Ca y est, la saison 2014-2015 est lancée sur les networks
américains ! Les premiers flops et les premiers tops se font connaitre.
Parmi ces derniers, celui qui remporte les meilleurs résultats d’audience
auprès des 18-35 ans, la fameuse cible tellement chérie par les annonceurs,
c’est la nouvelle création de Shonda Rimes : How to get away with Murder (qu’on appellera HTGAWM parce que, franchement, c’est pas possible, un titre
pareil !). Shonda est, rappelons-le, la créatrice de Grey’s Anatomy et Scandal,
deux énormes cartons outre-Atlantique mais aussi un peu partout où ils sont
diffusés. Pour ceux qui l’ignoreraient, je n’aime pas Grey’s Anatomy. Je l’avais déjà dit ici. Ayant peur d’y retrouver
les mêmes défauts, HTGAWM partait
donc avec un sacré handicap. Et je ne sais d’ailleurs pas pourquoi je me suis
lancé dans ce pilote. Qu’importe. J’ai bien fait. Parce que How to get away with Murder, c’est
fun !!!
Le pitch est le suivant : Annalise Keating (Viola
Davis) est une avocate aussi géniale que redoutable, spécialisée dans les
affaires de meurtres. Elle est aussi professeur de criminologie à la fac.
Chaque année, elle s’entoure de quelques étudiants triés sur le volet pour les
former sur le terrain en échange de l’aide qu’ils pourraient lui apporter sur
les affaires sur lesquelles elle travaille. La série suit donc les cinq petits
jeunes choisis et leur professeur dans leur apprentissage de la loi et du dur
métier d’avocat de la défense.
Au premier abord, on pourrait imaginer que HTGAWM est un parfait copier-coller de Grey’s dans le monde pénal : la
personnalité de Annalise n’est pas sans rappeler celle du Dr Bailey et les
profils des jeunes étudiants de Philadelphie – un arriviste, une rêveuse, un idéaliste,
un plaisantin – sont, à peu de chose près, les mêmes que ceux des internes de
Seattle. Même les professeurs assistants le Pr Keating font les yeux doux à
leurs étudiantes, en mode Dr Mamour. On pourrait donc penser qu’on a affaire à
un bon soap des familles, bien ronflant, bien huilé, comme Shonda sait le
faire.
Mais il y a un élément supplémentaire qui n’est pas
négligeable et qui vient donner un sacré piment à la série. Le pilote démarre
par un flash-forward qui nous propulse trois mois en avant : on y découvre
lesdits étudiants de Keating, visiblement tous impliqués jusqu’au cou dans une
affaire de meurtre. Habituellement, cet effet de manche consistant à nous
présenter une situation catastrophique puis à nous balancer un "three
months earlier" a le don pour
m’agacer au plus haut point (hello, Damages).
Mais là, pour une raison qui m’échappe encore, ça marche. Les infos sur ce qui
se passera trois mois plus tard sont distillées tout au long du pilote sans en
dire trop, ni trop peu. Suffisamment pour nous donner envie de voir la suite.
Malin.
"Efficace" est un adjectif qui me déplait parfois
quand il est associé à une série télévisée. C’est souvent le mot utilisé pour
dire d’une série qu’elle est potable. Un peu comme dire de quelqu’un de moche
qu’il a "un certain charme". Pourtant, c’est bel et bien l’adjectif
qui correspond le mieux à HTGAWM. Le
montage, la réalisation, les comédiens : tout est terriblement efficace.
Rien de bien nouveau, rien de révolutionnaire au fond, mais ça fonctionne. Ce
qui pourrait profondément m’énerver ailleurs (et notamment chez Grey’s) me fait
kiffer ici :
Les protagonistes sont tous plus beaux les uns que les
autres. De véritables gravures de mode qui représentent chacune une minorité de
la société américaine mais qui le fait avec classe et/ou second degré.
Les affaires sur lesquelles travaillent Annalise et son
équipe sont au moins aussi ridicules et grossières que les cas médicaux de
l’équipe de Seattle, mais on s’en fout. C’est fun, c’est drôle, c’est enlevé.
Et tant pis si ça piétine la réalité du quotidien des avocats (à côté de HTGAWM, Ally Mcbeal passerait presque pour une série réaliste). Ici, les
procès sont évacués en quelques jours à peine et un étudiant de première année
est à peu près aussi redoutable qu’un substitut du procureur chevronné.
Enfin, la série multiplie les histoires de cœur et de fesses
à tout va. Une chose est sure, Shonda Rimes ne porte pas la fidélité dans son
cœur : tout le monde couche avec tout le monde. Et quand ça n’est pas le
cas, tout le monde se renifle le derrière avec la subtilité d’un St-Bernard en
chaleur. Pas un seul couple qui tienne la route, pas une seule relation qui ne
soit calculée, bafouée ou pipeautée.
Bref, tout ça est hénaurme. Tellement hénaurme qu’on en
vient à se dire que c’est assumé. Et c’est là qu’on comprend qu’il faut prendre
la série pour ce qu’elle est : un guilty
pleasure parfaitement rodé. Le rythme frénétique du pilote – à qui la série
doit beaucoup – nous empêche de nous focaliser sur chaque détail qui ne
fonctionnerait pas et nous plonge irrémédiablement dans cet univers calibrée
mais ô combien jubilatoire. Facile mais jouissif.
On verra bien où tout ça nous mène. On verra bien comment
les scénaristes parviennent à gérer les flash-forwards et les révélations à
répétition qui ne manqueront pas d’arriver épisode après épisode. On verra bien
si le plaisir ne finit pas par s’estomper. Mais ce pilote (et le deuxième
épisode que j’ai également regardé avec un plaisir coupable non dissimulé) me
fait dire qu’il y a moyen de passer quelques heures bien fun devant ce produit
parfaitement orchestré et ma foi, vraiment réussi.
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