La semaine dernière s’est terminée la diffusion de La Gifle,
nouvelle trouvaille d’Arte qui, décidément, a le don d’aller dénicher à
l’étranger des petites pétites méconnues en France (je pense à Hatufim,
surtout, et à Real Humans). Cette fois-ci, la série vient d’Australie et est
l’adaptation (fidèle, d’après ce qu’en disent les lecteurs) du livre de Christos
Tsiolkas qui porte le même nom. Le point de départ de cette mini-série est
simple : lors de l’anniversaire d’un des personnages, un des adultes présents
administre une gifle à un enfant qui n’est pas le sien. Ce geste est le point
de départ de véritables déchirements dans le groupe d’amis invités, où chacun a
son opinion sur la portance d’un tel acte. Mini-série de 8 épisodes, La Gifle
ne m’a pas complètement séduit. Mais ne m’a pas déplu non plu. A réponse de
normand, justification de normand.
La galerie de personnages présents dans la série est
extrêmement riche. Nombreux, ils sont tous subtilement écrits. On rencontre des
personnalités complexes, loin d’être caricaturales, très réalistes et donc très
attachantes. Parfaitement interprétés par un casting aussi varié que réussi,
ces personnages ont un vrai fond, une vraie résonnance. Sans doute tirée de la
matière première qu’a offert le livre aux scénaristes.
Passé le moment où on se concentre pour comprendre qui est
qui, la série se focalise sur huit de ces personnages. A la mode de Skins (et
beaucoup d’autres), chacun de ces héros se voit attribuer un épisode dont il
prend le premier rôle. Et c’est parfois là que le bât blesse. Plutôt que de
voir un groupe se déchirer et se déliter peu à peu, on se focalise sur des individualités,
dont certaines n’ont pas vraiment de lien direct avec le nœud du problème. Et même
si, pris à part, leurs épisodes restent très beaux car il traite de sujets
forts - comme les violences conjugales, la vieillesse, l’avortement ou le
coming-out - ils ont parfois du mal à s’inscrire dans le récit global de la
série. J’aurais aimé observer l’évolution des liens de ce groupe d’amis. Au
lieu de cela, on s’intéresse à des problématiques individuelles qu’on ne prend
pas le temps de traiter à fond. Et c’est un peu frustrant.
Même la fameuse gifle n’a finalement pas l’effet attendu. Au
vu de la bande-annonce de la saison, je m’attendais à ce que cette claque soit véritablement
au cœur de toutes les conversations. Et je trouvais ce pari scénaristique
particulièrement osé. Mais non, tout ne tourne pas autour de ça. Une grande
partie, certes, et peut-être la meilleure, mais pas tout. Je dirais même qu’une
autre storyline, moins originale, plus convenue, occulte peu à peu cet
évènement et prend le dessus au fur et à mesure des épisodes. Dommage.
Oui oui, c'est bien Nick d'Hartley Coeur à Vif... |
Des personnages comme Anouk, Manolis ou Richie,
passionnants, émouvants, restent trop peu connus du spectateur. On voudrait en
savoir plus mais on sent que les scénaristes ont dû faire des choix et couper dans le tas, faute de temps. D’autres
personnages, pourtant plus présents à l’écran, comme la fascinante Rosie ou la
complexe Aisha, sont eux-aussi parfois difficiles à comprendre, à suivre, car
leur tempéraments se modifient d’une scène sur l’autre. Là encore, on imagine
que le livre permet d’aborder ces changements d’humeur plus naturellement. Enfin,
certains rôles secondaires prometteurs n’ont malheureusement pas le temps de se
développer - et là, je pense à Sandi, Bilal ou Gary.
Malgré tout, le point fort commun à tous ces personnages (et ce qui les sauve pour certains), c’est leur interprétation. Les comédiens, vraiment tous très bons, incarnent à merveille ces héros ordinaires (mention tout spéciale à Melissa George qui joue subtilement Rosie, personnage loin d’être évident à appréhender). Mais eux ont sans doute pu puiser dans le bouquin pour nourrir leur jeu.
Malgré tout, le point fort commun à tous ces personnages (et ce qui les sauve pour certains), c’est leur interprétation. Les comédiens, vraiment tous très bons, incarnent à merveille ces héros ordinaires (mention tout spéciale à Melissa George qui joue subtilement Rosie, personnage loin d’être évident à appréhender). Mais eux ont sans doute pu puiser dans le bouquin pour nourrir leur jeu.
La Gifle n’est pas une mauvaise série, loin de là. Je la
recommande même à ceux qui ne l’ont pas vue. Elle ne remplit juste pas complètement
le contrat que la bande-annonce avait pu me vendre. J’attendais un récit filé,
j’ai eu huit (beaux) portraits. Aucun épisode ne m’a ennuyé, mais j’ai parfois
eu du mal à percevoir ou à comprendre ce qui les liait entre eux. L'excellent casting m’a
permis d’apprécier cette série mais le scénario m’a surtout donné envie d’acheter
le livre, que je lirai plus tard, quand j’aurais un peu oublié l’histoire.
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