Un des évènements du mois était le retour de l’excellentissime Breaking Bad sur AMC pour son ultime saison. La série est communément considérée comme l’une des meilleures du moment. La presse est unanime, les prix pleuvent sur la tête des créateurs et des comédiens, et les audiences confirment ce succès. Pourtant très noire, très lourde, Breaking Bad a su convaincre petit à petit*. C’est un vrai risque que la chaine câblée a bien fait de prendre, tant la réputation de Breaking Bad contribue aujourd’hui à faire d’AMC l’une des chaines majeures en termes de créations de séries qualitatives. Et pourtant, la décision de produire des séries originales sur AMC est une idée toute récente. Mais en quelques années, la petite chaine a réussi à s’imposer et même à faire de l’ombre à HBO, LA chaine mythique du câble américain.
En 2007, après avoir été refusé chez HBO et chez FX, le scénario du pilote d’une série arrive dans les bureaux d’AMC, qui choisit de se lancer dans la production de séries avec ce projet. La série s’appelle Mad Men. Loin des séries spectaculaires des networks, Mad Men prend son temps pour séduire. Et parvient à ses fins. Et même si les audiences, toujours en progrès, ne sont pas hallucinantes (on est quand même sur une petite chaine câblée), la popularité de la série dépasse largement la télévision et devient un véritable phénomène de mode.
Fière de ce succès, AMC lance donc Beaking Bad l’année suivante. Sur le même schéma, la série acquière ses titres de noblesse au fil du temps (ce qui somme toute, est plutôt un bon signe : il n’est jamais bon de démarrer trop fort et trop vite dans le monde des séries).
En 2010, AMC provoque à nouveau l’évènement avec The Walking Dead. Avec un thème en décalage parfait avec ceux habituellement traités sur la chaîne – pensez-donc, des zombies ! – The Walking Dead maintient malgré tout le niveau esthétique de ses consœurs. Perso, je n’aime pas la série (un jour, je dirai pourquoi), mais je suis bien obligé d’admettre que c’est un carton. Le premier épisode de la saison 2 s’est autorisé à battre les audiences de Desperate Housewives, certes en perte de vitesse, mais malgré tout diffusé sur un réseau national !
En 2011, c’est The Killing qui fait son apparition sur AMC. Adaptation d’une série danoise, elle confirme là encore la volonté d’offrir des programmes de qualité, intelligents et visuellement chiadés. Une vraie réussite.
C’est donc quasiment un sans faute que réalise jusque là AMC. Pour être parfaitement honnête, je devrais quand même mentionner l’échec du remake du Prisonnier et celui de Rubicon, série d’espionnage ayant pourtant reçue d’excellenes critiques. Mais dans l’ensemble, AMC fait fort : elle ne produit pas beaucoup, mais elle produit bien.
Alors, est-ce que c’est la fin de HBO ? Pas nécessairement. HBO reste encore et toujours la chaine câblée de référence. Connue pour ne pas diffuser de publicité pendant ses programmes, HBO est même devenue à elle seule un argument de vente pour les motels américains, preuve de la popularité de la chaine. Aux débuts des années 2000, c’est clairement l’âge d’or de la chaîne : OZ, Sex & The City, The Sopranos, Six Feet Under, Rome, Brand of Brothers… Un catalogue hallucinant !
Certains voudraient en conclure que depuis, la chaine est en perdition. J’ai un peu du mal à y croire quand je regarde le nombre de séries qui connaissent un succès critique et/ou public et qui sont diffusées actuellement sur la chaîne : True Blood, Boardwalk Empire, l’excellent Game of Thrones, et plus récemment Girls, Veep et The Newsroom (2012 est un bon cru pour HBO, selon moi). Bref, je pense que HBO a encore toutes ses chances, malgré la concurrence de plus en plus vive d’AMC. Les battles du dimanche soir font rage mais globalement HBO s’en sort mieux : Game of Thrones l’emportait sur Mad Men le mois dernier, et en ce moment, Breaking Bad s’impose face à The Newsroom (qui résiste plutôt bien pour une nouvelle série).
Avec le temps, AMC parviendra peut-être à devenir inquiétante pour HBO. Cela dit, ça n’est pas la première concurrente pour la chaine historique : Showtime (avec Dexter, Homeland, Weeds et Californication), et dans une moindre mesure FX (Nip/Tuck, Sons of Anarchy, Damages) sont, elles aussi, des adversaires sérieuses, et ce depuis bien plus longtemps. Mais elles n’ont pas encore réussi à avoir raison de HBO.
*A ce propos, je vous suggère d'aller lire ce petit article sur les 10 raisons (parfaitement justes) de se remettre à Breaking Bad. Perso, je suis particulièrement d'accord avec les points 1, 2, 5 et 8.