lundi 23 septembre 2013

Breaking Bad en 12 scènes : le meilleur du pire.



Dimanche soir sera diffusée sur AMC le dernier épisode de ce qui est d’ores et déjà considéré comme une série culte, tant par les critiques que par les téléspectateurs : Breaking Bad. Véritable chef d‘œuvre d’écriture, de réalisation et de jeu, la série de Vince Gilligan se hisse au rang des meilleures productions télévisées de ces dernières années, avant même d’avoir achevé sa diffusion. Pour rappel, Breaking Bad raconte l’histoire d’un prof de chimie de lycée, Walter White, qui se découvre un cancer incurable et qui choisit d’user de ses connaissances pour fabriquer de la méthamphétamine afin de subvenir aux futurs besoins de sa famille. Le milieu de la drogue n’étant pas celui des Bisounours, Walter gravit petit à petit les échelons de la criminalité, par instinct de survie ou par soif de pouvoir. 
Deuxième série commandée par AMC en 2008, Breaking Bad réussit l’exploit très inhabituel de gagner des parts d’audience chaque année en multipliant quasiment par cinq le nombre de spectateurs au fil des saisons. Mais ne nous y trompons pas, ceci n’est pas un effet de mode. Breaking Bad est une perle rare. Une des rares séries dans laquelle chaque saison dépasse en qualité la précédente. Une de celles qui font l’unanimité. Une de celles qui vont me manquer. Retour en arrière sur 5 saisons qui ont apporté leur lot de surprises et de chocs. En voilà une sélection personnelle parmi ceux qui m’ont marqué.
(Je préviens dès maintenant que cet article contient de nombreux spoilers des premières saisons mais ne dévoile rien de la dernière saison actuellement en diffusion)


 
La baignoire d’acide (s1e2) : premier choc, et non des moindres. Walter et Jesse, son jeune acolyte, doivent se débarrasser du corps d’un dealer lancé à leur poursuite (le premier d’une longue liste). Sur les ordres de Walt, Jesse prépare un bain d’acide pour y dissoudre le cadavre. Mais plutôt que de suivre les instructions du prof de chimie qui lui recommande l’usage d’un baril en plastique, Jesse préfère utiliser sa baignoire qui ne résiste évidemment pas à l’acide choisi. La baignoire fond, le plancher de la salle de bain aussi et les restes du dealer se retrouvent éparpillés un étage plus bas. Le ton est donné, Breaking Bad ne nous épargnera rien. Sans tomber dans le gore, la série affronte brutalement les réalités de la chimie, de la drogue et de la maladie. Les corps humains y sont fragiles et souvent maltraités. D’ailleurs, comme pour rappeler d’emblée cet était de fait, chaque personnage de la série présente une particularité physique qui l’affaiblit : Walt est malade, sa femme Skyler est enceinte, son fils Walter Jr. est paralysé, son beau-frère Hank est en surpoids et Jesse est accro au Amphét’.

L’étranglement de la cave (s1e3) : ayant pris en otage un autre dealer (collègue du précédent), Walter se retrouve face au dilemme de savoir quoi en faire. Et finalement, après avoir discuté longuement et calmement de sa maladie avec le prisonnier, Walt panique et étrangle ce dernier. La scène est longue, dure. Mais c’est l’une des caractéristiques de Breaking Bad : les scénaristes prennent leur temps et installent des scènes dans la durée, pour aller jusqu’au bout des choses, jusqu’aux limites de chaque conversation. Il en résulte un suspense haletant et une tension maintenue de bout en bout à chaque épisode.

La première explosion d’Heisenberg (s1e6) : Walter White se créé un alter-ego pour évoluer dans le monde de la drogue : Heisenberg. Et avec ce personnage, Walt laisse libre-court à ses plans les plus maléfiques. Comme par exemple utiliser ses connaissances chimiques pour faire exploser la cache d’un parrain de la drogue. Rien que ça. Au fur et à mesure des saisons, Walt ne recule devant rien et se permet tout. D’une intelligence supérieure à la moyenne, il domine ce monde de malfrats, peu habitué à se confronter à un QI aussi élevé.

L’enfant chez les addicts (s2e6) : La drogue, c’est mal, on le sait. Mais la drogue c’est sordide, glauque. Et notamment dans cet épisode où Jesse tente de récupérer de la came volée par un couple de toxicos. En pénétrant dans leur maison, il prend conscience de la réalité des amphét’. Et nous aussi. D’autant plus qu’un enfant vit avec le couple, dans la misère affective et matérielle la plus absolue. Le héros de Breaking Bad a beau se faire un max de thunes en dealant, la série n’est en aucun cas une apologie de la drogue. Bien au contraire. 


Non-assistance à personne en danger (s2e12) : Walt a besoin de Jesse pour préparer ses amphéts. Sauf que celui-ci préfère se camer avec sa copine, Jane. Le jour où Walt passe voir Jesse pour le convaincre de reprendre, il surprend le couple en plein bad trip. Pire, il assiste sans réagir à l’overdose de Jane qui s’étouffe dans son vomi. Plutôt que d’aider la jeune femme, il préfère la regarder mourir et laisser Jesse culpabiliser de la mort de Jane. La relation qui unit les deux hommes prend un tournant très malsain (si tant est qu’elle ait été saine à un moment) : Walt fera désormais ce qu’il veut de Jesse et de son entourage pourvu que ça lui rende service.

L’attaque des jumeaux mexicains (s3e7) : Gus Fring, le patron de la drogue qui emploie Walt, cherche à protéger son chimiste des menaces des concurrents et notamment deux frères jumeaux mexicains redoutables. Pour faire d’une pierre deux coups, il détourne leur attention sur Hank, le beau-frère de Walt qui bosse chez les stups et qui subit alors une attaque d’une violence sans précédent. Même s’il survit, on assiste là aussi à une spécificité de Breaking Bad : les combats, les coups de feu et les accidents sont réalistes et peuvent donc être mortels. Ce réalisme allié à la durée particulièrement longue de chaque scène donne des scènes d’un stress rarement atteint à la télévision.

Le doigt sur la détente (s3e13) : pour survivre face à Gus qui se méfie de son employé, Walt doit s’assurer qu’il reste le meilleur chimiste. Quitte à éliminer les rivaux. Et justement, pendant que Jesse était en désintox, Walt a été contraint de former le gentil Gale, maintenant sur le point de surpasser le maitre. Mais c’est sans compter sur la personnalité sans scrupules de Walt qui décide de l’éliminer. Ou plutôt de confier cette mission à Jesse, pour ne pas être directement impliqué. Il envoie donc le pauvre gars abattre froidement Gale. Et le cliffhanger particulièrement intenable de cette saison 3 nous montre un Jesse en pleine hésitation et en plein désarroi face aux ordres de sono "boss" : jusqu’où peut-il aller pour Walt ?


Les déductions de Hank (s4e7) : Même si son beau-frère est le criminel qu’il recherche, Hank est un bon flic. Comme on est dans Breaking Bad, ses enquêtes évoluent lentement mais surement. Pas de laboratoire ultrasophistiqué pour analyser un ADN ou une douille en deux minutes. Non, Hank réfléchit à son rythme, mais avec i
ntelligence. Et la fin de cet épisode 7 vient le prouver magistralement. Posément, il vient exposer à son supérieur sa théorie sur le trafic d’amphétamines. Sa rhétorique est impeccable, ses preuves incontestables. Si on oublie qu’il ne voit pas le rôle que Walt joue dans cette opération, c’est un sans-faute qui vient nous rappeler que Walt est loin d’être le seul cerveau de la série. Encore un cliffhanger magistral.

Ricine et explosif (s4e13) : la fin de la saison 4 compte parmi les moments les plus forts de la série. Walt trouve le moyen de se débarrasser de Gus Fringe et de prendre le commandement de toute la filière qu’il a contribué à monter. Encore une fois, il utilise les grands moyens et fait littéralement exploser son ancien patron. Visuellement, Breaking Bad reproduit une fois de plus l’exploit de rester parfait même avec des scènes qui auraient pu être insoutenables dans une autre série. Et le plus réussi de cette fin de saison ne réside pas dans cette explosion mais dans le dernier plan de l’épisode. Trop complexe pour être résumé brièvement ici, ce plan nous révèle l’ampleur de la noirceur du personnage de Walt qui est prêt à tout pour parvenir à ses fins. Et quand on dit tout, c’est tout. Ce type n’a plus de morale. Depuis ce moment-là, personnellement, j’attends qu’il tombe.

La dépression de Skyler (s5e3-4) : souvent décrié sur Internet, le personnage de Skyler me plait pourtant beaucoup. Cette mère de famille est contrainte de participer aux activités criminelles de son mari dans le seul but de protéger ses enfants. Et forcément ça tape un peu sur le système. Comme le prouve l’épisode 3 de la saison 5 où elle envoie chier sa sœur comme jamais elle ne l’avait fait auparavant. 

Ou comme le montre l’épisode 4 où elle décide d’en finir avec sa vie sous les yeux ébahis de sa famille. Très forte, Skyler est la seule qui peut véritablement faire plier Walt. Il lui faut juste du temps pour se rendre compte de cette force, au fur et à mesure de la série.

 
L’attaque du train (s5p1e5) : Pour pouvoir continuer à cuisiner des amphéts, Walt et sa petite bande décident de vider le wagon-citerne d’un train, contenant de la méthylamine, nécessaire à la préparation de la drogue. L’opération est calculée au millimètre près. Les moyens techniques et la réalisation de cet épisode sont magistraux. Le braquage du train devient instantanément une des scènes les plus cultes de la série. D’autant que sa conclusion, aussi surprenante que terrifiante vient marquer le spectateur déjà bien cramponné à son fauteuil. Je vous le dit, il ne fait pas bon de faire du vélo dans le désert du Nouveau-Mexique. Et il ne fait pas bon d’être témoin des méfaits de Walter White.

La montagne de billets (s5p1e8) : tandis que Walt prépare ses drogues, Skyler s’occupe de blanchir l’argent du couple grâce à la station-service que possède le couple. Sauf que Walt rapporte beaucoup d’argent. Vraiment beaucoup. Et qu’il est impossible pour Skyler d’en écouler autant. Et c’est pour cette raison qu’elle finit par mettre son mari devant le fait accompli en l’emmenant dans un box de stockage pour lui montrer la pile de billet amassés. Elle parvient alors à lui faire entendre raison : enough is enough. Et Walt accepte. Les scénaristes nous font croire un instant qu’on va vers un happy end. Mais c’est sans compter la seconde partie de la saison 5 diffusée cette année.

A l’heure où j’écris ce post, le final de la série n’a pas encore été diffusé. Mais je peux d’ores et déjà dire que l’intégralité de la seconde partie de la saison 5 (diffusée un an après la première partie pour faire durer le plaisir) compte parmi les meilleurs moments de la série. Chaque épisode, chaque scène, chaque personnage (clin d’œil à Marie qui se dévoile complètement dans cette saison) est traité à la perfection. J’aurais pu écrire un article entier sur ces 8 derniers épisodes mais il m’aurait alors fallu en raconter l’intégralité car tout y est remarquable : la réaction de Hank, de Marie, de Flynn, la rencontre de Jesse et Marie, l’essence dans le salon, la fusillade, les louboutins dans le désert, le couteau de cuisine, les barils de fric, la cigarette de ricine… Prévue de longue date, la fin de la série est parfaitement contrôlée par les scénaristes. Et tous les épisodes témoignent d’une maitrise absolue de l’art d’écrire pour la télévision. Chaque semaine, je suis toujours surpris de voir venir la fin de l’épisode tant j’ai été happé par le récit. Ceux qui ont crié (à juste titre) au génie devant l’épisode 9 de la saison 3 de Game Of Thrones devrait jeter un œil à Breaking Bad. Enorme bombe, gros niveau…


Mise à Jour post-final (SPOILERS): ça y est, la série est terminée. Et comme il fallait s'y attendre, le dernier épisode boucle le tout de façon magistrale (au passage si vous voulez une explication du génial titre de ce final, allez lire le 1er commentaire sur cette page). Sans jouer la surprise et le twist sorti de nulle part, Vince Gilligan remplit le contrat qu'il avait passé avec son public dés le pilote. Il nous l'avait dit: son héros ne survivra pas. D'une manière ou d'une autre, il est condamné. Et donc logiquement, la fin de série voit Walt tomber définitivement.

Mais au regard du très léger rictus qu'on voit sur son visage dans les dernières secondes, on peut se dire que Walt part vainqueur. Il a lavé sa femme de tout soupçon, il a révélé où était enterré Hank et au cours d'une scène au combien stressante avec ses anciens associés, il s'est assuré que Walt Jr toucherait ses 10 millions de dollars à sa majorité (je souhaite bien du courage à Elliot et Gretchen pour déposé tant de cash sur un compte en banque sans attirer les soupçons). Il a terminé sa journée en éliminant ses ennemis et concurrents au cours d'une de ses derniers plans diaboliques. So Breaking Bad!

La question qui restait véritablement en suspends au début de ce dernier épisode concernait la survie de Jesse. Là encore, Vince Gilligan fait le bon choix en le laissant partir, détruit mais libre. Pour ça, je l'en remercie, parce que quand même Jesse, je l'aime beaucoup. Malgré sa poisse légendaire, c'est la première victime de tout ce bordel. See you, bitch!
Je terminerais en vous conseillant la lecture de ce billet de Dominique Montay qui résume parfaitement ce que je pense de cette fin de saison (et notamment que le sommet de la série a été atteint lors du magistral épisode 5x14)
Bravo Vince, thanking bad.
 

dimanche 15 septembre 2013

The Fall: G. Anderson est à tomber!



Au début de l’été, les anglais ont encore frappé et nous ont livré un nouveau petit bijou : The Fall. Diffusée sur la BBC two au Royaume-Uni et sur RTE One en Irlande, la première saison très courte  compte tout juste 5 épisodes. Ce qui, pour un polar, est toujours très bon signe car c’est souvent synonyme d’un scénario bien construit et bien maitrisé. Mais le vrai plus de cette série, celui qui attirera tous les sériphiles qui se respectent et qui mettra (presque) tout le monde d’accord, c’est son actrice principale. Pour la première fois depuis X-Files, Gillan Anderson tient le premier rôle d’une série ! Et ça, ça rend The Fall incontournable !!!




The Fall suit l’enquête de Stella Gibson (Gillian, donc), une commissaire de police envoyée à Belfast pour superviser les investigations autour d’un serial killer qui étrangle des jeunes femmes d’une trentaine d’année. Jusque là, rien de vraiment transcendant et de très original. Sauf que la série commence avec une scène qui nous montre le tueur en pleine action. On connait donc l’identité du meurtrier dès la 3ème minute du premier épisode. Et ça va même plus loin, puisqu’on nous présente un homme lui aussi âgé d’une trentaine d’année, marié, père de famille, bien intégré à la société et beau à se damner. Bref, un personnage pour qui le spectateur a immédiatement de l’empathie, malgré ses "hobbies" franchement répréhensibles. Et c’est un vrai tour de force des scénaristes et du comédien Jamie Dornan que de parvenir à rendre ce personnage terriblement attachant. Même pendant les scènes de meurtres, on se surprend à vouloir absolument qu’il s’en sorte. Belle perf’.

Pour contrebalancer ce personnage taiseux mais ultra-charismatique, il fallait bien un antagoniste à la hauteur. Et de toute évidence, Stella Gibson l’est. Fraichement débarquée à Belfast, Gibson n’est clairement pas là pour enfiler des perles. Peu aimable, voire carrément froide, la commissaire est venue pour faire son job et pas pour se trouver de nouveaux amis Facebook. Très professionnelle et très intuitive, elle a évidemment toujours un temps d’avance sur ses collègues. En ça, on retrouve un peu de Scully dans Gibson. Mais la ressemblance s’arrête là. Gibson est de prime abord bien moins aimable. Et surtout beaucoup plus consciente de son pouvoir et de son autorité naturelle qu’elle a sur les hommes en général et sur ses collègues en particulier. Et Gillian Anderson incarne ça avec délice et justesse. Je me répète, mais que c’est bon de la retrouver ! Son apparition, trop courte, cette année dans Hannibal, avait réveillé chez moi l’envie de revoir X-Files, pour profiter de sa prestation (j’assume, je suis de la #TeamScully) ; The Fall a comblé ce manque.

Avec deux personnages diamétralement opposés dans leurs objectifs mais pas si éloignés dans leurs personnalités et aussi attachants l’un que l’autre, on passe son temps à passer d’un camp à l’autre, tantôt en espérant que les flics progressent dans leur enquête, tantôt en priant pour que le tueur s’en sorte. C’est tout le génie de la série. Réussi à nous faire adopter différentes points de vue. Ce jeu du chat et de la souris est parfaitement retranscris dans ce magnifique teaser qui résume à lui seul les enjeux de la série.
 

Ajoutons à cela une photographie et une réalisation léchées, travaillées qui donnent à la série un ton particulier et une ambiance pesante, cohérente avec ce qu’elle raconte. Enfin, le rythme lent, réaliste de cette enquête qui avance à petits pas (on n’est pas dans 24h chrono) vient s’ajouter à la liste des nombreuses qualités de la série.

Pour ceux qui n’en peuvent plus d’attendre le retour de leurs séries favorites la semaine prochaine, je vous suggère donc de patienter avec ce court bijou, qui reviendra l’année prochaine pour une saison 2 (c’est le bémol de cette saison 1 : j’attendais une résolution à la fin du 5ème épisode).

lundi 12 août 2013

La méchanceté, cette valeur sure...

Breaking Bad revient pour son ultime saison. On le saura. Tous les réseaux sociaux sont en boucle sur cette info depuis une semaine. Et avec la diffusion hier soir du premier épisode de cette dernière fournée, le phénomène s’accentue encore plus. Jusqu’à l’overdose. Et jusqu’à craindre d’aller sur Twitter, de peur de se faire spoiler. Je rassure tout le monde : j’adore Breaking Bad, j’idolâtre totalement cette série et il me tarde d’être peinard chez moi ce soir pour pouvoir à mon tour mater le retour de Walter White. Et pourtant, il est loin d’être sympathique, ce cher Walter. On peut même dire qu’il est carrément flippant. Mais on l’aime pour ça. Et ça n’est pas le seul. Ils sont même de plus en plus nombreux. J’avais déjà écrit un papier sur la place des méchants dans les séries mais je m’étais concentré sur les seconds rôles. Or, les séries qui ont pour héros principal un vrai salaud pullulent. Voilà un classement des pires méchants de ces dernières années qu’on adore détester, du plus inoffensif au plus dangereux.

9. Sheldon Cooper (The Big Bang Theory) : Autiste, bourré de TOC, limite atteint du syndrome d’Asperger, Sheldon ne se rend pas compte de sa méchanceté. Ultra intelligent, il prend tout le monde de haut : Penny, évidemment, mais aussi ses "amis", qui sont pourtant également des grosses têtes. Incapable de comprendre les conventions sociales qui font que tout un chacun se doit de filtrer un minimum ses pensées pour ne pas vexer son entourage, Sheldon est cash et balance ses quatre vérités à tout le monde. Mais comme il est drôle, on lui pardonne tout. Et ses potes aussi, mais ça on se demande bien pourquoi.
Taux de méchanceté : 23%.
Capital Sympathie : 73%

8. Gregory House (Dr House) : Médecin misanthrope ayant pour point commun avec le précédent une intelligence hors norme. House n’aime pas le contact avec ses patients. Ce qui l’intéresse, c’est la science, la démarche intellectuelle du diagnostic. Et tant pis s’il doit heurter la sensibilité de certains. Au fond, c’est un faux méchant. Il est surtout politiquement incorrect et envoie des missiles en disant tout haut ce que tout monde pense (honteusement) tout bas. Mais peut-être qu’on ferait tous pareil si on se gavait de Vicodin pour atténuer une douleur lancinante dans la jambe droite.
Taux de méchanceté : 32%
Capital sympathie : 87%

7. Don Draper (Mad Men) : ok il est beau, ok, il a la classe, ok, c’est un cador dans son boulot. Mais ne nous y trompons pas, Don Draper est méchant. Egoïste, hautain, il a une très haute opinion de lui-même et il distille ses pensés au compte-goutte, comme si le monde ne les méritait pas. Mâle dominant, il est le pire des machistes. Il aime (beaucoup trop) les femmes mais au fond, il a assez peu de considérations pour elles. Sauf peut-être pour Joan, mais on le comprend, c’est Joan, quoi. Les hommes ne sont pas en reste et dés que l’un d’eux le surpasse dans quelque domaine que ce soit, Don trouve toujours un moyen de lui mettre des batons dans les roues. Alors quand il s’agit de cet avorton de Peter Campbell, c’est drôle mais quand il s’en prend aux autres, ça fait mal.
Taux de méchanceté : 54%
Capital sympathie : 46%

6. Dexter Morgan (Dexter) : de toute la liste que je dresse ici, c’est sans doute lui qui a un capital sympathie le moins raccord avec sa dangerosité, ce qui lui évite les premières places de ce classement. Dexter est un psychopathe, un vrai. Il est violent, immoral et sacrément dérangé. C’est lui qui a le tableau de chasse le plus élevé et le modus opeandi le plus pervers. Il devrait se retrouver en tête de ce classement. Mais pourtant ça passe. Parce que les scénaristes lui ont donné des tas d’excuses et un cadre bien limité pour assouvir ses besoins meurtriers. Et parce que Michael C. Hall l’interprète avec tellement de subtilité (du moins dans les premières saisons) qu’on en vient à tout lui pardonner. On oublie qu’il est fou à lier. M’enfin, il n’empêche que l’animal n’en reste pas moins ultra-flippant. Et les dernières saisons tendent à nous rappeler que son mode de vie est tout de même franchement condamnable.
Taux de méchanceté : 96%
Capital sympathie : 92%

5. Patty Hewes (Damages) : Glaçante, grâce à l’interprétation parfaitement froide de Glenn Close, il ne faut pas se placer en travers de sa route. Soyez gentil avec elle, elle profitera de vous. Faites lui un mauvais coup et elle vous le fera payer au centuple. Ignorez là, elle viendra vous chercher des noises. La seule chose qui la sauve, c’est la connaissance qu’elle a de son métier. Elle connait les ficelles, elle maitrise les règles du jeu, elle les domine tous. Enfin presque tous, seule une jeune fille naïve (en apparence) résiste encore et toujours à sa cruauté. Et c’est ce qu’il rend Patty Hewes tolérable : elle n’est pas infaillible et parfois (rarement), elle chute.
Taux de méchanceté : 59%
Capital sympathie : 48%

4. Tony Soprano (Les Soprano) : Malgré son embonpoint sympathique et sa dégaine un peu beauf sur les bords, Tony Soprano est quand même le parrain mafieux local. Certes il est dépressif et bouffé par des crises d’angoisse qui l’affaiblissent régulièrement, mais faut pas le titiller trop longtemps. Comme don Draper, Tony n’aime pas qu’on s’élève plus haut que lui. Ses sbires se font alors une joie de régler ses "problèmes" de manière définitive quand ça n’est pas lui qui fait régner sa justice à coups de poings. Et peu importe qu’il s’agisse d’un de ses proches ou non, le sort reste le même pour tout le monde. Seuls Carmela et ses enfants peuvent lui tenir tête sans qu’il ne puisse réagir. Ce qui a tendance à le frustrer un chouilla…
Taux de méchanceté : 64%
Capital sympathie : 74%

3. Enoch "Nucky" Thompson (Boardwalk Empire): le vrai gangster, pur et dur, manipulateur, corrompu, dangereux, sans foi ni loi et maître en son royaume. Interprété magistralement par Steve Buscemi, ce roi de la pègre des années 20 fait régner la terreur en toute tranquillité tant son influence est grande sur cet Atlantic City de la Prohibition. Tellement méchant qu’il devient difficile de s’attacher à lui. Personnellement, je n’y suis jamais arrivé. Et j’ai arrêté la série.
Taux de méchanceté : 79%
Capital sympathie : 12%

2. Tom Kane (Boss) : Le plus gros danger du maire de Chicago vient de son inconstance. On ne sait jamais dans quel état on va le trouver. Il peut être tour à tour doux comme un agneau (mais méfiez-vous de l’eau qui dort, ça n’est jamais anodin) et violent comme personne ! Très flippant. Du coup, le personnage devient parfois difficile à suivre. Ce qui le sauve (un peu), c’est qu’il évolue dans un univers où les personnages sont tous plus pourris les uns que les autres. Et comme tout est relatif, il s’en sort à peu près. Notamment grâce à sa condition médicale. Certains téléspectateurs n’ont pas tenu devant tant de cynisme et de méchanceté.
Taux de méchanceté : 88%
Capital sympathie : 21%

1. Walter White (Breaking Bad) : C’est bel et bien lui le personnage le plus dangereux des séries. Et la raison est simple. Au début de la série, ce type là est un loser parfait. Il n’est qu’un prof de chimie raté qui mène une petite vie bien médiocre… Contrairement à tous les autres, il découvre peu à peu son pouvoir, sa méchanceté et son machiavélisme. Sauf qu’il n’y met aucune limite. Il n’a rien à perdre et il n’a aucun garde-fou. Profondément égoïste, manipulateur comme personne (surtout avec ce pauvre, pauvre Jesse), Walter White est carrément terrifiant. Et le regard que sa femme pose sur lui dans les dernières saisons en dit long sur sa dangerosité. On attend tous de savoir si quelqu’un va enfin se décider à le faire redescendre sur (ou sous) terre ou si le mal va définitivement avoir raison de lui.
Taux de méchanceté : 95%
Capital sympathie : 53% (et ça baisse peu à peu)


Comme quoi, ces héros méchants fascinent : grand nombre d’entre eux font partie des séries les plus populaires du moment. A noter qu’on trouve peu de femmes dans ce classement et que la plupart des énergumènes nommés ci-dessus sont malades, physiquement ou psychologiquement. Faut bien trouver des excuses à tant de méchanceté…

samedi 10 août 2013

The Killing - 3.10: "6 Minutes" pour tout déchirer

Cet été connait son lot habituel de fin de séries : Dexter et Beaking Bad entre autres se rapprochent de leurs dénouements et popularité oblige, tout le monde en parle. En revanche, la fin de The Killing est passée plus inaperçue la semaine dernière et ça c’est bien regrettable ! Bon ok, la série en est déjà à sa deuxième fin (elle avait été annulée au terme de sa seconde saison pour renaitre de ses cendres quelques mois plus tard) et elle n’a pas l’ancienneté ni le succès des précédentes, mais quand même, sur un plan qualitatif, elle déboite (je l’avais déjà dit là et je suis toujours d’accord avec moi à ce jour) et elle mérite qu’on en parle un peu plus ! Et notamment l’épisode 10 de la saison, un vrai tour de force, très en décalage avec le reste de la série et pourtant l’un de ses meilleurs reflets ! Un des épisodes à voir absolument cette année, toutes séries confondues !


Pour ne pas trop en dire (mais un peu quand même), la saison 3 de The Killing raconte l’enquête de Sarah Linden et Stephen Holder autour d’une série de meurtres de jeunes filles dont certains remontent à plusieurs années. Il se pourrait même que l’affaire soit liée à un autre meurtre résolu trois ans plus tôt par Sarah. Problème : le suspect de cette ancienne affaire, condamné à mort, voit le jour de son exécution approcher mais pourrait bien être totalement innocent. Du moins, c’est ce que pense Sarah.
L’épisode 10 de la saison 3, intitulé "6 minutes" se déroule pendant toute la journée qui précède l’exécution de ce suspect, Ray Seward. Quasiment en huit-clos, les trois quarts de l’épisode se passent dans le parloir de la prison. Sarah se débat pour obtenir un sursit et Ray se débat pour finir en paix avec lui-même. Même si le cadre de l’épisode détonne par rapport au reste de la série, on y retrouve les meilleurs éléments de la série.

Le réalisme du boulot de flic. Je l’avais déjà dit, mais ça se confirme ici. The Killing ne joue pas la facilité. Les choses prennent du temps, les enquêtes ne sont pas résolues en 3h et les procédures sont longues. Souvent, les enquêteurs se plantent ou se retrouvent face à des impasses protocolaires. Un peu moins bien ficelée que les deux saisons précédentes (qui formaient un tout), la saison 3 reprend malgré tout le parti de présenter le boulot de flic comme un travail fastidieux, fait de petits indices qui amènent à de grosses conclusions. C’est ça l’originalité de The Killing. En seulement 12 épisodes, les deux enquêteurs abattent un travail de titan de manière réaliste sur une enquête. Pas 32, une seule. Ils creusent toutes les pistes, ils se plantent souvent, ils ont parfois de la chance, mais dans tous les cas, on y croit parce que le tout parait extrêmement réel.
Et "6 minutes" ne déroge pas à la règle. Insistant encore et encore pour dénicher le petit détail qui sauvera la vie de Ray, Sarah peine, cogite, tente, échoue, réfléchit et repart à l’assaut. Elle n’est pas une superflic, elle est juste intelligente et tenace. Et elle n’est absolument pas infaillible. Du coup, le contre-la-montre est terriblement bien tenu. Ni trop exagéré, comme dans 24, ni trop dilué, le stress est permanent, du début à la fin de l’épisode parce que l’issue de l’épisode est absolument impossible à deviner. Malheureusement pour la saison, les épisodes suivants n’atteindront pas cette qualité. La résolution finale m’a même un peu déçu, compte tenu de l’émotion que m’a procurée l’épisode 10.

Si l’enquête est un poil moins bien tenue que dans les saisons précédentes, les personnages, eux sont magistralement maitrisés. Et c’est la seconde force de The Killing. Bien installés, Linden et Holder sont déjà bien connus des téléspectateurs en début de saison 3. Elle est toujours aussi renfermée voire autiste, lui toujours aussi grande gueule. Mais depuis la saison 2, on sent un rapprochement entre les deux. Rien d’amoureux ni de sexuel, mais comme une forte complicité qui permet aux deux personnages de beaucoup échanger sans forcément beaucoup parler. Notamment dans l’épisode 9.


Mais "6 minutes" comporte aussi certaines scènes qui comptent parmi les meilleures dans la relation de ces deux flics (je pense à la scène où Holder retrouve Linden, sur le point de se barrer). Il faut dire ce qui est : l’ENORME talent des deux comédiens y est pour beaucoup. Mireille Enos et Joel Kinnaman sont deux génies. Ils maîtrisent leurs personnages à la perfection et la palette que chacun explore, ne serait-ce que dans cet épisode, mérite toutes les récompenses du monde. Je suis véritablement en admiration devant ces acteurs. Tout dans la retenue, tout dans la subtilité, ils sont parfaits ! L’épisode 10 doit encore plus  Mireille Enos qui est de toutes les scènes. Magistrale. Et ses face à face avec le parfait Peter Sarsgaard, qui interprète le prisonnier, sont mémorables. Tour à tour énervés, émus, amusés, angoissés, les deux comédiens jouent au chat et à la souris pendant une heure, et nous, téléspectateurs fascinés, on assiste à ce duel avec délectation. Sarsgaard, guest star de la saison, m’a bluffé. Ultra charismatique, il crève l’écran du début à la fin.


Bref, un casting 6 étoiles. Je m’étonne qu’aucun d’entre eux ne soit nominé aux prochains Emmys, j’ose espérer que c’est à cause de la diffusion estivale de la série (qui la place dans la saison 2013-2014) et que ce tort sera réparé l’année prochaine. Ils le méritent tous les trois.


A cause de sa conclusion parfaite mais dure à la fin de la saison 2 (à voir absolument), je redoutais le retour de The Killing. Mais maintenant que la série s’est achevée (pour combien de temps ?), je dois reconnaitre que je suis bien soulagé de constater que le niveau est toujours là. "6 minutes" en est la preuve. Un très grand moment de télévision qui me fait pardonner les petites facilités du dernier épisode. The Killing est donc bel et bien un must-see absolu.