Cette
semaine, ABC vient de lancer une nouvelle série, The Family, en diffusant exceptionnellement son pilote lors de son
fameux TGIT*, puis en proposant l’épisode 2 trois jours plus tard – le dimanche
soir, donc – dans ce qui deviendra sa case de diffusion habituelle. Pour la
faire très courte, j’ai regardé le pilote et, avant même de me lancer dans l’épisode
2, je suis obligé de reconnaitre que j’ai aimé. Pourtant, en toute franchise,
il n’y a rien de bien neuf dans cette série. Il s’agit même, selon moi, de l’exemple
parfait du « Comment écrire et réaliser un pilote efficace ? ».
On n’est pas vraiment surpris mais on n’est jamais déçu non plus. Du coup, je
me suis amusé à lister les 5 ingrédients clés qui font un bon pilote.
1) Des acteurs familiers : la meilleure façon de faire parler d’une
série avant qu’elle ne soit diffusée, c’est encore de créer le buzz autour de
son casting. Et si possible avec un casting rassurant pour les téléspectateurs,
c’est-à-dire un casting qu’on a déjà vu dans des séries de qualité. En cela, The Family passe le teste avec brio :
tous les acteurs sont connus du petit écran. Le père de famille joué par Ruper
Graves était l’inspecteur Lestrade de Sherlock ;
le fils est joué par le génial Zach Gilford, inoubliable Matt de Friday Night Lights ; Alison Pill
qui interprète la fille était à l’affiche de The Newsroom jusqu’à l’année dernière ; et le fils kidnappé
est joué par Liam James, très bon, qui tenait déjà un rôle récurrent dans la
magnifique The Killing. Enfin la mère
de famille est jouée par LA vraie star de la série, Joan Allen qu’on a
également vue dans The Killing mais
qui est aussi et surtout connue pour ses rôles au cinéma (The Bourne Trilogy et Room,
actuellement en salles). Bref, un carton plein pour les amateurs du « on l’a
vu dans quoi déjà ? ».
2) Une affaire policière mystérieuse : pour lancer une série, il faut avant
tout un concept simple, prometteur et indentifiable rapidement. Celui de The Family parait avoir été entendu 1 000
fois : un garçon que l’on croyait mort refait surface 10 ans après sa
disparition (même Joey dans Friends se moquait de ce type de pitch). Comme ça
ne suffit évidemment pas à accrocher le spectateur, il faut rajouter des
questions au fil de l’épisode, ce que The
Family fait parfaitement en doutant d’abord de la véritable identité du
garçon et puis en distillant quelques indices sur la chasse à l’homme à venir
(le mystérieux kidnappeur est pour le moment introuvable). En quelques scènes
qui, à elles-seules, occupent dix minutes d’antenne, on est captivés, on a
envie de connaitre le vrai du faux : on veut savoir qui est coupable.
3) Une famille et ses secrets : ça n’a rien de nouveau mais depuis Desperate Housewives, c’est devenu l’élément
indispensable que toute bonne série se doit de mettre en place le plus
rapidement possible. Parce qu’un mystère ne suffit pas, il faut brouiller les
cartes, semer des embûches et planter
des embryons d’intrigues un peu partout. Pour ça, il existe deux méthodes que The Family exploite toutes les deux :
soit on choisit de révéler au spectateur une information sur un personnage que
les autres personnages ignorent – ça s’appelle une ironie dramatique – (ici :
la relation extra-conjugale du père de famille avec la flic en charge de l’affaire) ;
soit on choisit de révéler que tel personnage a un secret mais sans en dire
plus au spectateur (ici : la fille ultra-pratiquante qui vient se confesser
pour un péché dont on ignore tout). Ces secrets de famille promettent du clash,
de la révélation, de la trahison. Bref, rien que du bon pour le spectateur !
4) Le flash-back : exercice stylistique usé jusqu’à la moelle,
le flash-back (ou le flash-forward) est pourtant casse-gueule à utiliser s’il
devient un élément récurrent d’une série. J’ignore si ce procédé scénaristique sera
utilisé tout au long de The Family mais dans le cas précis de son pilote, l’idée
d’y avoir recours est bigrement efficace. En moins de dix minutes, les
allers-retours entre passé et présent permettent d’exposer de façon hyper
claire la disparition et la réapparition d’Adam, le fils de famille kidnappé. Là
encore, c’est extrêmement efficace : on est directement plongé dans le
sujet. Avec en prime de nouvelles questions posées sur le thème du « comment
tel personnage est passé de ça à ça ? ».
5) La campagne électorale : l’élection politique est une storyline
qui permet d’accrocher immédiatement le spectateur à son écran parce qu’elle
met rapidement en place un enjeu clair et haletant pour le spectateur : à
la fin de l’histoire, il devra y avoir un gagnant et un perdant, c’est
inévitable et c’est simple comme bonjour. Un peu comme dans un procès (ce qui,
btw, explique le succès des dramas juridiques). Ici le lancement de la course à
la gouvernance promet là encore son lot d’embûches, de pots de vins et de chantages.
De quoi se frotter les mains par avance !
The
Family a donc réuni tous les ingrédients nécessaire à la confection d’un bon
pilote : normal, donc, que celui-ci soit efficace et réussi. Attention, je
ne sous-entends à aucun moment qu’il est facile d’arriver à ce résultat parce
que même si les ingrédients sont connus, tout est ensuite question de dosage,
bien sûr. Et là, c’est une sacrée paire de manches.
Je
ne sous-entends pas non plus que la série sera un carton plein. La preuve,
malgré l’efficacité de ce pilote, la série ne semble pas avoir retenu l’attention
de son public, réduit de moitié lors de la diffusion de l’épisode 2. Comme
quoi, pondre un bon pilote ne suffit pas toujours.
*Thanks God It’s Thursday – soirée qui
propose les 3 séries de Shonda Rhimes : Grey’s Anatomy, Scandal et How to get away with Murder.
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