Plutôt discrètement, The Good Wife a tiré sa révérence
dimanche soir. Programme phare de CBS depuis 7 ans, la série judiciaire intelligente
et drôle suivait les déboires surtout professionnels mais aussi personnels
d’Alicia Florrick (Julianna Margulies), une avocate de Chicago mêlée malgré
elle aux scandales politico-sexuels de ton procureur (puis gouverneur) de mari.
De prime abord assez classique dans sa forme, ce procedural (un épisode, un procès) a pris de plus en plus d’ampleur
au fil des épisodes et des saisons, notamment grâce à une galerie de
personnages secondaires récurrents délicieux et à des storylines
feuilletonnantes de plus en plus complexes. Moi-même d’abord sceptique, j’ai
fini par plonger et force est d’admettre que The Good Wife est une excellente série. Du moins jusqu’à sa saison
5. Sans être ratée, la saison 6 amorce déjà un certain déclin qualitatif. Et
pour être franc, malgré un regain d’intérêt durant quelques épisodes en fin de saison,
on s’est franchement ennuyé pendant une bonne partie de la saison 7. Alors
pourquoi ça ne marchait plus ? Pourquoi The Good Wife est devenue l’ombre d’elle-même sur sa
fin ? J’y vois cinq raisons.
(bon, forcément, ça spoile un peu
mais je reste vague sur les derniers épisodes)
La carrière d’Alicia en dents de scie : pendant les
cinq premières saisons, Alicia n’avait de cesse de gravir les échelons petit à
petit au sein de son cabinet allant même jusqu’à créer sa propre société avec
Cary ; mais depuis le début de la saison 6, sa carrière est un peu plus
chaotique. Et il faut bien dire qu’elle change d’avis comme de chemisier. Après
avoir essayé de devenir procureur (LA fausse bonne idée de la saison 6), Alicia
lâche la boite qu’elle avait avec Cary (LA vraie bonne idée de la saison 5),
essaye d’être avocate commise d’office, monte finalement son business, d’abord
toute seule puis avec Lucca, mais finalement abandonne pour revenir chez
Lockhart Gardner (qui entre temps a changé 10 fois d’associés et de noms) pour
en devenir associé. Bref, les scénaristes font des choix qu’ils semblent
regretter quelques épisodes plus tard. A chaque fois, on se dit "ah tiens
pourquoi pas, ça peut être cool" et puis finalement on nous coupe l’herbe
sous le pied avec autre chose. Du coup, on attend de ce qu’on va bien pouvoir
nous sortir du chapeau et on s’ennuie.
Diane est un personnage super
fort, incarnée par une comédienne ultra charismatique (<3 Christine
Baranski) et avec qui il ne se passe malheureusement plus rien depuis de
nombreux épisodes. L’idée géniale de la faire juge a été abandonnée alors qu’on
tenait là un développement inédit, largement à la hauteur du perso. L’associer
à Cary était un pis-aller pas inintéressant mais la sauce n’a jamais pris.
Cary, justement,
parlons-en : depuis qu’il a rejoint le vaisseau-mère, il ne sert plus à
rien. C’est même risible à quel point les scénaristes ne savent plus quoi faire
de lui. Des embryons d’intrigues sont amorcés (un collègue gay qui se méprend,
une accusation de discrimination à l’embauche…) mais aucune n’est menée à son
terme. A part celle des quatre derniers épisodes, trop courte et trop floue
pour être vraiment réussie. Dommage le talent (et la voix) de Matt Czuchry méritait
mieux.
Dans l’épisode final, qui
personnellement m’a beaucoup déçu (à ce propos, je vous invite à lire cet article de mon pote Marc, pas content, et celui-ci de mon pote Maxime, bcp plus nuancé : ils ne sont pas d'accord mais leurs deux avis m'ont intéressé), Diane et Cary sont pour moi LES
personnages oubliés. Rien n’est fini, rien n’est bouclé pour eux. Certes la
série s’appelle The Good Wife et se
concentrait sur l’histoire d’Alicia mais
c’est dommage de ne pas donner une fin claire à ces personnages.
Ok, je n’ai JAMAIS aimé Peter (la
faute au comédien qui jouait Big dans Sex
& the City, personnage que je détestais déjà). Mais alors là dans cette
saison 7, on les accumule avec lui. Je me fous de sa campagne électorale en
début de saison et je m’ennuie carrément avec son nouveau procès en seconde
partie de saison. J’avoue même avoir été totalement largué pendant un bon bout
de temps avant de comprendre quoique ce soit à cette histoire de grand jury. Ca
sort de nulle part, c’est flou ; une fois de plus, on a le sentiment que
les scénaristes ne savent pas où ils vont avant de nous sortir une vieille
affaire de derrière les fagots.
Quant à Eli, j’ai beau aimé son personnage
(et son comédien), j’ai toujours trouvé qu’il avait un rôle à part, difficilement
conciliable avec le reste de l’univers de la série. Et au bout de 7 ans, ça ne
marche définitivement plus. Il nous fatigue à revenir sans cesse vers Alicia
pour des politiqueries qui n’intéressent que lui et Peter. Seul moment
passionnant (et au final peu exploité) : lorsqu’il révèle à Alicia l’un de
ses plus gros coups de pute datant des premières saisons.
Les p’tits nouveaux, pas à la hauteur : à force d’essorer
les personnages existants précédemment cités et de ne plus savoir quoi leur
faire faire, il fallait bien en créer d’autres pour apporter un peu de sang
frais. Et c’est souvent assez réussi… du moins en apparence. Car rapidement,
ces personnages tournent à vide et se révèlent être de jolies coquilles dénuées
de vrais enjeux. C’était le cas de Finn arrivé en saison 5, largement développé
en saison 6 et totalement zappé en saison 7. Mais c’est surtout le cas de Lucca
Quinn, avocate badass et nouvelle confidente d’Alicia et de Jason, détective
privé et amant d’Alicia. Deux supers personnages sur le papier mais qui n’ont
finalement pas grand-chose à défendre si ce n’est une répartie cinglante à la
cour pour l’une et une moue séducto-charmante pour l’autre. Ces deux-là offrent
de jolies scènes mais ont du mal à s’extraire de leur rôle de faire-valoir.
Le départ de Kalinda : on ne va pas se voiler la face,
l’un des meilleurs personnages (le meilleur ?) de la série a tiré sa
révérence en fin de saison 6. Et c’est vraiment regrettable. Kalinda (Archie
Panjabi) était le perso le
plus original, le plus complet, le plus sexy, bref le plus intéressant de la
série, au coude à coude avec Alicia. On ne reviendra pas sur les vraies raisons
de son départ (en gros, Julianna Margulies ne pouvait pas encadrer Panjabi),
mais ça a laissé un énorme vide que les scénaristes n’ont jamais réussi à
combler. D’ailleurs, on a très rarement vu Jason à l’œuvre, là où on se
délectait des méthodes d’investigation peu orthodoxes de Kalinda. Preuve que le
nouveau détective ne lui arrive pas à la cheville.
L’une des meilleures séries des
networks s’est achevée dimanche dernier mais peut-être aurait-elle mérité de se
terminer deux ans plus tôt. The Good Wife
n’a jamais réussi à retrouver les sommets des saisons 4 et 5 et nous sert une
dernière saison (et un final) en demi-teinte, pas complètement satisfaisante,
voire franchement décevante. Tant pis, on gardera plutôt en mémoire Colin
Sweeney, Elsbeth Tascioni, Patti Nyhom, Bishop, Chumhum et la NSA qui ont fait
les grandes heures de The Good Wife.
In my opinion.
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