Bilan très réussi pour France 2 et ses Témoins qui ont achevé leur
première saison hier soir. Joli succès d’audience, la série de Marc Herpoux et Hervé
Admar (Les Oubliées) s’était même permise de surpasser TF1 le soir de la
diffusion des deux premiers épisodes. Il faut dire que le battage médiatique
avait battu son plein dans les quelques semaines qui ont précédé le début de la
série. Petit bilan perso d’une série qui, bien que pas totalement aboutie, a
révélé de très jolies surprises.
(J’ai essayé de ne pas trop spoiler, pour ceux qui n’auraient pas
encore vu la fin, mais il est sans doute préférable d’avoir vu les 6 épisodes
de cette courte saison.)
Les Témoins suivent l’enquête de Sandra Winckler, jeune flic du
Tréport, en Haute-Normandie, autour de cadavres déterrés et placés dans des
maisons-témoins. Très vite, des indices dissimulés dans les maisons amènent les
enquêteurs à faire le lien avec Paul Maisonneuve, ancien flic retraité de la PJ
de Lille : les coupables ont visiblement un message à lui faire passer. Celui-ci
revient donc prêter main forte aux équipes en place. Commence alors une fouille
dans le passé de Paul pour résoudre l’enquête de Sandra.
Les Témoins est un bon polar, comme la télévision française est
capable d’en offrir régulièrement. Parfois un peu lent, le scénario prend son
temps pour résoudre les mystères que l’enquête révèle. Mais il fait bien car le
tout n’est pas si facile à suivre et le spectateur est parfois un peu noyé sous
la liste de noms qu’on lui présente, surtout dans les premiers épisodes.
Pourtant, et comme souvent dans les histoires d’enquête, ce sont ces premiers
épisodes qui sont les plus réussis. Tout est nouveau, tout est à découvrir et l’on
prend beaucoup de plaisir à s’immerger dans cette histoire de vengeance d’outre-tombe.
La mise en place d’une ambiance lugubre, avec des scènes de crimes macabres,
des décors sinistres et une météo peu chaleureuse, plonge le téléspectateur dans
une atmosphère pesante, inquiétante. Très réussi.
Par la suite, le récit avance tranquillement, quelque fois de façon
un peu trop linéaire, un peu trop facile. Il s’égare aussi parfois un peu, avec
notamment une vraie fausse-piste autour d’un faux vrai-suspect qui vient prendre
une place importante dans la saison et qui nous éloigne un bon moment de l’enquête
initiale. Pas gênant de prime abord, c’est surtout à postériori qu’on se
demande pourquoi avoir passé autant de temps à suivre une voie qui ne va
finalement pas bien loin. Tant pis.
La solution de l’énigme est moins forte que la mise en place de
celle-ci car les révélations finales ne sont pas tout à fait à la hauteur des
attentes suscitées par les premiers épisodes. Alors certes, c’est un peu
facile, c’est un peu convenu mais au fond ça fonctionne pas si mal. Ca fait le
job, comme on dit. J’attendais peut-être juste un peu plus de surprise au
moment du dernier épisode. Sans être raté (loin de là), c’est juste un peu dommage.
Mais ces petites facilités du scénario sont compensées et oubliées par d’autres
atouts de taille. Le premier est sans conteste le lieu choisi pour cette série.
Le Tréport, ville balnéaire de la Seine Maritime, offre des décors magistraux
pour ce polar humide. La régions est superbement mise en valeur par une
photographie glaçante, froide et par une réalisation offrant bon nombre de plan
larges et de vues aériennes. Les falaises, le bord de mer, le centre-ville, les
campagnes alentours et même les cimetières, chaque recoin est utilisé avec
intelligence. Mêmes les intérieurs parfois vieillots, décrépis viennent ajouter
du charme et de l’authenticité à la série. Et bizarrement, ça donne envie de
découvrir la région et le site incroyable du Tréport et ce, malgré l’ambiance
parfois glauque amenée par le récit.
L’autre atout majeur de cette série est son casting, et surtout la
révélation incontestée de Marie Dompnier. Alors évidemment, Thierry Lhermitte
est parfait, mais ça n’est plus une surprise pour personne : le mec a du
charisme, il a du métier et il incarne à la perfection ce personnage mi-sympathique
mi-inquiétant. Idem pour l’autre tête d’affiche, Laurent Lucas, dans un rôle
malheureusement peu important mais devenu assez habituel pour le comédien. Mais
si les deux hommes sont les plus connus, c’est pourtant sur les épaules de Marie
Dompnier que repose la série. C’est elle la véritable héroïne de la série. Impressionnante
de naturel, la comédienne assure avec une sacrée présence ce rôle de flic
déterminée. Tout aussi convaincante dans les scènes (malheureusement trop
rares) traitant de la vie personnelle de Sandra, l’actrice réussit à instaurer une vraie
empathie pour ce personnage pourtant pas toujours très chaleureux. Très jolie
performance. Elle reprendra d’ailleurs son rôle dans une seconde saison déjà en
préparation, mais cette fois sans Thierry Lhermitte.
Enfin, mention spéciale pour le générique de la série. Et c’est trop
rare en France pour qu’on oublie de le préciser. Musique superbement choisie,
images magnifiquement travaillées, les quelques secondes que dure ce générique
suffisent à créer une atmosphère représentative de ce que sera la série. Un
vrai petit bijou.
Un bon bilan donc pour cette nouvelle création originale de France Télévisions.
Les Témoins n’est sans doute pas la série du siècle mais elle fait
incontestablement partie des bonnes surprises de ces dernières années. Avec toujours
cette ambition de faire de belles séries, Hervé Admar et Marc Herpoux sont peut-être
en train d’imposer un style qui s’attache à valoriser tout autant le scénario
que la photo et les comédiens.
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