DC Comics avait lancé les hostilités
en 2012 avec Arrow, Marvel avait contre-attaqué en 2013 avec Agents
of S.H.I.E.L.D. A partir de cette rentrée 2014, c’est une lutte sans merci
que vont désormais se livrer les deux maisons d’édition ultra-cultes,
fournisseuses légendaires de supers-héros depuis des décennies. Près d’une
dizaine de projets adaptés des fameux comics américains va débarquer sur les
écrans dans les mois qui viennent. Pour le moment, c’est DC qui a dégainé en
premier en sortant coup sur coup deux projets très attendus : Gotham,
sur la FOX, inspiré de l’univers de Batman, et The Flash, sur la CW,
inspiré de… bah, de The Flash. Reste à savoir si la qualité est là. Petite
battle pour départager les premiers arrivants de cette déferlante de
super-héros.
1) Le pitch :
Gotham : l’histoire se passe à Gotham City (duh !), la ville de
tous les délits, de tous les crimes, de toutes les corruptions. On y suit les
débuts de Jim Gordon, flic volontaire et idéaliste qui deviendra plus tard le
commissaire en chef de la ville, quand Batman y fera régner la justice. Le
pilote de la série commence avec la première enquête du flic : le
double-meurtre des parents d’un jeune garçon, un certain Bruce Wayne…
The Flash : la série se déroule dans une autre ville fictive, Central
City, dans laquelle un accélérateur de particule explose et frappe de plein
fouet un jeune homme, Barry Allen. Conséquence de cet accident, ce dernier se
retrouve doté de facultés surnaturelles : il devient l’homme le plus
rapide du monde et met ces nouveaux pouvoirs au service de la justice.
Bilan : sur le papier, je
choisis Gotham. Juste parce que l’univers de Batman m’a bien plus prouvé
son potentiel par le passé que celui de The Flash.
Points : Gotham =
1 ; The Flash = 0.
2) La mythologie DC
Gotham : l’énorme problème de cette série de super-héros, c’est son
absence de super-héros. Batman n’existe pas, c’est encore un enfant. On croise
bien quelques personnages qui deviendront célèbres par la suite (Catwoman, le
Pingouin, L’homme mystère…), mais comme pour Bruce Wayne, ils ne se sont pas
encore devenus ce qu’ils seront plus tard face au Chevalier noir. Au final, de
l’univers du Comics, on garde tout juste quelques noms qui ne sont que des
clins d’œil pour les fans.
The Flash : Ce qu’il y a de bien avec The Flash, c’est
qu’il n’y a pas besoin de connaitre l’univers du super-héros pour comprendre la
série. Le concept et le pilote, bien basiques comme il faut, se suffisent à
eux-mêmes. On nous a quand même ressorti un petit crossover de derrière les
fagots avec Arrow, histoire de se la jouer Agent of S.H.I.E.L.D.
et de dire que tout est lié, mais c’est gratuit et ça ne sert pas à grand-chose
(sauf pour les gens qui, comme moi, n’ont pas vu Arrow et à qui cette
scène a donné plus envie de regarder Arrow que The Flash -
Fail)
Bilan : dans un cas, comme dans
l’autre, et contrairement à Marvel, la mythologie DC est peu et mal exploitée
dans ces deux séries. En soi, ça n’est pas gênant. Seulement, c’est dommage, il
y avait du potentiel.
Points :
ils restent inchangés : Gotham = 1 ; The Flash =
0.
3)Les épisodes
Gotham : je m’y attendais un peu, mais Gotham n’est
qu’un simple procedural show, avec une enquête par semaine. Et justement, coté
enquête, on ne verse pas dans le super sophistiqué. Les affaires de Gordon et
de son acolyte sont simplistes, presqu’ennuyeuses. Enfin non, pas presque.
Elles sont ennuyeuses. Et une fois sur deux, elles consistent tout simplement à
aller rendre visite à Jada Pinkett Smith, tenancière de cabaret, mafieuse et
tête à claques. En fait de super-héros et de super-vilains, on nous parle
plutôt de corruption et de grand-banditisme. Comme dans Batman, quoi. Mais sans
Batman. Et du coup, bah… boooring.
The Flash : là non plus, ça ne vole pas très haut, coté trame
narrative. C’est du vu et revu mille fois. Mais contrairement à Gotham,
la série a la bonne idée de ne pas (trop) se prendre au sérieux. On a donc
affaire à des enquêtes bien plus légères, plus funs avec des super-vilains,
dotés eux-aussi de pouvoirs. Tout est couru d’avance, le spectateur a
perpétuellement une longueur d’avance sur les personnages mais au moins on a
des scènes de bagarre visuellement un peu plus cool à regarder.
Bilan : Le point revient donc à
The Flash, de peu.
Points : Gotham =
1 ; The Flash = 1
4) La direction artistique :
Gotham : je n’adhère pas du tout à l’univers visuel
pseudo-dark de la série. Moitié gothique, moitié steampunk, Gotham
cherche à jouer dans la cour dans grands avec des décors gigantesques (le
commissariat), des plans larges et numérisés sur New Yo… euh sur Gotham et des
costumes sortis d’un mauvais polar noir, mais au final, ça ne marche pas.
L’ensemble fait cheap. Comme si les producteurs désiraient donner une noirceur
à la série, sans l’assumer totalement.
The Flash : beaucoup plus pop, beaucoup plus léger, l’univers de The
Flash prend moins de risques que Gotham. Mais ça fonctionne mieux.
Certes, les effets spéciaux sont un peu limites par moment et le costume du
Flash peine à être totalement crédible, mais ça fait le job, comme on dit. Et
ça suffit amplement. On n’en demandait pas plus.
Bilan : The Flash
remporte cette manche parce qu’elle n’a pas cherché à être ce qu’elle n’était
pas.
Points :
Gotham = 1 ; The Flash = 2
5) Les
personnages :
Gotham : Coté personnages, Gotham est pas loin de verser dans
le manichéisme : à part le gentil (et donc inintéressant) Gordon, tout le
monde est très très méchant dans cette série. Même le partenaire de Gordon est
blasé, tire-au-flanc, limite malhonnête. Ca manque cruellement de subtilité
(comme le jeu de Jada Pinkett Smith). Le pingouin, qui a l’air d’occuper une
place centrale dans la série, est trop caricatural. Dommage, avec un physique
comme celui du comédien, il y avait de quoi obtenir un personnage bien plus
trouble, bien plus flippant. Une mention spéciale à Catwoman qui a réussit à
m’insupporter en quelques séquences.
The Flash : Il faut bien avoir en tête qu’on est sur la CW, une
chaine plus ado que la FOX. Et quoiqu’on en dise, on a affaire à une série qui
se veut plus simple, plus accessible que Gotham. Pourtant, les
personnages y sont plus attachants. Ils ne sont pas beaucoup plus subtils que
leurs voisins gothamiens et on se fout un peu de ce qui va leur arriver mais au
moins, ils sont plaisants. Ce qui est déjà pas mal.
Bilan : là encore, le point
revient à The Flash, décidément plus sympathique que sa concurrente.
Points : Gotham =
1 ; The Flash = 3
Au final, ni l’une ni l’autre de ces
séries ne vaut vraiment le coup. Et je sais que je ne continuerai aucune des
deux. Mais s’il fallait vraiment faire un choix, alors il se porterait vers The
Flash qui remplit sans trop se fouler sa mission de divertir. Gotham,
elle, pèche vraiment par excès de sérieux : elle voudrait être une grande
série - et elle aurait pu l’être - mais elle n’y arrive pas.
On verra ce que donnera Constantine,
une autre série issue de DC Comics lancée à l’antenne cette semaine. Elle se
veut plus dark, plus flippante. A voir si elle s’en sort mieux que ses copines
de promo.