6 mois après tout le monde, j’ai terminé une série
à laquelle j’ai souvent failli renoncer. Et puis non, finalement, je suis allé
au bout. Jamais totalement passionné, mais jamais entièrement ennuyé, j’aurai regardé
les 8 saisons de Weeds. Surestimée
pendant ses premières années, sous-estimées sur la fin, elle a souvent été
considérée comme un Desperate Housewives
plus tordu ou un Breaking Bad
(pourtant créée bien après) moins couillu. Moi, je crois que la série se situe
plus du coté des ovnis de la télé indé américaine comme United States of Tara ou Girls :
barrés et sympathiques. Et pour une série de ce genre, elle s’est bien battue
(8 ans, c’est long) ! Pas sûr que les Botwins nous manquent vraiment, mais
voilà toujours une liste des 5 choses que je retiendrai :
- Les boissons à emporter de Nancy. Héroïne de la
série, Nancy Botwin, c’est la mère de famille veuve qui a choisi de vendre de
l’herbe pour subvenir aux besoins des siens. Autant dire que pour avoir une
idée aussi brillante, il faut être un peu frappé. Et justement Nancy l’est, comme
les cafés qu’elle boit à longueur d’épisode. Malgré les situations à
haut-risque dans lesquelles elle se retrouve, Nancy reste en décalage permanent
avec la réalité violente qui l’entoure. Sous ses faux airs décontractés que
rien ne semble entamer, Nancy charme à tout va et reste calme, vaporeuse,
inatteignable.
Magnifiquement interprétée par Marie Louise
Parker, la série lui doit beaucoup. Que dis-je, elle lui doit tout. Aucune
comédienne n’est capable de boire à la paille avec autant de sensualité. Et
personne ne porte des tenues aussi légères avec autant de classe. Ultra
charismatique, drôle, belle à se damner, l’actrice crève l’écran à chaque plan.
Oui, j’assume ce poncif du critique télé parce que là, c’est le cas. Un point
c’est tout.
- les armes de Shane : Shane, c’est le
deuxième fils de Nancy. Quand la série commence, le fiston a une douzaine
d’année. Evoluant dans un contexte pour le moins amoral, le jeune garçon a
grandi sans figure paternelle (son père vient de mourir) et avec une mère
absente et/ou criminelle. Résultat des courses : Shane n’est pas le garçon
le plus équilibré du monde des séries. On navigue entre le rêveur poète et le
dangereux psychopathe. En témoignent les accessoires cultes du personnage, de son pistolet à eau utilisé
dans le pilote pour tuer les ours (!) à son gun pas-du-tout-en-plastique dans
les dernières saisons, en passant par son maillet de cricket en fin de saison
5...
Alexander Gould incarne parfaitement cet adolescent perturbé, et ce, un peu malgré
lui : mal dans son corps qui grandit trop vite au fil de la série, cette
maladresse du comédien colle parfaitement à Shane.
Y a qu'à moi que ce môme fait peur? |
- la beuh de Silas : Silas, c’est le fils ainé
de Nancy. Aussi beau gosse que maitre dans l’art de cultiver et dealer sa
marijuana, c’est pourtant le personnage le plus sérieux et le plus
terre-à-terre de la série. Et c’est un paradoxe assez fun : derrière le
sourire Colgate ultra bright se cache un véritable dieu de la beuh, à des
kilomètres du cliché du fumeur de spifs. Et il a beau fumé et ne vivre que pour
cultiver sa MILF (le nom bien Œdipien donné à l’espère de cannabis qu’il a
créée), il envisage toujours son activité le plus sérieusement du monde. Pour
lui, l’herbe est une carrière sérieuse, pas question de prendre ça à la légère
et pas question non plus de jouer dans la cours des grands : il ne
s’alliera jamais avec des mafieux ou de vrais criminels. La fumette, oui, mais
pas avec n’importe qui et pas n’importe comment.
- les diatribes d’Andy : Andy, c’est le
beau-frère de Nancy, amoureux transi et éternellement éconduit de cette dernière.
Il vit pour s’occuper de sa famille, faisant passer le bien-être de ses proches
avant ses besoins personnels. Conseiller de Nancy et père de substitution pour
Shane et Silas, il ne peut s’empêcher de partager aux uns et aux autres sa
vision bien particulière, bien crue et bien cynique du monde qui l’entoure.
La
preuve, cette magnifique diatribe sur la masturbation devant un Shane
pré-adolescent :
Des petits bijoux d’écriture (pour ceux qui voudraient avoir le texte en VO sous les yeux pour mieux comprendre les subtilités de ce speech, c'est là).
- les méchant(e)s bien allumé(e)s : qu’il
s’agisse de Celia, Heylia, Estéban, Guillermo ou Jill (dans un autre style),
les opposants à Nancy sont toujours très borderlines. Sous des atours souvent
inoffensifs voire même séduisant (je pense aux costumes d’Estéban) se cachent
souvent de véritables psychopathes bipolaires. Tous plus dangereux les uns que
les autres, ils n’en restent pas moins hyper drôles et donc hyper attachants.
Et là, je parle surtout des femmes antagonistes : l’accent sudiste
d’Heylia, la méchanceté gratuite de Celia et l’égoïsme de Jill rendent ces
trois personnages féminins assez inoubliables. Dommage que les deux premières
soient absentes des dernières saisons et que la troisième n’arrive que
tardivement.
Et en bonus le générique, un cas bien particulier
sur Weeds. Dans les premières
saisons, on y voit une jolie critique de la vie de banlieue aseptisée, réglée
comme du papier à musique, identique pour tous. Avec en prime la jolie
trouvaille d’utiliser une version différente de "little boxes" (excellent choix, quand on écoute les
paroles) dans chaque épisode.
Puis, les Botwin ayant quitté leur banlieue
tranquille, le générique se réduit à un plan sur un accessoire de l’épisode à
venir sur lequel apparaissent le titre et le logo de la série. Simple mais
aussi intrigant, puisqu’on se demande toujours comme cet accessoire va pouvoir
être intégré à l’histoire.
Sur les dernières saisons, c’est carrément un
gigantesque résumé de la série et des périples des Botwin qui est dessiné,
toujours sur fond de nouvelles versions de "little
boxes". Malin, parce qu’il faut dire que les personnages ont fait un
sacré bout de chemin depuis la saison 1.
Pas aussi immanquable que certaines comédies du
câble, mais définitivement agréable à regarder, Weeds ne fera sans doute pas partie des séries qui me manqueront.
Mais elle vient s’ajouter à la liste de celles que je suis content d’avoir vu
jusqu’au bout, sans overdose ni dépendance.
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