dimanche 29 septembre 2013

La Gifle : pas tout à fait la claque attendue



La semaine dernière s’est terminée la diffusion de La Gifle, nouvelle trouvaille d’Arte qui, décidément, a le don d’aller dénicher à l’étranger des petites pétites méconnues en France (je pense à Hatufim, surtout, et à Real Humans). Cette fois-ci, la série vient d’Australie et est l’adaptation (fidèle, d’après ce qu’en disent les lecteurs) du livre de Christos Tsiolkas qui porte le même nom. Le point de départ de cette mini-série est simple : lors de l’anniversaire d’un des personnages, un des adultes présents administre une gifle à un enfant qui n’est pas le sien. Ce geste est le point de départ de véritables déchirements dans le groupe d’amis invités, où chacun a son opinion sur la portance d’un tel acte. Mini-série de 8 épisodes, La Gifle ne m’a pas complètement séduit. Mais ne m’a pas déplu non plu. A réponse de normand, justification de normand.


La galerie de personnages présents dans la série est extrêmement riche. Nombreux, ils sont tous subtilement écrits. On rencontre des personnalités complexes, loin d’être caricaturales, très réalistes et donc très attachantes. Parfaitement interprétés par un casting aussi varié que réussi, ces personnages ont un vrai fond, une vraie résonnance. Sans doute tirée de la matière première qu’a offert le livre aux scénaristes.
Passé le moment où on se concentre pour comprendre qui est qui, la série se focalise sur huit de ces personnages. A la mode de Skins (et beaucoup d’autres), chacun de ces héros se voit attribuer un épisode dont il prend le premier rôle. Et c’est parfois là que le bât blesse. Plutôt que de voir un groupe se déchirer et se déliter peu à peu, on se focalise sur des individualités, dont certaines n’ont pas vraiment de lien direct avec le nœud du problème. Et même si, pris à part, leurs épisodes restent très beaux car il traite de sujets forts - comme les violences conjugales, la vieillesse, l’avortement ou le coming-out - ils ont parfois du mal à s’inscrire dans le récit global de la série. J’aurais aimé observer l’évolution des liens de ce groupe d’amis. Au lieu de cela, on s’intéresse à des problématiques individuelles qu’on ne prend pas le temps de traiter à fond. Et c’est un peu frustrant.
Même la fameuse gifle n’a finalement pas l’effet attendu. Au vu de la bande-annonce de la saison, je m’attendais à ce que cette claque soit véritablement au cœur de toutes les conversations. Et je trouvais ce pari scénaristique particulièrement osé. Mais non, tout ne tourne pas autour de ça. Une grande partie, certes, et peut-être la meilleure, mais pas tout. Je dirais même qu’une autre storyline, moins originale, plus convenue, occulte peu à peu cet évènement et prend le dessus au fur et à mesure des épisodes. Dommage.

Oui oui, c'est bien Nick d'Hartley Coeur à Vif...
Globalement, j’ai le sentiment que la série a du mal à choisir son sujet et survole bon nombre de thèmes très forts en oubliant parfois de donner des conclusions aux questions posées. En voulant rester fidèle au livre, découpé lui aussi en huit chapitres, la série a voulu tout dire. Or, il me semble qu’en 100 pages d’un livre, on peut en dire beaucoup plus sur un personnage qu’en 45 minutes télévisées. C’est en tout cas le constat que j’ai fait tout au long de la série : « le bouquin doit être génial ».
Des personnages comme Anouk, Manolis ou Richie, passionnants, émouvants, restent trop peu connus du spectateur. On voudrait en savoir plus mais on sent que les scénaristes ont dû faire des choix et  couper dans le tas, faute de temps. D’autres personnages, pourtant plus présents à l’écran, comme la fascinante Rosie ou la complexe Aisha, sont eux-aussi parfois difficiles à comprendre, à suivre, car leur tempéraments se modifient d’une scène sur l’autre. Là encore, on imagine que le livre permet d’aborder ces changements d’humeur plus naturellement. Enfin, certains rôles secondaires prometteurs n’ont malheureusement pas le temps de se développer - et là, je pense à Sandi, Bilal ou Gary.
Malgré tout, le point fort commun à tous ces personnages (et ce qui les sauve pour certains), c’est leur interprétation. Les comédiens, vraiment tous très bons, incarnent à merveille ces héros ordinaires (mention tout spéciale à Melissa George qui joue subtilement Rosie, personnage loin d’être évident à appréhender). Mais eux ont sans doute pu puiser dans le bouquin pour nourrir leur jeu.

La Gifle n’est pas une mauvaise série, loin de là. Je la recommande même à ceux qui ne l’ont pas vue. Elle ne remplit juste pas complètement le contrat que la bande-annonce avait pu me vendre. J’attendais un récit filé, j’ai eu huit (beaux) portraits. Aucun épisode ne m’a ennuyé, mais j’ai parfois eu du mal à percevoir ou à comprendre ce qui les liait entre eux. L'excellent casting m’a permis d’apprécier cette série mais le scénario m’a surtout donné envie d’acheter le livre, que je lirai plus tard, quand j’aurais un peu oublié l’histoire.

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