jeudi 26 juillet 2012

AMC, la petite chaîne qui monte

Un des évènements du mois était le retour de l’excellentissime Breaking Bad sur AMC pour son ultime saison. La série est communément considérée comme l’une des meilleures du moment. La presse est unanime, les prix pleuvent sur la tête des créateurs et des comédiens, et les audiences confirment ce succès. Pourtant très noire, très lourde, Breaking Bad a su convaincre petit à petit*. C’est un vrai risque que la chaine câblée a bien fait de prendre, tant la réputation de Breaking Bad contribue aujourd’hui à faire d’AMC l’une des chaines majeures en termes de créations de séries qualitatives. Et pourtant, la décision de produire des séries originales sur AMC est une idée toute récente. Mais en quelques années, la petite chaine a réussi à s’imposer et même à faire de l’ombre à HBO, LA chaine mythique du câble américain.

En 2007, après avoir été refusé chez HBO et chez FX, le scénario du pilote d’une série arrive dans les bureaux d’AMC, qui choisit de se lancer dans la production de séries avec ce projet. La série s’appelle Mad Men. Loin des séries spectaculaires des networks, Mad Men prend son temps pour séduire. Et parvient à ses fins. Et même si les audiences, toujours en progrès, ne sont pas hallucinantes (on est quand même sur une petite chaine câblée), la popularité de la série dépasse largement la télévision et devient un véritable phénomène de mode.
Fière de ce succès, AMC lance donc Beaking Bad l’année suivante. Sur le même schéma, la série acquière ses titres de noblesse au fil du temps (ce qui somme toute, est plutôt un bon signe : il n’est jamais bon de démarrer trop fort et trop vite dans le monde des séries).


En 2010, AMC provoque à nouveau l’évènement avec The Walking Dead. Avec un thème en décalage parfait avec ceux habituellement traités sur la chaîne – pensez-donc, des zombies ! – The Walking Dead maintient malgré tout le niveau esthétique de ses consœurs. Perso, je n’aime pas la série (un jour, je dirai pourquoi), mais je suis bien obligé d’admettre que c’est un carton. Le premier épisode de la saison 2 s’est autorisé à battre les audiences de Desperate Housewives, certes en perte de vitesse, mais malgré tout diffusé sur un réseau national !
En 2011, c’est The Killing qui fait son apparition sur AMC. Adaptation d’une série danoise, elle confirme là encore la volonté d’offrir des programmes de qualité, intelligents et visuellement chiadés. Une vraie réussite.
C’est donc quasiment un sans faute que réalise jusque là AMC. Pour être parfaitement honnête, je devrais quand même mentionner l’échec du remake du Prisonnier et celui de Rubicon, série d’espionnage ayant pourtant reçue d’excellenes critiques. Mais dans l’ensemble, AMC fait fort : elle ne produit pas beaucoup, mais elle produit bien.

Alors, est-ce que c’est la fin de HBO ? Pas nécessairement. HBO reste encore et toujours la chaine câblée de référence. Connue pour ne pas diffuser de publicité pendant ses programmes, HBO est même devenue à elle seule un argument de vente pour les motels américains, preuve de la popularité de la chaine. Aux débuts des années 2000, c’est clairement l’âge d’or de la chaîne : OZ, Sex & The City, The Sopranos, Six Feet Under, Rome, Brand of Brothers… Un catalogue hallucinant !
Certains voudraient en conclure que depuis, la chaine est en perdition. J’ai un peu du mal à y croire quand je regarde le nombre de séries qui connaissent un succès critique et/ou public et qui sont diffusées actuellement sur la chaîne : True Blood, Boardwalk Empire, l’excellent Game of Thrones, et plus récemment Girls, Veep et The Newsroom (2012 est un bon cru pour HBO, selon moi). Bref, je pense que HBO a encore toutes ses chances, malgré la concurrence de plus en plus vive d’AMC. Les battles du dimanche soir font rage mais globalement HBO s’en sort mieux : Game of Thrones l’emportait sur Mad Men le mois dernier, et en ce moment, Breaking Bad s’impose face à The Newsroom (qui résiste plutôt bien pour une nouvelle série).

Avec le temps, AMC parviendra peut-être à devenir inquiétante pour HBO. Cela dit, ça n’est pas la première concurrente pour la chaine historique : Showtime (avec Dexter, Homeland, Weeds et Californication), et dans une moindre mesure FX (Nip/Tuck, Sons of Anarchy, Damages) sont, elles aussi, des adversaires sérieuses, et ce depuis bien plus longtemps. Mais elles n’ont pas encore réussi à avoir raison de HBO.


*A ce propos, je vous suggère d'aller lire ce petit article sur les 10 raisons (parfaitement justes) de se remettre à  Breaking Bad. Perso, je suis particulièrement d'accord avec les points 1, 2, 5 et 8.

lundi 16 juillet 2012

Trois chevaliers et leurs montures


La semaine dernière, le monde des séries était en deuil suite au décès d’Ernest Borgnine, l’inoubliable Dominic Santini de Supercopter. En relisant les pages internet consacrées au comédien et à cette série mythique des années 1980, je me suis rendu compte qu’il ne me restait pas grand-chose de toutes ces séries que je regardais pourtant en boucle dans mon enfance et qui fonctionnaient toutes sur le même pitch : un homme fait la loi grâce à un véhicule futuriste. Œuvres assez pauvres scénaristiquement parlant, elles sont malgré tout devenues cultes.

Supercopter : de cette série, il me reste avant tout le générique, évidemment. Absolument incontournable, qui ne connait pas la musique de Supercopter 


Au-delà de ça, je me souviens pas trop mal de la planque de Supercopter, caché au milieu d’une montagne de Monument Valley (hyper discret, le repère…) et des gadgets de l’hélico – enfin surtout les mitrailleuses qu’il avait sur les côtés. Aujourd’hui encore, je me demande comment la série a pu tenir 4 saisons sur un hélicoptère. Il faut bien admettre que ce n’est pas l’engin le plus cinégénique du monde : les cascades, dérapages et autres figures de style sont assez limités. Je crois me souvenir (mais je n’en suis pas sûr tellement ça parait absurde) que Supercopter parvenait parfois à faire des loopings… top crédible. 

Récemment, je suis retombé sur une scène de poursuites entre deux hélico et mon enfance en a pris un coup. Sur la moitié des plans, il s’agit de vulgaires maquettes téléguidées : déception. C’est tout juste si on ne voit pas les piles qui permettent aux rotors de fonctionner. Cela dit, à bien y réfléchir, il semble évident que la production devait trouver des moyens de réduire les couts de tournage. M’enfin quand même, ça déçoit.

Une dernière chose me revient en mémoire sur cette série : le héros était un des personnages les plus tristes de l’histoire de la télévision. Uniquement motivé par l’envie de retrouver son frère disparu en pleine guerre du Vietnam, il était taciturne, solitaire et pas très drôle. C’est sans doute pour cette raison que Dominic a pris toute la place dans le cœur des téléspectateurs. RIP Ernest, comme dirait Twitter.

Vous saviez, vous que Dominic meurt à la fin de la 3ème saison et est remplacé dans la 4ème saison par le frère chéri de Hawke, qui lui-même décide de prendre sa retraite ? Moi, perso, aucun souvenir. Merci Wiki.


K2000 : c’est l’autre série mécanique incontournable des années 1980. Là encore le générique est absolument inoubliable : « Les exploits d'un chevalier solitaire dans un monde dangereux. Le chevalier et sa monture ! Un héros des temps modernes, dernier recours des innocents, des sans-espoir, victimes d'un monde cruel et impitoyable ».

De K2000, il me reste bien plus de souvenirs. Tout d’abord, la voiture était plus kiffante que l’hélico : elle parlait, elle roulait toute seule, elle était blindée et elle regorgeait de bien plus de gadgets que toutes les voitures de James Bond réunies. Qui n’a jamais parlé à sa montre Flick Flack en lui demandant "Kitt, viens me chercher" ?. Et surtout, Kit avait le Turbo Boost. Usant et abusant de cet effet, les scénaristes employaient systématiquement le même protocole pour faire voler la voiture dans chaque épisode : un obstacle se trouve sur la route ; Michael appuie sur le bouton et se retrouve collé à son siège ; la voiture décolle au ralenti une fois, deux fois, trois fois ; la voiture atterrit tout autant de fois ; Michael regarde derrière en faisant "wouhou !". Depuis le temps, on aurait pu penser qu’il se serait un peu lassé, mais non. En dehors de cette prouesse qui a du couter un nombre incalculable de bagnoles à la production (chapeau bas aux cascadeurs), je me souviens qu’une fois, Kitt arrivait à flotter sur l’eau ! Et oui, ils ont osés.

Les héros de la série sont également assez inoubliables. Michael Knight, évidemment, interprété par David Hasselhoff, avait tout du gentil garçon avec son brushing parfait et son cuir ajusté, mais ne manquait pas de pécho la fille qu’il devait aider dans chacun des épisodes ! Une morale un peu douteuse donc. Ce qui ne devait pas beaucoup plaire à Bonnie, la mécano de la série. Nombre de téléspectateurs ont connus leurs premiers émois amoureux avec cette mannequin, non moins choucroutée, en bleu de travail qui avait ce petit côté maitresse d’école qu’on regarde mais qu’on ne touche pas ! La popularité du personnage fut telle que les producteurs furent obligés de la faire revenir en 3ème saison après avoir tenté de s’en séparer dans la saison 2. Devon, le milliardaire mécène de Michael Knight était lui aussi un poil plus charismatique que son alter-ego borgne de Supercopter.

Annulée au bout de 4 saisons, la série a souvent fait l’objet de tentatives de remakes. La dernière en date remonte à 2008, mais n’a pas su attirer les foules puisque la série ne fut pas reconduite pour une seconde saison.


Tonnerre Mécanique : De celle-ci, je ne me souviens quasiment que du titre. Incapable de retrouver l’air du générique, ni de me rappeler du nom du personnage, c’est tout juste si je me souviens qu’il s’agit d’une super-moto. 

En relisant Wikipédia, je sais maintenant qu’il s’agit de l’histoire d’un ancien flic, enrôlé secrètement par une agence privée pour devenir une sorte de justicier incognito roulant sur une moto pouvant atteindre 500 kms/h. Là-encore, énorme crédibilité. La série fut d’ailleurs annulée au bout de 13 épisodes. Il est donc très curieux qu’elle ait même été diffusée en France.


Il est quand même frappant de voir que ces trois séries sont sorties dans un laps de temps très court sur un schéma totalement identique : une agence privée engage un homme et son super-véhicule pour faire le travail que la police n’arrive pas à accomplir. Tu parles d’une vision républicaine de la justice ! Et dire que la France diffusait ça après le Club Dorothée !

vendredi 13 juillet 2012

J'ai croisé Drazic

Présentés comme ça, je ne suis pas sûr qu’il soit évident de trouver le point commun entre tous ces personnages (n’hésitez pas à cliquer sur la photo pour la voir en plus grand) :

de gauche à droite de bas en haut : Frederico (Freddy Rodriguez dans Six Feet Under) ; Turtle (Jerry Ferrara dans Entourage) ; Alex (Colin Hanks dans Roswell) ; Drazic (Callan Mulvey dans Hartley, Cœurs à vif) ; John (Jesse Metcalfe dans Desperate Housewives) ; Peter (Princesse Sarah) ; Scotty (Luke MacFarlane dans Brothers & Sisters) ; Puck (Mark Salling dans Glee).
 
Et pourtant, ils en ont un : ils sont tous doublés par le même comédien, Emmanuel Garijo, avec qui j’ai eu l’occasion de travailler ce matin, lors de l’enregistrement des voix pour le pilote d’une série animée. C’est toujours perturbant de découvrir les visages de ceux qui doublent des séries qu’on connait depuis toujours et il m’a fallu un petit bout de temps pour retrouver d’où je connaissais sa voix. La seule série qui m’est revenu à l’esprit est Hartley, Cœurs à Vif. Bon d’accord, c’est un peu la honte mais c’est sans doute parce que c’est la seule que je n’ai jamais regardé autrement qu’en français. N’étant pas un grand fan de la VF, je n'ai vu que la version originale des autres séries - plus récentes - sur lesquelles Garijo a travaillé.

Je me suis vraiment amusé à le voir s’agiter dans son bocal, en maquillant sa voix et en donnant vie à des personnages qui ne sont même pas encore animés (dans ce cas précis, l’animation est plaquée sur les enregistrements même s’il peut arriver qu’on fasse l’inverse). C’est une sacrée performance qui demande pas mal d’énergie. Il faut dire que le garçon connait son métier : ça fait presque 30 ans qu’il double des séries. Il avait à peine 9 ans lorsqu’il a donné sa voix à Peter, le gamin des rues de la mythique Princesse Sarah. Et depuis, il a multiplié les prestations sur tous les supports. Au cinéma, il a notamment doublé Nick dans Chérie j’ai rétréci les gosses, Hercule dans le long-métrage de Disney ou Chris Pine dans Star Trek. Mais son rôle majeur reste celui d’Anakin Skywalker dans la nouvelle trilogie de Star Wars (ainsi que dans les versions animées).

Et visiblement, pour l’anecdote, le doublage est une affaire de famille puisque sa sœur, Alexandra Garijo a doublé Katie Holmes dans Dawson, une voix tout aussi mythique que celle de Drazic pour tout adolescent amateur de séries à la fin des années 1990’s !

PS : J’ai également pu assister à une séance d’enregistrement avec Nathalie Bienaimé, qui a, entre autre, doublé Trixie, le tricératops hilarant de Toy Story 3. Et ça aussi, c’est la classe !!!

dimanche 8 juillet 2012

Girls, bien loin de Gossip

C’est un hasard du calendrier, mais après The Newsroom et True Blood, je voudrais m’arrêter sur une troisième série issue de la chaine mythique HBO (qui a dit qu’elle était finie ?) : Girls, dont la premieère saison vient de s’achever il y a quelques semaines. Attention, malgré ce titre, on est bien loin de Gossip Girl ou Sex & the City, séries auxquelles on a trop vite voulu comparer cet ovni de la télévision américaine. Bon voilà, le terme est lancé : un ovni. Je m’étais promis de ne pas l’utiliser dans ce billet comme à peu près 90% des articles qui parlent de cette série, mais il faut bien admettre que c’est le mot qui convient le mieux pour définir cette œuvre télévisuelle pour le moins originale.


Girls, c’est l’histoire de quatre nanas d’une vingtaine d’années qui vivent à Brooklyn en système D. Fauchées, pas très jolies (enfin, pas toutes), un peu paumées, elles essayent tant bien que mal de démarrer leur vie dans le monde des adultes. Certaines fréquentent des mecs un peu - voire carrément - chelou, moitié artistes, moitié psychopathes. D’autres essayent désespérément de trouver le bon pour enfin connaitre l’amour. Rien de bien nouveau à première vue. 

Sauf que Girls est produit par deux personnalités hors du commun qui ont su donner toute leur patte à la série : Judd Apatow d’abord, le réalisateur de comédies comme 40 ans toujours puceau ou En cloque, mode d’emploi. Spécialise des blagues un peu lourdingues, il aime pousser les situations embarrassantes jusqu’à l’extrême. Rien n’est épargné à ses personnages, qui, malgré cet humour gras (ou peut-être grâce à celui-ci), sont souvent extrêmement attachants.  Le second producteur de Girls est une productrice puisqu’il s’agit de Lena Dunham. C’est qui ? me demanderez-vous à juste titre. Et bien elle est non seulement la comédienne principale de la série mais elle écrit et réalise également la plupart des épisodes ! Autant l’avouer tout de suite : avoir sa série sur HBO à seulement 26 ans, ça en jette ! Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’a peur de rien. Comme Apatow, elle ne craint pas le ridicule et l’exploite même à fond. Tout ce qu’elle inflige à son personnage, qu’elle bombarde d’attaques touchant souvent au physique, c’est un peu à elle-même qu’elle se l’inflige.

Au final il faut bien avouer que son personnage est de loin le mieux servi par les dialogues et les scénarios de la série : égoïste, mal fagotée, boudeuse, complexée, rondouillarde, assistée, Hannah, qu’interprète Dunham, passe son temps à faire tourner tout son petit monde autour de son nombril (rondouillet). Engoncée dans une histoire de cul, qu’elle imagine être une histoire d’amour, elle refuse d’entendre les conseils de ses copines, et devient même incapable de s’intéresser à leurs problèmes. Elle préfère s’accrocher à ce mec tordu, limite flippant, quitte à en oublier de se trouver un job pour gagner sa vie et ne plus vivre aux crochets de sa colocataire. Bon, dit comme ça, ce personnage ne donne pas méga envie. Mais pourtant, avec le talent de Lena Dunham et de l’ensemble du casting (vraiment excellent), ces situations bizarres, parfois malsaines, deviennent hilarantes.

Au passage, petit clin d’œil à deux personnages qui ont particulièrement attiré mon attention notamment grâce à la prestation des comédiens qui les interprètent : Shoshanna, la copine totalement weird qui cherche à se débarrasser de sa virginité est jouée par Zosia Mamet qu’on avait déjà vue dans United States of Tara, un autre bijou du câble américain, dans la catégorie "série d’auteur décalée". Christopher Abbott m’a également bien séduit pour sa façon d’incarner Charlie, le mec timide, un brin collant mais transi d’amour pour Marnie.

Alors certes, la série à un coté ciné américain indépendant un peu trop marqué : les personnages habitent dans le coin trendy de New-York, s’habillent avec des fringues venus d’ailleurs et assistent à des teufs branchouilles dans des hangars glauques quand elles ne participent pas à des séances de lecture de poètes à la mode. Mais c’est bien ce côté bobo-décalé qui donne tout son charme à la série. D’abord dérangeant, parce que loin des codes girly, glamours et clinquants qu’on connait dans les autres séries dites de filles, ce ton apporte finalement de la fraicheur à ce nouveau programme. Et la réaction de téléspectateurs est assez unanime : après avoir regardé les premiers épisodes en se demandant de quoi il s’agissait, beaucoup finissent par admettre que cette série propose un humour chelou mais fun jamais vu ailleurs. Et ça fait du bien !