dimanche 29 janvier 2012

Touch: Ouch!

Cette semaine, la Fox a diffusé le premier épisode de la série Touch, attendue par beaucoup puisqu’elle marque le retour à la télévision de Kiefer Sutherland (le mythique Jack Bauer de 24). Malgré de bons scores aux Etats-Unis, j’ai été globalement assez déçu par ce pilote.

Faire un résumé de Touch en deux mots n’est pas facile, car l’histoire reste pour le moment assez obscure ; c’est sans doute volontaire mais ça n’aide pas à rentrer dedans facilement. Touch suit un petit garçon de 10 ans, Jake, autiste profond n’ayant jamais prononcé un seul mot mais qui semble avoir un intérêt particulier pour les nombres : il recopie sans cesse des séries de chiffres qui n'ont à priori aucun sens. Dans le pilote, le père de Jake (Sutherland) comprend que ces chiffres sont un moyen pour Jake de communiquer et même… de prévenir l’avenir ! Parallèlement à cela, un téléphone portable oublié dans un aéroport fait le tour de monde, passant de main en main et mettant en contact malgré eux des individus qui n’auraient jamais du se croiser.


L’impression que me donne la série est que Tim Kring (créateur de Heroes, très mauvaise série selon moi) s’est contenté de pomper à droite à gauche tous les concepts qu’il trouvait intéressants pour les mélanger et nous servir une histoire quelque peu indigeste pour le moment. Ses deux sources principales d’inspiration sont Babel de Inarritu et Lost de JJ Abrams. On peut au moins reconnaitre que Tim Kring a du gout. De Babel, on retrouve l’idée des personnes étrangères liées autour d’une même histoire. On a donc les mêmes ambiances reproduites quasi à l’identique : le Japon avec ses couleurs roses fluo et ses adolescentes accro aux nouvelles technologies, le Moyen-Orient sableux avec des gosses un peu perdus qui se retrouvent à jouer avec le feu, et l’occidental loin de chez lui qui doit faire face à un drame personnel. A ce niveau là, ça n’est plus de l’inspiration, c’est clairement du plagiat. Et tenter de faire mieux que Babel n’est pas une tache facile. De Lost, on  retrouve également le thème des héros qui se croisent sans le savoir (c’était bien plus subtil dans Lost). On a surtout les mystérieux chiffres gagnants du loto qui reviennent sans cesse dans tout l’épisode si bien qu’on s’attend quasiment à voir débouler Hurley, le gagnant maudit du loto dans Lost.
Ajoutez à cela quelques poncifs comme la suite de Fibonacci qu’on nous ressort régulièrement depuis The Da Vinci Code ou encore les cahiers recouverts de chiffres qui prédisent le futur déjà vus dans des films comme Le nombre 23 ou Prédictions, loin d’être inoubliables.

Bref, Tim Kring plagie. Mais après tout pourquoi pas, si ça sert son récit. Or pour le moment, tout ça est un peu facile, un peu brouillon et surtout moins réussi que les modèles. J’espère sincèrement que le scénario se solidifiera dans les prochains épisodes (qui ne seront bizarrement diffusés qu’à partir du 19 mars aux États-Unis). J’espère aussi que le jeu de Sutherland s’affinera avec le temps. On a du mal à oublier Jack Bauer et on s’étonne même que le héros se fasse aussi facilement casser la gueule dans Touch.
En conclusion, je ne suis pour le moment pas convaincu. Les prochains épisodes devront vraiment assurer pour que je continue de m’intéresser à la série. A suivre, donc…

vendredi 27 janvier 2012

Grey's lobotomy

En ce moment, TF1 diffuse la 7ème saison inédite de Grey’s Anatomy à coup de 3 épisodes par semaine (bah oui, il faut bien rattraper le retard : les américains diffusent la 8 en ce moment). Tous les mercredis, c’est l’énorme carton en France comme aux USA. Et ça fait 7 ans (ou 8, c’est selon) que ça dure ! Et ben je ne comprends pas. Alors, c’est vrai, ça fait bien longtemps que je ne regarde plus, mais je me suis quand même fait les 2 premières saisons (et même un bout de la 3) qui m’ont largement suffi ! Et pour moi, cette série ne mérite pas du tout le succès qu’elle reçoit. Voilà 5 points qui expliquent pourquoi :

- Meredith : le plus gros problème de la série est un problème de poids : son héroïne ! Je n’ai à priori rien contre Ellen Pompeo, mais je ne supporte pas Meredith Grey. C’est bien simple, j’ai envie de lui donner des gifles à chacune de ses apparitions. Son incapacité à être heureuse, sa complaisance à se plaindre sans arrêt me soule ! On dirait que les scénaristes lui ont imposé ce que mon petit frère et moi-même appelons le syndrome "Laure-de-Sous-le-soleil" : si elle ne chiale pas au moins une fois dans un épisode, c’est que celui-ci est raté. Elle donne envie de la prendre par les épaules pour la secouer une bonne fois pour toutes ! Bref, ses moues, ses minauderies et ses discours interminables et incompréhensibles en voix-off m’ont lassé très vite. Qu’elle prenne un peu de plomb dans la cervelle, que diable !

Ceci n'est pas une pub...
- Le Dr. Mamour (Patrick Dempsey) : L’autre problème majeur de la série est le mannequin Men Expert L’Oréal qui se promène dans les couloirs de l’hôpital. Tous les personnages ont l’air de ploucs dans leurs pyjamas bleus informes. Mais pas lui. Lui, il a toujours le parfait sourire Colgate, la mèche Petrol-Hahn rebelle et le rasage Wilkinson de trois jours. J’ai l’impression qu’on se fout de moi à chaque fois qu’il apparait : ce mec joue la comédie ou bien prend-il la pose ? Ok, le type est beau gosse mais faites lui dire quelque chose d’intéressant. Et là il faut dire qu’il n’est pas aidé par les scénaristes lui non plus. Je trouve Dereck très très creux. C’est au mieux un bon faire-valoir pour Meredith : v’là la performance ! Et comme si on cherchait à le décrédibiliser le plus possible, on lui a trouvé le surnom le plus stupide de toute l’histoire des surnoms de midinette !

- Les cas improbables : dans Grey’s Anatomy, on est bien loin des Urgences : on ne soigne pas les entorses ni les gastro. On ne se rabaisse pas à traiter les bobos ou les brulures (sauf si elles sont au 3ème degré sur 70% du corps – cf. l’accident de Georges*). Bref, au Seattle Grace Hospital, on ne traite que les maladies qui ne tachent pas et de préférence celles qui versent facilement dans le pathos : les cancers, les crises cardiaques ou les ruptures d’anévrisme. Il s’agit de chirurgiens et non pas d’urgentistes, va-t-on me dire. Ok, mais quand même, chaque patient qui débarque est LE cas rarissime qu’on ne soigne qu’une fois dans une vie. Le seul autre médecin à avoir traiter autant de patients hors-normes s’appelle Dr House. Bref, ce défilé de bizarreries finit par nuire à la crédibilité de la série. Et quand Meredith en vient à assister un chirurgien en empêchant la bombe située dans la poitrine d'un patient d’exploser (ça s’invente pas), on se dit qu’on va peut-être changer de chaine…


- Des personnages figés : au début, j’appréciais bien les personnages secondaires de la série. Certains d’entre eux étaient même de belles trouvailles ; George notamment m’avait pas mal plu : ce gars peu sur de lui, timide, bégayant était réussi (chapeau bas à T.R. Knight). Mais problème : ces personnages ont vite fonctionné en boucle. Ils évoluaient joliment au fil d’un épisode pour revenir à leur état initial l’épisode suivant. Par exemple, Cristina fait tout pour être la meilleure avant de comprendre qu’elle ne doit pas écraser les autres. Et à l’épisode d’après, c’est rebelote : retour à la case départ, elle oublie ce qu'elle a appris et redevient la même. Pareil pour Alex, l’arriviste qui montre qu’il peut finalement changer mais qui redevient la même crapule la semaine suivante. Difficile pour un personnage de murir dans ces conditions. Même George a fini par s’enfermer dans son rôle pour devenir une caricature de lui-même. Dommage. Il parait que ça s’arrange dans les saisons suivantes. Tant mieux.

- Le départ d’Izzie : N’importe quelle série qui se sépare de Katherine Heigl est une série qui ne tourne pas rond ! Alors, je sais bien, c’est elle qui a voulu partir mais quand même, le feuilleton a perdu un bel atout charme ce jour-là. J’admets qu’elle aussi a l’air de sortir tout droit d’une publicité mais son personnage était bien moins insupportable que celui du Dr Mamour (sérieux, je ne m’y ferai pas, à ce surnom)… Sans compter que le duo qu’elle formait avec Alex était sympa.

Bref, on l’aura compris, Grey’s Anatomy, ce n’est pas vraiment ma came. Mais que ceux qui l’aiment se rassurent, la série se porte bien et devrait encore connaitre quelques saisons !

*Je dois reconnaitre que le départ de George est l’une des meilleures scènes de la série : sans voir l’épisode entier, c’est l’un des meilleurs cliffanghers que j’ai vus.

lundi 23 janvier 2012

Meilleurs ennemis

En écrivant un post sur Boss, je me suis interrogé sur les personnages mauvais, les méchants dans les séries télé. J’ai d’abord constaté qu’un grand nombre de séries présentaient des personnages principaux à la morale douteuse (Boss, Breaking Bad, les Sopranos, Dexter, Dirty Sexy Money, Boardwalk Empire pour n’en citer que quelques unes). J’ai surtout constaté que dans d’autres séries où les héros incarnaient des valeurs plus légales, les personnages secondaires mauvais recevaient souvent un soutien très fort des téléspectateurs, parfois plus fort que les héros. J’y vois au moins trois raisons, qui varient selon les genres de série dans lesquelles ils apparaissent :

- Dans les comédies, ils nous font rire : les personnages de méchants y sont particulièrement jouissifs. Sans limite, ils expriment tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Ils sont politiquement incorrects et lancent des répliques souvent extrêmement borderlines.
Des exemples : Ling dans Ally McBeal était égoïste, méprisante, peste, insultante mais hilarante. Apparue au début en tant que guest, ses répliques qui tuent et ses rugissements de lions lui ont permis de s’élever au rang de personnage principal. 
Dans Glee, le personnage de Sue Sylvester compte parmi les plus populaires de la série, même si à la base, les créateurs de la série n’étaient pas surs qu’elle reviendrait dans la série(son interprète (Jane Lynch) s’étant engagée sur un autre série qui n’a finalement pas vue le jour). Pourtant, la coach des pompom girls est devenue une figure mythique de la série pour ses piques déplacées souvent liées au physique. 
Dans Entourage, avec le colérique Ari Gold, les scénaristes se permettent là aussi des répliques misogynes, racistes et homophobes et ça passe sans problème. Pourquoi ? parce que le personnage n’est pas foncièrement mauvais : il hurle, il s’agite, il provoque mais il n’en reste pas moins l’un des alliés les plus fidèles du héros.
Autre cas, la débridée et regrettée Edie Brit devient très vite la 5ème desperate housewives dés le début de la série ; ses réflexions blessantes mais souvent franches ont permis plus d’une fois aux héroïnes d’ouvrir les yeux.
Le plus grand danger pour ses personnages est de devenir gentil : devant leur popularité toujours grandissante, les scénaristes essaient de leur donner du fond et de justifier leur méchanceté. Si cela a bien fonctionné pour Ari Gold, ça a moins payé pour Sue Sylvester qui perd tout son intérêt lorsqu’elle fait preuve d’humanité.

- Dans les dramas, ils peuvent se repentir : les méchants y sont souvent moins caricaturaux que dans les comédies. Plus subtils, moins manichéens, ils finissent toujours par évoluer. Dans le bon sens… ou pas. Et c’est cette dualité qui les rend parfois aux yeux du téléspectateur plus abordables et plus humains que les gentils.
Des exemples : Dans X-Files, Alex Krycek reste selon moi un des personnages les plus intéressants de la série. Au début présenté comme un traitre, il fait équipe avec Mulder pour le compte de l’homme à la cigarette. Trahi à son tour, Krycek va tracer son propre chemin, sur la voie de la rédemption à mi chemin entre la vertu (représentée par Mulder et Scully) et le mal*. 
De même, le vampire Spike s’impose comme un des personnages, si ce n’est le personnage le plus attachant de Buffy ! D’abord introduit comme un ennemi drôle et pathétique, Spike se retrouve obligé en saison 4 de faire alliance avec Buffy et tombe même amoureux de cette dernière : déchiré entre ses instincts de vampire et ses sentiments, il devient de plus en plus humain. On découvre alors un personnage fragile, peu sûr de lui, mais loyal et même prêt à risquer sa vie pour sauver Buffy. 
Dans Lost, le gentil Jack s’oppose très vite au méchant Sawyer. Celui-ci, par instinct de survie, préfère s’isoler du reste du groupe puisque, c’est bien connu, l’enfer, c’est les autres. Mais comme on est dans Lost, Sawyer n’est évidemment pas monolithique. Et là encore, des sentiments amoureux et amicaux l’amènent à s’humaniser au fil des saisons pour finalement inverser les rôles avec Jack et devenir le sauveur du groupe. 
Toujours dans Lost, le très méchant Ben Linus, introduit en saison 2, reste un des plus beaux salauds de l’histoire des séries. Manipulateur, menteur, traitre, il est longtemps LE type à abattre. Et puis, à un moment précis en cours de saison 5, le personnage trébuche, et sa chute est passionnante. Il perd tous ses repères, ne sait plus où aller ; l’ancien bourreau devient alors un petit bonhomme fragile. Et le personnage prend une ampleur incroyable. 
Dans le même genre, T-Bag, meurtrier malsain, raciste et pervers de Prison Break est également un personnage bizarrement passionnant. Répugnant et dangereux, il fascine pourtant parce qu’il représente tous les pires interdits de la société. Et puis, fatalement, à un moment donné, lui aussi chute et perd son aplomb au fil des épisodes. Et le plaisir du spectateur devient alors de voir jusqu’où le personnage va tomber.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que la vie n’est pas simple pour ces méchants de drama. Les scénaristes prennent plaisir à se venger des méfaits de ces personnages. Si beaucoup d’entre eux cherchent la rédemption, celle-ci a un prix. Parmi les personnages cités ci-dessus, deux d’entre eux vont perdre un bras, un autre va voir sa fille mourir sous ses yeux et un autre encore va y laisser sa peau. Méchant ? un métier à haut risque…

- Dans les soaps, ils sont sources de rebondissements : ici, les méchants ont une autre fonction, forcément appréciée du public : ils foutent le bronx et relancent l’action. Aussi caricaturaux que les méchants de comédies, ils ne sont cette fois-ci pas là pour plaisanter mais pour se déchainer sur les gentils de la série. Sans foi, ni loi, ils sont irrécupérables. Et les scénaristes s’en donnent à cœur joie pour cumuler en eux toutes les tares de la société. Mais grâce à eux, le récit évolue. Et pour ça, on leur dit merci !
Des exemples : pour faire court, qui ne se souvient pas de JR Ewing dans Dallas et de Amanda Woodward dans Melrose Place ? L’un comme l’autre, ils en ont fait voir de toutes les couleurs à leurs ennemis. Tous deux sont increvables et ont survécu à plusieurs tentatives d’assassinats. Et preuve de leur popularité, tous deux apparaissent en personnage secondaire dans la suite des séries qui les ont vu naitre : Melrose Place, nouvelle génération (sortir en 2009, annulée en 2010) pour l’une et Dallas (prévue pour l’été 2012) pour l’autre.

 

*Pffiu, c’est beau ça…

lundi 16 janvier 2012

Golden Globes 2011: les résultats

The Artist et Jean Dujardin ont un peu monopolisé l’attention des Golden Globes mais comme je le disais ici, cette cérémonie ne s’intéresse pas uniquement au cinéma et récompense également les séries télé. Petite réaction à chaud du palmarès d’hier soir.

Franchement déçu que New Girl n’ait rien reçu. Il faut dire ce qui est : Modern Family reste la série la plus drôle du moment. C’est donc largement mérité ! Mais j’aurais aimé que les Golden Globes récompensent Zooey Deschanel qui fait un vrai buzz un peu partout sur le net plutôt que Laura Dern qui n’a pas vraiment besoin de ce prix pour montrer qu’elle est une grande actrice !

Ma plus grande surprise de la soirée reste la récompense de Matt Le Blanc pour Episodes – même si j’ai forcément une affection particulière pour notre éternel Joey. Et d’après ce que j’ai pu lire à droite à gauche, je ne suis pas le seul à m’en étonner ! La série pourtant renouvelée pour l’année prochaine, n’a pas été un carton d’audiences et encore moins un carton critique. Pas descendue pour autant, je dois dire qu’elle est passée relativement inaperçue, ce qui n’est pas forcément un bon signe. Allez, ça fait quand même plaisir de constater qu’il y a une vie après Friends

Coté drama (et oui, comme souvent aux USA, les Golden Globes séparent intelligemment comédie et drama), c’est sans surprise que Homeland et Boss ont été récompensés. Ça place définitivement les deux séries dans les incontournables de l’année. Même si je n’ai pas encore pu juger de la qualité de Claire Danes dans Homeland, j’aurais quand même vraiment aimé voir Mireille Enos remporté la statuette. The Killing lui doit tant… Dommage…

Enfin, coté mini-séries et téléfilms, je ne m’étonne pas du succès de Kate Winslet. Je n’ai pas vu Mildred Pierce, mais où qu’elle aille, elle est toujours parfaite. Et ce Golden Globe était bien le seul qui manquait à sa collection (elle en a eu 2 pour les catégories cinéma en 2009 !). Quant à Dowtown Abbey, elle remporte la meilleure mini-série : étrange puisque cette série britannique compte déjà 2 saisons et a même été renouvelée. Cela dit, ça confirme ce que je pensais déjà : encore une série qui mériterait que je m’y intéresse de près !

samedi 14 janvier 2012

Boss : tous des pourris !

Ça y est, j’ai terminé les 8 épisodes qui composent la 1ère saison de Boss. Je confirme ce que je disais la semaine dernière (), c’est une belle réussite ! Très bien réalisée, la série fait partie de celles qui ont le plus soigné leur forme ces dernières années (avec Breaking Bad ou The Killing, par exemple). Les ambiances bleutées glaciales servent parfaitement le récit, tout aussi glaçant. Et comme le soulignait un blogueur* ici, l’utilisation des très gros plans et les jeux de focale nous présentent les personnages au plus près de leurs émotions. Si Gus Van Sant n’a réalisé que le pilote, les suivants ont su maintenir le niveau.

Le fond est aussi réussi que la forme : au cours des primaires d’une campagne électorale pour le poste de gouverneur, les jeux d’alliance et de manipulation se jouent et se déjouent entre les deux candidats, les forces économiques et politiques de la ville de Chicago et le maire, Thomas Kane. Celui-ci, magistralement interprété par Kelsey Grammer (d’ordinaire connu pour ses rôles comiques aux USA), est un personnage bien pourri jusqu’à la moelle. Mais ça tombe bien parce qu’il n’est pas le seul : de la femme du maire jusqu’au jeune candidat, en passant par le gouverneur sortant ou les 2 assistants du maire, il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. De mémoire de sériphile, j’ai rarement vu une galerie de personnages aussi prompts à se trahir les uns les autres ! J’avoue qu’à la mi-saison, j’ai eu un sentiment un peu étrange en regardant la série : comment continuer à suivre ces personnages aussi détestables ? On est bien loin de la noble vision de la politique qu’Aaron Sorkin présentait dans A la Maison Blanche. Ici, les héros ne servent que leurs intérêts propres  et j’en venais presqu’à me demander si j’avais envie de voir ne serait- ce qu’un seul d’entre eux atteindre ses objectifs. Et puis finalement, le jeu et le charisme des comédiens d’une part et la qualité de l’écriture des épisodes d’autre part l’ont emporté sur la basse échelle de valeurs des persos.

Mais quand même, je serais curieux de connaitre l’avis des vrais responsables politiques de Chicago. Lors de mon voyage sur place, cette ville me donnait justement l’impression de vouloir, depuis une quinzaine d’années, enterrer une bonne fois pour toutes sa réputation de ville de gangsters. Je me dis que Boss ne lui fait pas la meilleure des publicités. Peut-être que ses autorité politiques sont aussi vérolées que dans la série. Mais j’en doute. J’ai tendance à penser que des hommes politiques pourris à ce point ne pourraient pas rester au pouvoir aussi impunément… Mais peut-être que M. Sorkin m’a rendu trop naïf.

En tout cas, les trois derniers épisodes de la série sont magistraux et les 20 dernières minutes de la saison m’ont mis une claque. J’ai eu un peu de mal à m’en remettre. Et au final, j’ai très envie de voir la saison 2 (déjà commandée par la chaine Starz) pour savoir comment toutes ces ordures vont continuer à co-exister. D’ici là, je vais me plonger dans le monde des Bisounours avec la saison 5 des Sopranos… des saints à coté des héros de Boss.

*Par ailleurs, ce blogueur vient de poster aujourd'hui même un article intéressant sur les génériques de Boss et de Hung.

jeudi 12 janvier 2012

X-Files: une iconographie mythique


Plus qu’Urgences ou Friends, X-Files est peut-être LA série américaine des années 1990 en France. En tout cas, l’impact qu’elle a eu sur le public français est bien plus "envahissant" que n’importe quelle autre série. Avec X-Files, M6 lance ce qui deviendra sa fameuse trilogie du samedi, organise des conventions de fans, commercialise des produits dérivés et diffusent même la série deux fois par semaine (un soir pour des épisodes inédits, un autre soir pour des redif’) ! La série est un raz-de-marée. Et 10 ans après, il me semble qu’elle occupe toujours une place particulière dans mon panthéon des séries. Visuellement, X-Files est une grande réussite. Et ce qui me fascine avec cette série, c’est l’iconographie qu’elle a su mettre en place, surtout dans ses premières saisons. Grâce à quelques éléments, on sait immédiatement qu’on regarde X-Files, même si on arrive en cours d’épisodes.

- Les lampes torches : Avant X-Files, les séries télé avaient tendance à fuir les ambiances sombres, plutôt réservées aux salles obscures du cinéma. Mais la série choisit d’aller à contre-courant et de proposer des atmosphères de nuit, avec très peu de lumière. C’est malin : de cette façon, on évite d’en montrer trop, on économise les effets et les scènes n’en sont que plus stressantes. La photo de la série est hyper marquée par cette omniprésence de l’obscurité. Conséquence immédiate, les deux héros se baladent systématiquement avec des lampes torches plus ou moins grosses pour essayer d’y voir quelque chose. Ces simples accessoires permettent d’identifier la série au premier coup d’œil.

- Les portables : aussi cultes que les lampe-torches, les téléphones portables. Véritables précurseurs, Mulder et Scully passent leur temps au téléphone, et ce, bien avant que Jack Bauer ne s’en fasse greffer un dans la main. Plus les saisons avancent et plus les téléphones rapetissent, mais une chose est sure, Mulder et Scully n’ont pas beaucoup d’amis : la preuve, ils n’ont même plus besoin de se présenter au téléphone.

Ce qui est vrai dans un sens marche aussi dans l’autre sens.


- Les imperméables et le temps pourri : Mulder et Scully portent la poisse : où qu’ils aillent aux États-Unis, il fait toujours un temps de chiottes. Et les 2 agents se trouvent souvent obligés de sortir leurs imperméables. La vraie raison de cette météo pourrie vient du lieu de tournage de la série. Pour des raisons de budget, les premières saisons ont été tournées à Vancouver au Canada. Le climat local, pas très estival, a fini par donner un vrai charme à la série. Là encore, cette petite pluie incessante est devenue une marque de fabrique incontournable d’X-Files.

- La cigarette : avant Mad Men, la cigarette n’était pas un symbole de coolitude. Bien au contraire. Avant Mad Men, la cigarette était LE MAL. La faute à l’homme à la cigarette, l’ennemi numéro 1 de Mulder. Celui qui connait les réponses, qui fomente des complots et qui pourrit le gouvernement américain de l’intérieur (en anglais, on le surnomme parfois the cancer man). La clope devient une véritable institution pour la série : un simple plan sur un mégot ou sur un briquet, et c’est tout l’épisode qui bascule dans la théorie du complot.
- Les badges : Mulder et Scully présentent leurs badges plusieurs fois dans chaque épisode (à commencer par le générique). Véritables sésames, ils leur permettent d’entrer à peu près n’importe où et d’interroger n’importe qui. Objet culte de référence, les badges d’X-Files deviennent très vite des must-have pour les fans absolus. 

- Le poster de Mulder : au dessus de son bureau, Mulder a un poster, devenu lui aussi cultissime. A lui-seul, il représente la série. Malgré son coté amateur, il symbolise tout le personnage de Mulder, qui est prêt à croire n’importe quel phénomène, même à partir d’une photo floue. La légende veut que ce poster ait été créé par l’équipe déco, à la dernière minute pour charger un peu plus les murs du bureau de Mulder.

- La coupe de Scully : Reconnaissables entre mille, les silhouettes du grand brun et de la petite rousse sont devenues, elles-aussi, mythiques. Si la coupe de Mulder n’a pas beaucoup évolué en 9 ans, celle de Scully a pas mal changé au fil des saisons. Ce site, ici, propose de voter pour votre coupe préférée. Pour moi, c’est tout vu, je suis d’accord avec le site : la coupe de Scully, c’est celle de la saison 4 (qui se trouve être pour beaucoup, la saison la plus réussie).

- Le générique et la musique de Mark Snow : totalement incontournable, la musique du générique d’X-Files est ultra-mythique. Et pourtant elle est hyper simple : des phrases de 6 notes basiques répétées en boucle. C’est ce qui en fait sans doute son génie. Tout le monde connait cet air, même ceux qui n’ont jamais regardé la série (ils existent ?). Mais la musique de la série ne se limite pas à celle du générique. Elle est omniprésente : de longues nappes qui durent, peu mélodieuses, et qui accompagnent la quasi-totalité de chaque épisode. Sans l’image, on est déjà capable de reconnaitre le programme, ce qui n’est pas si courant pour une série télé.


 
Ainsi, à partir de simples accessoires et des quelques effets, X-Files s’est forgé une identité visuelle très forte, assez inoubliable. Celle-ci a fortement contribué au succès de la série et lui permet de traverser les années sans trop vieillir. De là à imaginer qu’elle pourrait revenir pour un ultime film en 2012 (date clé de la mythologie X-phile), on peut toujours rêver…

jeudi 5 janvier 2012

Chicago en série

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De retour après une semaine passée à Chicago, je l’annonce tout de suite : non, je n’ai pas vu le Cook County Hospital, trop décentré et sans doute pas très fascinant à voir ! Je n’ai même pas réussi à trouver un panneau Cook County à prendre en photo pour ma collection personnelle de lieux mythiques de séries*. En même temps, Chicago est situé en plein dans le comté de Cook et chercher un panneau de ce type revient à chercher un panneau qui indiquerait la direction de l’Île de France sur la place de l’Etoile à Paris.

Tant qu’on y est, je n’ai pas non plus croisé le très tatoué Michael Scoffield en train de s’enfuir de sa prison, ni la good wife Alicia Florrick à la sortie du palais de Justice.

Mais en revanche, à peine rentré en France, je me suis rué sur la série Boss, une nouveauté de cet automne, qui a pour personnage principal Tom Kane, le maire de… Chicago ! Je n’ai vu que le premier épisode mais ça promet. Cette série produite par Gus Van Sant -qui a également réalisé le magnifique pilote- raconte les arcanes du pouvoir au sein de la mairie et suit les actions de Kane, un homme charismatique, autoritaire, colérique et atteint d’une maladie dégénérative qui ne lui laisse que quelques années à vivre (bon, ok, ça ressemble un peu à Breaking Bad sur le papier mais en fait pas trop). Pour ce que j’en ai vu, c'est-à-dire pas beaucoup, je me dis qu’on a affaire à une potentielle pépite, très bien écrite, avec un ton violent (dans les propos plus que dans les images), une photo crue, réaliste et des comédiens vraiment glaçants par moment. J’en dirai sans doute plus quand je me serai avalé les 8 épisodes de la saison 1.

Cerise sur le gâteau, on voit évidemment très bien la ville de Chicago, comme en témoigne le générique ci-dessous ou la scène du pilote qui se déroule au pied du fameux Cloud. Et ça, c’est vraiment un plaisir de plus quand on en revient !


Mise à jour: bon, visiblement, la Starz ne veut pas qu'on montre d'images de sa série sur Youtube. Le lien ci-dessous est cassé mais je vous propose d'aller ici pour voir le générique sur Dailymotion.

*Pour le moment, cette collection se résume à une photo : l’angle de Bedford et de Grove Street à NYC, là où sont supposés habiter les Friends.