Une de plus ! J’ai fini la seconde saison de Boss. Et je dis seconde car il n’y en aura pas de troisième (oui,
parce sinon, on dit deuxième, il parait…). Pour ceux qui ne le savaient pas, la
série qui s’est achevée le 19 octobre dernier sur Starz a été annulée courant
novembre. Et c’est quand même bien dommage de voir des séries aussi réussies
que celles-ci s’arrêter aussi vite tandis qu’on offre une saison 2 à The Following (nan mais allo, comme
dirait l’autre...). Petit debrief de cette dernière saison (attention, qui
dit debrief, dit spoilers…)
Ne nous voilons pas la face, la saison 2 est moins réussie que lasaison 1. C’est dit. Les intrigues sont moins bien tenues et les retournements
de situation moins crédibles. Certaines storylines frôlent même
l’incohérence : plusieurs fois au cours de son enquête, Miller, LE seul
journaliste qui a tout compris aux magouilles du maire, a accès à des infos à
priori impossibles à obtenir, comme les relevés téléphoniques de la mairie ou
les suivis des déplacements des voitures officielles. Comment ? On ne sait
pas. Bon. Autre incohérence, à la limite du shark jumping, le projet de casino
qui vient à lui tout seul redresser la crise économique et social qui a
littéralement mis Chicago à feu et à
sang : une solution un peu facile, légèrement pompée sur
"Sim City". Enfin, la résolution de la tentative d’assassinat,
convenue et prévisible, déçoit.
Par ailleurs, certains personnages ont une trajectoire difficile à avaler.
Je pense à la guérison ultra rapide de Meredith, qui se fait quand même enlever
une moitié de poumon ! Quand j’ai su quelle opération elle avait subie et
connaissant le réalisme que la série défend, je m’étais dit qu’on ne la
reverrait plus et je trouvais ça couillu. Mais non, trois épisodes plus tard
(se déroulant sur quelques jours), elle fait son retour sur la scène publique,
(presque) tout fraiche, toute pimpante. Dommage. De même, la désintox d’Emma
est un poil rapide, alors qu’elle était franchement bien atteinte l’année
dernière; et la réhabilitation de Zajac après les révélations sur son sulfureux
passé semble un tantinet simpliste.
Quelques défauts qui donnent une impression globale de moins bien.
D’autant que ces facilités ne ressemblent pas à ce à quoi la saison 1 avait pu
nous habituer. Malgré tout, les histoires développées cette année restent
globalement passionnantes et les quelques détails soulignés ci-dessus n’ont pas
suffi pas à gâcher mon plaisir de téléspectateur.
Il faut vraiment le reconnaitre, la série reste quand même d’une
qualité largement supérieure à la moyenne. On retrouve ce qu’on avait aimé dans
la première saison, à commencer par une galerie de personnages tous plus
détestables les uns que les autres. Menteurs, traitres, manipulateurs, pervers,
ils sont tous flippants (la palme revient cette année à Ian, le petit lèche-cul
de première qui n’a aucun problème à briser le tabou de l’inceste). Aucun ne
parvient à garder une ligne de conduite irréprochable, à l’exception - et c’est
une première dans la série - de la naïve et fragile Mona Fredricks. Avouons que
c’est pour ça qu’on aime Boss :
voir des salauds mettre au point des coups de pute toujours plus tordus, c’est
jouissif.
Kelsey Grammer reste impeccable de bout en bout. Terrorisant quand il
pousse une colère, angoissant quand il sourit, il incarne à lui seul le concept
de la bombe à retardement : on sait que ça peut péter à tout moment, le
tout est de savoir quand et de ne pas être présent à ce moment là. Boss lui doit beaucoup : ça faisait
longtemps qu’un acteur n’avait pas incarné la méchanceté et le vice avec autant
de charisme et de talent.
Visuellement, la série est fidèle à elle-même : sa photographie
demeure toujours aussi glaçante que ses personnages et sa réalisation léchée,
hyper travaillée, continue entre autre d’utiliser des gros plans désaxés,
idéals pour souligner la méfiance ambiante et le malaise général. Les ralentis,
les contre-plongées et l’utilisation de plans grandioses sur Chicago contribuent
à placer Boss dans la catégorie des
séries aussi belles dans sa forme quand dans son contenu. Good point.
Malheureusement, tout ça n’a pas convaincu et la série a eu de mal à
fidéliser son public. L’univers de Boss
serait-il trop méchant pour les téléspectateurs ? Possible. En attendant,
l’arrêt de la série n’avait pas été prévu par les scénaristes et la saison
s’achève sur des histoires laissées en suspens. L’idée d’un film qui viendrait
donner une vraie fin à la série est actuellement en discussion. Mais pas sûr
que deux heures suffisent à boucler la boucle. Et c’est bien dommage parce qu’on
aurait aimé assister à la chute définitive de Tom Kane, annoncée dés le pilote
de la série.
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