On avait beau m’en avoir parlé maintes
et maintes fois, j’étais passé à côté du phénomène Broadchurch lors de sa diffusion en février 2014 sur France 2. Et
malgré les louanges de mon entourage pour cette série britannique (coucou
Alex), je n’avais jamais pris la peine de rattraper cette lacune. Alors, lorsqu’a
démarré la diffusion du remake français, Malaterra,
que toutes les critiques accusaient de n’être qu’un copié-collé francisé, j’ai
décidé de donner sa chance au produit, avec l’œil neuf de celui qui ignore tout
de Broadchurch. Mais comme je suis un
peu jusqu’au-boutiste, j’ai fini par regarder
la série originale en parallèle, mais en décalé. Bref, j’ai fait l’inverse de
tout le monde.
Au final, qui l’emporte ? Le
remake français qui avait pour moi le bénéfice de la nouveauté ? Ou l’original
britannique qui au contraire n’avait plus beaucoup de secrets à me révéler ?
Battle :
Les décors :
Malaterra se passe dans un petit village corse. Aussi
magnifique que soit cette région de France, on ne peut pas totalement dire que
la série rende hommage à son ambiance sauvage, chaleureuse, estivale. Il fait
presque froid dans cette Corse-là et les cigales n’y chantent que très rarement.
Dommage, c’était l’occasion d’amener une atmosphère originale à ce polar un peu
sombre et de se démarquer de sa grande sœur anglaise.
Broadchurch, elle, se déroule sur la côte sud de l’Angleterre
et ça se voit dans chaque plan pluvieux, dans chaque décor humide, dans chaque
paysage brumeux. Idéal pour mettre en scène cette enquête un peu glauque.
Le point revient à Broadchurch.
Malaterra : 0 - Broadchurch : 1
Honnêtement, hormis quelques rôles
secondaires moins à la hauteur, il n’y a rien à dire du côté des comédiens, et
ce, quelle que soit la version évoquée. Constance Dollé en France propose une
partition plus tendue, plus nerveuse qu’Olivia Colman qui, elle, parvient à
distiller un poil d’humour dans cet univers crispé. Il n’empêche, les deux
actrices sont tout aussi bouleversantes dans les derniers épisodes respectifs de
chaque série.
Du côté des hommes, Simon Abkarian,
toujours bon, reste (trop ?) fidèle à lui-même et propose un personnage sauvage,
moins sympathique que celui de David Tennant, pourtant pas des plus chaleureux
non plus.
Une mention spéciale pour Nicolas
Duvauchelle et Louise Monot qui se révèlent tout aussi émouvants que leurs confrères
anglais, malgré quelques doutes persos au cours des premiers épisodes.
Un point partout, y a vraiment rien à
redire.
Malaterra : 1 - Broadchurch : 2
J’ai vraiment aimé les parents de Malaterra mais j’ai préféré les flics de
Broadchurch.
Le jeune pigiste et le prêtre sont plus
attachants outre-manche. Mais la journaliste opportuniste et la famille de l’héroïne
méditerranéenne sont plus intrigantes.
Bref, on trouve du bon des deux côtés.
Pourtant le point revient à Broadchurch, grâce à quelques
personnages plus réussis, plus riches côté anglais (le buraliste, l’hôtelière,
la sœur de la victime), et ce, alors que je pensais déjà les connaitre.
Malaterra : 1 - Broadchurch : 3
Malaterra est une série qui prend son temps, presque
contemplative. Pour moi, ça a toujours été plutôt gage de qualité et ça se
vérifie ici. Pas la peine de multiplier les scènes d’action et les
rebondissements pour être captivés.
Il faut malgré tout reconnaitre à Broadchurch une meilleure gestion de son
rythme. Déjà parce que les épisodes durent 10 minutes de moins que leurs
équivalents français. Et puis parce que l’enquête y est plus fluide, plus
organique que l’enquête corse (hu hu), découpée en chapitre, suspect par
suspect. C’est subtil et ça se joue à quelques répliques ou quelques scènes
montées différemment mais ça marche mieux chez les Anglais.
Malaterra : 1 - Broadchurch : 4
La musique :
Sans hésiter et sans tellement pouvoir
l’expliquer, le point revient à Malaterra.
Son générique lancinant, sa musique d’ambiance mélancolique sont parfaitement
adaptés et ont le génie de rester en tête.
Malaterra : 2 - Broadchurch : 4
Dès le début, France 2 avait annoncé
une fin différente et originale pour Malaterra.
Pour moi qui n’avait rien vu, ça ne voulait pas dire grand-chose. Mais en
effet, si elles se ressemblent, les deux fins n’ont rien à voir. Celle de Broadchurch parait presque fade comparée
à la résolution glauquissime de la Malaterra,
si toutefois on voit cette dernière en premier (vous me suivez ?). Mais
dans un cas comme dans l’autre, la résolution surprend, choque et dérange.
Malaterra : 3 - Broadchurch : 5
Soyons clair, ces deux séries ne révolutionnent
pas le genre télévisuel : il s’agit, en somme, d’une structure assez classique
de whodunit au cours duquel chaque suspect révèle un secret personnel toujours
glauque (en vrac : viol, pédophilie, inceste, alcoolisme…) permettant
de l’innocenter. Dans le genre, the
Killing* était bien plus réussi.
Au final, même en ayant vu Broadchurch après Malaterra, l’originale reste de meilleure facture que sa copie,
pourtant non dénuée de qualités propres. Avec le recul, je n’aurais peut-être
pas été au bout de Malaterra si j’avais
inversé l’ordre de visionnage. Au bien j’aurais fait comme Gracepoint, le remake US, et je n’aurais regardé que le dernier
épisode en accéléré pour voir les changements finaux.
Au passage, la version US semble être
encore plus proche de Broadchurch
mais la petite idée originale du final est franchement ratée et appauvrit l’impact
de la résolution de l’énigme.
Se pose alors la question du remake,
qui plus est, dans le cas de Malaterra,
sur une chaine qui avait déjà diffusé Broadchurch.
Visiblement la tentative n’est pas si concluante puisque France 2 a annoncé qu’il
n’y aurait pas de saison 2 pour Malaterra alors que Broadchurch va vers sa saison 3.
*Je parle du remake américain, je n’ai
jamais pris le temps de regarder la version danoise ! Trop de versions
tuent les versions !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire