Moins d’un an après l’arrêt de ce qui est sans doute le meilleur drama des networks américains des années 2010 - à savoir The Good Wife - CBS a dégainé un spin-off de la série judiciaire baptisé The Good Fight autour du personnage ô combien emblématique de Diane Lockhart.
A part un pilote diffusé sur la chaine historique, le reste de la
saison, qui comptera au final 10 épisodes, est diffusée sur CBS All
Access, la plateforme VOD du network, depuis la mi-février. Il faut bien reconnaitre que les deux dernières saisons de The Good Wife nous avaient un peu ennuyés. L’idée de replonger dans l’univers créé par
Robert et Michelle King était donc à double tranchants : soit les King
confirmaient avec ce spin-of qu’ils avaient définitivement perdu leur
modjo, soit c’était un moyen pour eux de retrouver une fraicheur oubliée
sur la fin de TGW. Avec déjà 6 épisodes visionnés, on est heureux de
voir que la série a donné raison à cette seconde option. The Good Fight
est un vrai plaisir à regarder parce qu’il nous permet de retrouver 5
éléments qui nous manquaient cruellement depuis l’arrêt de The Good Wife.
Diane Lockhart : sans spoiler ceux qui n’auraient pas vu la saison 7 de The Good Wife,
on ne peut pas dire que le personnage de Diane avait eu la fin qu’elle
méritait (même si elle a quand même bénéficié d’un meilleur traitement
que d’autres personnages – cc Cary !). C’est donc particulièrement
jouissif de retrouver ce personnage charismatique, classe et intelligent
qu’est Diane Lockhart. Sa silhouette élancée, ses cheveux toujours
impeccables, ses tenues magnifiques, ses lunettes emblématiques, sa
diction parfaite, tout ce qui fait le personnage nous avait manqué !
Que c’est bon de la retrouver ! Magistralement
interprétée par la belle et talentueuse Christine Baranski (qu’on aime
tous fort d’amour), Diane crève l’écran à chacune de ses apparitions.
Bien malmenée dans le pilote, elle prouve dans the Good Fight que
son âge n’a en rien entamé sa rage de se battre et sa volonté de
défendre les causes justes. On aurait tous aimé qu’elle devienne juge
dans une vie passée, mais on est ravi de la voir s’engager dans de
nouveaux combats et dans sa nouvelle vie. Diane, ON TE KIFFE !
Lucca Quinn : petite dernière arrivée dans l’ultime saison de The Good Wife,
Lucca était très vite devenue la nouvelle meilleure amie d’Alicia
Florrick (la Good Wife de la série originale, pour les novices). Avocate
émérite et philanthrope ayant gravi les échelons rapidement au cours de
la saison 7 de TGW, elle était pourtant restée discrète sur sa
vie personnelle. Et nous, spectateurs curieux, étions condamnés à
quitter ce personnage sans en apprendre plus sur un plan privé.
On est donc bien content de la revoir ici, et
avec une place de choix, qui plus est. Toujours aussi malicieuse et
combative, l’avocate ouvre dans The Good Fight les portes de son
intimité et nous laisse enfin voir une facette jusqu’ici inconnue : sa
vie amoureuse et/ou sexuelle. Et sur ce point aussi, Lucca incarne
définitivement une femme moderne et indépendante qui mène la danse avec
les hommes et notamment dans sa jolie relation avec le personnage de
Justin Bartha. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un toyboy sympathique
entr’aperçu dans le pilote (on la comprend, elle aurait tort de se
gêner).
Les guests : l’une des grandes forces de The Good Wife
était d’avoir réussi à créer une riche galerie de personnages
secondaires récurrents génialement caractérisés. Le spectateur prenait
un plaisir énorme à retrouver des visages familiers parmi les juges, les
procureurs, les avocats adverses ou les clients.
The Good Fight n’avait donc que l’embarras
du choix pour faire revenir certains de ces personnages, Et les
scénaristes ne se sont pas restreints. Outre Marissa Gold - la fille
géniale de l’inoubliable Eli Gold - qui devient ici l’assistante de
Diane, on retrouve le juge Abernathy, toujours aussi dandiesque,
l’inénarrable Elsbeth Tascioni (interprétée par l’excellentissime Carrie
Preston) ou encore Neil Gross, le Steve Jobs fictif de The Good Wife.
Et les retours successifs de tous ces personnages donnent l’impression
de retrouver une bande de copains qu’on connait par cœur et qui nous
avait bien manquée. Un peu comme quand on ressort enfin ses habits d’été
préférés après 6 mois d’hiver pénible.
Les sujets d’actualité : les affaires judiciaires traités dans The Good Wife
trouvaient souvent leur inspiration dans l’actualité et certains
épisodes faisaient clairement référence à des faits précis et réels (le
scandale marital d’Alicia, au cœur de la série, n’était d’ailleurs pas
sans rappeler l’affaire DSK). D’autres épisodes s’étaient même révélés
étrangement prémonitoires, comme l’épisode 19 de la saison 1 diffusé en 2010 qui
évoquait un journal attaqué par des terroristes à cause de caricatures
de Mahomet.
The Good Fight reste fidèle à cette ligne
éditoriale et place plus que jamais la série dans le monde actuel. Dans
le scandale fil-rouge de la série, Madoff y a remplacé DSK. Et le pilote
s’ouvre sur le visage de Diane, démocrate invétérée, qui assiste,
impuissante, à l’investiture de Donald Trump. En cela, The Good Fight
est sans doute la première série de l’ère Trump, même si elle passe
l’essentiel de son temps à dénigrer le nouveau résident de la Maison
Blanche. L’épisode 5 est particulièrement délicieux puisqu’on y
mentionne la fâcheuse tendance du président à tweeter à tout-va
(notamment pour commenter ce qu’il regarde à la télévision) et l’impact
que de tels tweets ont sur les médias (ici, une chaine de télévision qui
renonce à diffuser un épisode de série anti-trump). Savoureux et
passionnant !
Les nouvelles technologies : parmi les affaires traitées par Alicia dans The Good Wife,
nombreuses étaient celles qui faisaient référence aux problèmes légaux
que les nouvelles technologies posent aujourd’hui. Les systèmes
d’écoute, les réseaux sociaux, les voitures autonomes… toutes ces
innovations trouvaient un écho dans la série
d’origine, résolument moderne.
The Good Fight emprunte le même chemin. En plus de faire revenir Neil Gross, elle réutilise tout l’univers digital créé dans The Good Wife
et notamment ChumHum, l’équivalent fictionnel de Google. Et elle
poursuit sa réflexion sur le danger des réseaux sociaux, des trolls et
du cyber-harcèlement, que ce soit avec le personnage de Maia, qui se
retrouve au cœur du scandale financier de ses parents ou avec l’épisode 6
qui traite frontalement la problématique de la modération des
commentaires haineux sur les réseaux sociaux.
Tout aussi élégante, intelligente et efficace que sa grande sœur, The Good Fight
a repris le flambeau de son ainée avec panache. En plaçant Diane et
Lucca sur le devant de la scène (avec, à leurs côtés, Maia et Marissa),
la série continue de revendiquer plus que jamais son féminisme, auquel
elle ajoute fièrement sa volonté de lutter aussi contre le racisme.
Parfaitement écrite, magnifiquement réalisée, cette nouvelle série
semble tout droit sortie des meilleures saisons de The Good Wife
et nous fait par là-même oublier la déception des dernières. Et c’est
sans surprise mais avec grand plaisir qu’on a appris récemment le
renouvellement de The Good Fight pour une saison 2. The Good Wife est
morte, vive The Good Fight !
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