dimanche 8 juillet 2012

Girls, bien loin de Gossip

C’est un hasard du calendrier, mais après The Newsroom et True Blood, je voudrais m’arrêter sur une troisième série issue de la chaine mythique HBO (qui a dit qu’elle était finie ?) : Girls, dont la premieère saison vient de s’achever il y a quelques semaines. Attention, malgré ce titre, on est bien loin de Gossip Girl ou Sex & the City, séries auxquelles on a trop vite voulu comparer cet ovni de la télévision américaine. Bon voilà, le terme est lancé : un ovni. Je m’étais promis de ne pas l’utiliser dans ce billet comme à peu près 90% des articles qui parlent de cette série, mais il faut bien admettre que c’est le mot qui convient le mieux pour définir cette œuvre télévisuelle pour le moins originale.


Girls, c’est l’histoire de quatre nanas d’une vingtaine d’années qui vivent à Brooklyn en système D. Fauchées, pas très jolies (enfin, pas toutes), un peu paumées, elles essayent tant bien que mal de démarrer leur vie dans le monde des adultes. Certaines fréquentent des mecs un peu - voire carrément - chelou, moitié artistes, moitié psychopathes. D’autres essayent désespérément de trouver le bon pour enfin connaitre l’amour. Rien de bien nouveau à première vue. 

Sauf que Girls est produit par deux personnalités hors du commun qui ont su donner toute leur patte à la série : Judd Apatow d’abord, le réalisateur de comédies comme 40 ans toujours puceau ou En cloque, mode d’emploi. Spécialise des blagues un peu lourdingues, il aime pousser les situations embarrassantes jusqu’à l’extrême. Rien n’est épargné à ses personnages, qui, malgré cet humour gras (ou peut-être grâce à celui-ci), sont souvent extrêmement attachants.  Le second producteur de Girls est une productrice puisqu’il s’agit de Lena Dunham. C’est qui ? me demanderez-vous à juste titre. Et bien elle est non seulement la comédienne principale de la série mais elle écrit et réalise également la plupart des épisodes ! Autant l’avouer tout de suite : avoir sa série sur HBO à seulement 26 ans, ça en jette ! Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’a peur de rien. Comme Apatow, elle ne craint pas le ridicule et l’exploite même à fond. Tout ce qu’elle inflige à son personnage, qu’elle bombarde d’attaques touchant souvent au physique, c’est un peu à elle-même qu’elle se l’inflige.

Au final il faut bien avouer que son personnage est de loin le mieux servi par les dialogues et les scénarios de la série : égoïste, mal fagotée, boudeuse, complexée, rondouillarde, assistée, Hannah, qu’interprète Dunham, passe son temps à faire tourner tout son petit monde autour de son nombril (rondouillet). Engoncée dans une histoire de cul, qu’elle imagine être une histoire d’amour, elle refuse d’entendre les conseils de ses copines, et devient même incapable de s’intéresser à leurs problèmes. Elle préfère s’accrocher à ce mec tordu, limite flippant, quitte à en oublier de se trouver un job pour gagner sa vie et ne plus vivre aux crochets de sa colocataire. Bon, dit comme ça, ce personnage ne donne pas méga envie. Mais pourtant, avec le talent de Lena Dunham et de l’ensemble du casting (vraiment excellent), ces situations bizarres, parfois malsaines, deviennent hilarantes.

Au passage, petit clin d’œil à deux personnages qui ont particulièrement attiré mon attention notamment grâce à la prestation des comédiens qui les interprètent : Shoshanna, la copine totalement weird qui cherche à se débarrasser de sa virginité est jouée par Zosia Mamet qu’on avait déjà vue dans United States of Tara, un autre bijou du câble américain, dans la catégorie "série d’auteur décalée". Christopher Abbott m’a également bien séduit pour sa façon d’incarner Charlie, le mec timide, un brin collant mais transi d’amour pour Marnie.

Alors certes, la série à un coté ciné américain indépendant un peu trop marqué : les personnages habitent dans le coin trendy de New-York, s’habillent avec des fringues venus d’ailleurs et assistent à des teufs branchouilles dans des hangars glauques quand elles ne participent pas à des séances de lecture de poètes à la mode. Mais c’est bien ce côté bobo-décalé qui donne tout son charme à la série. D’abord dérangeant, parce que loin des codes girly, glamours et clinquants qu’on connait dans les autres séries dites de filles, ce ton apporte finalement de la fraicheur à ce nouveau programme. Et la réaction de téléspectateurs est assez unanime : après avoir regardé les premiers épisodes en se demandant de quoi il s’agissait, beaucoup finissent par admettre que cette série propose un humour chelou mais fun jamais vu ailleurs. Et ça fait du bien !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire