vendredi 22 février 2013

La fin de Weeds: pas d'overdose ni de dépendance



6 mois après tout le monde, j’ai terminé une série à laquelle j’ai souvent failli renoncer. Et puis non, finalement, je suis allé au bout. Jamais totalement passionné, mais jamais entièrement ennuyé, j’aurai regardé les 8 saisons de Weeds. Surestimée pendant ses premières années, sous-estimées sur la fin, elle a souvent été considérée comme un Desperate Housewives plus tordu ou un Breaking Bad (pourtant créée bien après) moins couillu. Moi, je crois que la série se situe plus du coté des ovnis de la télé indé américaine comme United States of Tara ou Girls : barrés et sympathiques. Et pour une série de ce genre, elle s’est bien battue (8 ans, c’est long) ! Pas sûr que les Botwins nous manquent vraiment, mais voilà toujours une liste des 5 choses que je retiendrai :

- Les boissons à emporter de Nancy. Héroïne de la série, Nancy Botwin, c’est la mère de famille veuve qui a choisi de vendre de l’herbe pour subvenir aux besoins des siens. Autant dire que pour avoir une idée aussi brillante, il faut être un peu frappé. Et justement Nancy l’est, comme les cafés qu’elle boit à longueur d’épisode. Malgré les situations à haut-risque dans lesquelles elle se retrouve, Nancy reste en décalage permanent avec la réalité violente qui l’entoure. Sous ses faux airs décontractés que rien ne semble entamer, Nancy charme à tout va et reste calme, vaporeuse, inatteignable.
Magnifiquement interprétée par Marie Louise Parker, la série lui doit beaucoup. Que dis-je, elle lui doit tout. Aucune comédienne n’est capable de boire à la paille avec autant de sensualité. Et personne ne porte des tenues aussi légères avec autant de classe. Ultra charismatique, drôle, belle à se damner, l’actrice crève l’écran à chaque plan. Oui, j’assume ce poncif du critique télé parce que là, c’est le cas. Un point c’est tout.


- les armes de Shane : Shane, c’est le deuxième fils de Nancy. Quand la série commence, le fiston a une douzaine d’année. Evoluant dans un contexte pour le moins amoral, le jeune garçon a grandi sans figure paternelle (son père vient de mourir) et avec une mère absente et/ou criminelle. Résultat des courses : Shane n’est pas le garçon le plus équilibré du monde des séries. On navigue entre le rêveur poète et le dangereux psychopathe. En témoignent les accessoires  cultes du personnage, de son pistolet à eau utilisé dans le pilote pour tuer les ours (!) à son gun pas-du-tout-en-plastique dans les dernières saisons, en passant par son maillet de cricket en fin de saison 5...
Alexander Gould incarne parfaitement  cet adolescent perturbé, et ce, un peu malgré lui : mal dans son corps qui grandit trop vite au fil de la série, cette maladresse du comédien colle parfaitement à Shane.
Y a qu'à moi que ce môme fait peur?

- la beuh de Silas : Silas, c’est le fils ainé de Nancy. Aussi beau gosse que maitre dans l’art de cultiver et dealer sa marijuana, c’est pourtant le personnage le plus sérieux et le plus terre-à-terre de la série. Et c’est un paradoxe assez fun : derrière le sourire Colgate ultra bright se cache un véritable dieu de la beuh, à des kilomètres du cliché du fumeur de spifs. Et il a beau fumé et ne vivre que pour cultiver sa MILF (le nom bien Œdipien donné à l’espère de cannabis qu’il a créée), il envisage toujours son activité le plus sérieusement du monde. Pour lui, l’herbe est une carrière sérieuse, pas question de prendre ça à la légère et pas question non plus de jouer dans la cours des grands : il ne s’alliera jamais avec des mafieux ou de vrais criminels. La fumette, oui, mais pas avec n’importe qui et pas n’importe comment.


- les diatribes d’Andy : Andy, c’est le beau-frère de Nancy, amoureux transi et éternellement éconduit de cette dernière. Il vit pour s’occuper de sa famille, faisant passer le bien-être de ses proches avant ses besoins personnels. Conseiller de Nancy et père de substitution pour Shane et Silas, il ne peut s’empêcher de partager aux uns et aux autres sa vision bien particulière, bien crue et bien cynique du monde qui l’entoure. 
La preuve, cette magnifique diatribe sur la masturbation devant un Shane pré-adolescent :

Des petits bijoux d’écriture (pour ceux qui voudraient avoir le texte en VO sous les yeux pour mieux comprendre les subtilités de ce speech, c'est là).

- les méchant(e)s bien allumé(e)s : qu’il s’agisse de Celia, Heylia, Estéban, Guillermo ou Jill (dans un autre style), les opposants à Nancy sont toujours très borderlines. Sous des atours souvent inoffensifs voire même séduisant (je pense aux costumes d’Estéban) se cachent souvent de véritables psychopathes bipolaires. Tous plus dangereux les uns que les autres, ils n’en restent pas moins hyper drôles et donc hyper attachants. Et là, je parle surtout des femmes antagonistes : l’accent sudiste d’Heylia, la méchanceté gratuite de Celia et l’égoïsme de Jill rendent ces trois personnages féminins assez inoubliables. Dommage que les deux premières soient absentes des dernières saisons et que la troisième n’arrive que tardivement.

Et en bonus le générique, un cas bien particulier sur Weeds. Dans les premières saisons, on y voit une jolie critique de la vie de banlieue aseptisée, réglée comme du papier à musique, identique pour tous. Avec en prime la jolie trouvaille d’utiliser une version différente de "little boxes" (excellent choix, quand on écoute les paroles) dans chaque épisode.
Puis, les Botwin ayant quitté leur banlieue tranquille, le générique se réduit à un plan sur un accessoire de l’épisode à venir sur lequel apparaissent le titre et le logo de la série. Simple mais aussi intrigant, puisqu’on se demande toujours comme cet accessoire va pouvoir être intégré à l’histoire.
Sur les dernières saisons, c’est carrément un gigantesque résumé de la série et des périples des Botwin qui est dessiné, toujours sur fond de nouvelles versions de "little boxes". Malin, parce qu’il faut dire que les personnages ont fait un sacré bout de chemin depuis la saison 1.



Pas aussi immanquable que certaines comédies du câble, mais définitivement agréable à regarder, Weeds ne fera sans doute pas partie des séries qui me manqueront. Mais elle vient s’ajouter à la liste de celles que je suis content d’avoir vu jusqu’au bout, sans overdose ni dépendance.

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