui ne sont que des clins d’œil pour les fans.

The Flash : Ce qu’il y a de bien avec The Flash, c’est qu’il n’y a pas besoin de connaitre l’univers du super-héros pour comprendre la série. Le concept et le pilote, bien basiques comme il faut, se suffisent à eux-mêmes. On nous a quand même ressorti un petit crossover de derrière les fagots avec Arrow, histoire de se la jouer Agent of S.H.I.E.L.D. et de dire que tout est lié, mais c’est gratuit et ça ne sert pas à grand-chose (sauf pour les gens qui, comme moi, n’ont pas vu Arrow et à qui cette scène a donné plus envie de regarder Arrow que The Flash - Fail)



Bilan : dans un cas, comme dans l’autre, et contrairement à Marvel, la mythologie DC est peu et mal exploitée dans ces deux séries. En soi, ça n’est pas gênant. Seulement, c’est dommage, il y avait du potentiel.
Points : ils restent inchangés : Gotham = 1 ; The Flash = 0.

3)Les épisodes
Gotham : je m’y attendais un peu, mais Gotham n’est qu’un simple procedural show, avec une enquête par semaine. Et justement, coté enquête, on ne verse pas dans le super sophistiqué. Les affaires de Gordon et de son acolyte sont simplistes, presqu’ennuyeuses. Enfin non, pas presque. Elles sont ennuyeuses. Et une fois sur deux, elles consistent tout simplement à aller rendre visite à Jada Pinkett Smith, tenancière de cabaret, mafieuse et tête à claques. En fait de super-héros et de super-vilains, on nous parle plutôt de corruption et de grand-banditisme. Comme dans Batman, quoi. Mais sans Batman. Et du coup, bah… boooring.

The Flash : là non plus, ça ne vole pas très haut, coté trame narrative. C’est du vu et revu mille fois. Mais contrairement à Gotham, la série a la bonne idée de ne pas (trop) se prendre au sérieux. On a donc affaire à des enquêtes bien plus légères, plus funs avec des super-vilains, dotés eux-aussi de pouvoirs. Tout est couru d’avance, le spectateur a perpétuellement une longueur d’avance sur les personnages mais au moins on a des scènes de bagarre visuellement un peu plus cool à regarder.

Bilan : Le point revient donc à The Flash, de peu.
Points : Gotham = 1 ; The Flash = 1

4) La direction artistique :
Gotham : je n’adhère pas du tout à l’univers visuel pseudo-dark de la série. Moitié gothique, moitié steampunk, Gotham cherche à jouer dans la cour dans grands avec des décors gigantesques (le commissariat), des plans larges et numérisés sur New Yo… euh sur Gotham et des costumes sortis d’un mauvais polar noir, mais au final, ça ne marche pas. L’ensemble fait cheap. Comme si les producteurs désiraient donner une noirceur à la série, sans l’assumer totalement.

The Flash : beaucoup plus pop, beaucoup plus léger, l’univers de The Flash prend moins de risques que Gotham. Mais ça fonctionne mieux. Certes, les effets spéciaux sont un peu limites par moment et le costume du Flash peine à être totalement crédible, mais ça fait le job, comme on dit. Et ça suffit amplement. On n’en demandait pas plus.

Bilan : The Flash remporte cette manche parce qu’elle n’a pas cherché à être ce qu’elle n’était pas.
Points : Gotham = 1 ; The Flash = 2

5) Les personnages :
Gotham : Coté personnages, Gotham est pas loin de verser dans le manichéisme : à part le gentil (et donc inintéressant) Gordon, tout le monde est très très méchant dans cette série. Même le partenaire de Gordon est blasé, tire-au-flanc, limite malhonnête. Ca manque cruellement de subtilité (comme le jeu de Jada Pinkett Smith). Le pingouin, qui a l’air d’occuper une place centrale dans la série, est trop caricatural. Dommage, avec un physique comme celui du comédien, il y avait de quoi obtenir un personnage bien plus trouble, bien plus flippant. Une mention spéciale à Catwoman qui a réussit à m’insupporter en quelques séquences.

The Flash : Il faut bien avoir en tête qu’on est sur la CW, une chaine plus ado que la FOX. Et quoiqu’on en dise, on a affaire à une série qui se veut plus simple, plus accessible que Gotham. Pourtant, les personnages y sont plus attachants. Ils ne sont pas beaucoup plus subtils que leurs voisins gothamiens et on se fout un peu de ce qui va leur arriver mais au moins, ils sont plaisants. Ce qui est déjà pas mal.
  
Bilan : là encore, le point revient à The Flash, décidément plus sympathique que sa concurrente.
Points : Gotham = 1 ; The Flash = 3


Au final, ni l’une ni l’autre de ces séries ne vaut vraiment le coup. Et je sais que je ne continuerai aucune des deux. Mais s’il fallait vraiment faire un choix, alors il se porterait vers The Flash qui remplit sans trop se fouler sa mission de divertir. Gotham, elle, pèche vraiment par excès de sérieux : elle voudrait être une grande série - et elle aurait pu l’être - mais elle n’y arrive pas.
On verra ce que donnera Constantine, une autre série issue de DC Comics lancée à l’antenne cette semaine. Elle se veut plus dark, plus flippante. A voir si elle s’en sort mieux que ses copines de promo.

dimanche 5 octobre 2014

How to get addict with murder !




Ca y est, la saison 2014-2015 est lancée sur les networks américains ! Les premiers flops et les premiers tops se font connaitre. Parmi ces derniers, celui qui remporte les meilleurs résultats d’audience auprès des 18-35 ans, la fameuse cible tellement chérie par les annonceurs, c’est la nouvelle création de Shonda Rimes : How to get away with Murder (qu’on appellera HTGAWM parce que, franchement, c’est pas possible, un titre pareil !). Shonda est, rappelons-le, la créatrice de Grey’s Anatomy et Scandal, deux énormes cartons outre-Atlantique mais aussi un peu partout où ils sont diffusés. Pour ceux qui l’ignoreraient, je n’aime pas Grey’s Anatomy. Je l’avais déjà dit ici. Ayant peur d’y retrouver les mêmes défauts, HTGAWM partait donc avec un sacré handicap. Et je ne sais d’ailleurs pas pourquoi je me suis lancé dans ce pilote. Qu’importe. J’ai bien fait. Parce que How to get away with Murder, c’est fun !!!

 
Le pitch est le suivant : Annalise Keating (Viola Davis) est une avocate aussi géniale que redoutable, spécialisée dans les affaires de meurtres. Elle est aussi professeur de criminologie à la fac. Chaque année, elle s’entoure de quelques étudiants triés sur le volet pour les former sur le terrain en échange de l’aide qu’ils pourraient lui apporter sur les affaires sur lesquelles elle travaille. La série suit donc les cinq petits jeunes choisis et leur professeur dans leur apprentissage de la loi et du dur métier d’avocat de la défense.

Au premier abord, on pourrait imaginer que HTGAWM est un parfait copier-coller de Grey’s dans le monde pénal : la personnalité de Annalise n’est pas sans rappeler celle du Dr Bailey et les profils des jeunes étudiants de Philadelphie – un arriviste, une rêveuse, un idéaliste, un plaisantin – sont, à peu de chose près, les mêmes que ceux des internes de Seattle. Même les professeurs assistants le Pr Keating font les yeux doux à leurs étudiantes, en mode Dr Mamour. On pourrait donc penser qu’on a affaire à un bon soap des familles, bien ronflant, bien huilé, comme Shonda sait le faire.
Mais il y a un élément supplémentaire qui n’est pas négligeable et qui vient donner un sacré piment à la série. Le pilote démarre par un flash-forward qui nous propulse trois mois en avant : on y découvre lesdits étudiants de Keating, visiblement tous impliqués jusqu’au cou dans une affaire de meurtre. Habituellement, cet effet de manche consistant à nous présenter une situation catastrophique puis à nous balancer un "three months earlier"  a le don pour m’agacer au plus haut point (hello, Damages). Mais là, pour une raison qui m’échappe encore, ça marche. Les infos sur ce qui se passera trois mois plus tard sont distillées tout au long du pilote sans en dire trop, ni trop peu. Suffisamment pour nous donner envie de voir la suite. Malin.


"Efficace" est un adjectif qui me déplait parfois quand il est associé à une série télévisée. C’est souvent le mot utilisé pour dire d’une série qu’elle est potable. Un peu comme dire de quelqu’un de moche qu’il a "un certain charme". Pourtant, c’est bel et bien l’adjectif qui correspond le mieux à HTGAWM. Le montage, la réalisation, les comédiens : tout est terriblement efficace. Rien de bien nouveau, rien de révolutionnaire au fond, mais ça fonctionne. Ce qui pourrait profondément m’énerver ailleurs (et notamment chez Grey’s) me fait kiffer ici :
Les protagonistes sont tous plus beaux les uns que les autres. De véritables gravures de mode qui représentent chacune une minorité de la société américaine mais qui le fait avec classe et/ou second degré.
Les affaires sur lesquelles travaillent Annalise et son équipe sont au moins aussi ridicules et grossières que les cas médicaux de l’équipe de Seattle, mais on s’en fout. C’est fun, c’est drôle, c’est enlevé. Et tant pis si ça piétine la réalité du quotidien des avocats (à côté de HTGAWM, Ally Mcbeal passerait presque pour une série réaliste). Ici, les procès sont évacués en quelques jours à peine et un étudiant de première année est à peu près aussi redoutable qu’un substitut du procureur chevronné.
Enfin, la série multiplie les histoires de cœur et de fesses à tout va. Une chose est sure, Shonda Rimes ne porte pas la fidélité dans son cœur : tout le monde couche avec tout le monde. Et quand ça n’est pas le cas, tout le monde se renifle le derrière avec la subtilité d’un St-Bernard en chaleur. Pas un seul couple qui tienne la route, pas une seule relation qui ne soit calculée, bafouée ou pipeautée.
Bref, tout ça est hénaurme. Tellement hénaurme qu’on en vient à se dire que c’est assumé. Et c’est là qu’on comprend qu’il faut prendre la série pour ce qu’elle est : un guilty pleasure parfaitement rodé. Le rythme frénétique du pilote – à qui la série doit beaucoup – nous empêche de nous focaliser sur chaque détail qui ne fonctionnerait pas et nous plonge irrémédiablement dans cet univers calibrée mais ô combien jubilatoire. Facile mais jouissif.



On verra bien où tout ça nous mène. On verra bien comment les scénaristes parviennent à gérer les flash-forwards et les révélations à répétition qui ne manqueront pas d’arriver épisode après épisode. On verra bien si le plaisir ne finit pas par s’estomper. Mais ce pilote (et le deuxième épisode que j’ai également regardé avec un plaisir coupable non dissimulé) me fait dire qu’il y a moyen de passer quelques heures bien fun devant ce produit parfaitement orchestré et ma foi, vraiment réussi.