La cinquième saison de True Blood vient de reprendre aux États-Unis. Chaque année, je me demande si je vais m’y remettre et chaque année je replonge. Et je me demande bien pourquoi. Cette année ne fait pas exception à la règle : je viens tout juste de voir les deux premiers épisodes de la saison et je sais dores et déjà que j’irai jusqu’au bout. Cette série fait partie de celles que j’ai toujours beaucoup de mal à assumer, parce que je crois qu’objectivement, True Blood est une mauvaise série. Pourtant, je la regarde et je ne suis pas le seul : la série connait son petit succès (on n’enquille pas 5 saisons si le public ne suit pas) puisqu’elle est la série la plus regardée de la mythique chaine câblée HBO, après les indétrônables Sopranos. Mais alors pourquoi ? Je me suis amusé à dresser une petite liste de ce qui me plaisait beaucoup dans la série et ce qui m'insupportait au plus haut point.
Le pour :
Un des premiers atouts de la série est son générique. Enfin surtout sa musique. Je ne suis pas fan du montage qui alterne des images tantôt mystico-religieuses et tantôt provocantes. Et surtout, je n’y retrouve pas l’univers de la série. Mais peu importe, la musique est cool ! Je ne rate jamais un générique de True Blood dans l’unique but d’écouter le Bad Tings de Jace Everett.
True Blood se passe au fin fond de la Louisiane dans un bled nommé Bon Temps. Ce coin paumé des States donne tout son charme à la série. La moitié des personnages sont des bons vieux rednecks un peu bas de plafond et nombre d’entre eux possèdent un accent du Sud à couper au couteau (il faut entendre parler Arlene dans la VO), voire même un accent cajun carrément imbitable sans sous-titres. Ça change des accents new-yorkais ou californiens. On découvre une autre facette des États-Unis, moins propre, plus républicaine. Avec des personnages aussi cons (et oui, le terme est lâché mais en même temps, pour certains d’entre eux, il n’y a pas d’autres mots), on est aussi assuré de se marrer régulièrement.
Parmi ces personnages, j’ai forcément mes préférés qui me poussent à revenir à chaque nouvel épisode. Mon trio de tête : Jessica, Jason & Tara. La première casse complètement le mythe de la vampire sexy et charismatique : novice dans l’art d’être un mort-vivant, elle a tout à apprendre. Elle ne respecte aucune règle et se comporte comme une adolescente (qu’elle est) au milieu de vampires qui, il faut bien le dire, se prennent un tantinet trop au sérieux.
Le second brise lui aussi le cliché du beau-gosse populaire qu’on voit habituellement dans les séries américaines. Certes, Jason est beau, populaire et gaulé comme le quarterback de l’équipe du coin, mais Jason est con. Vraiment très con. Il a beau faire des efforts pour se sortir de cet état, globalement il reste stupide et se laisse en grande partie guider par sa bite, en bon Apollon qu’il est.
Quant à Tara, elle a l’air un peu moins perdue que ces petits camarades ; elle a conscience d’être entourés de bas esprits. Plus cynique que le reste des personnages, c’est à elle que revient la plupart des répliques bien cinglantes. Une force de la nature dans un corps de petite femme fragile. Sans rien spoiler, ce qui arrive à Tara dans la saison 5 fait partie des raisons principales pour lesquelles j’ai replongé cette année.
True Blood est également réputé pour ses rebondissements. Une chose est sure, on ne s’ennuie pas dans cette série : il se passe mille choses par épisode. Multipliant les intrigues et les retournements de situation, la série assure un rythme soutenu dans sa narration et c’est tant mieux. Il faut bien ça pour compenser le fond du message global, pas toujours très riche. Du coup, conséquence directe, cette surenchère de péripéties flirte souvent avec l’overdose. A trop vouloir en rajouter, on n’arrive plus à suivre et on est vite largué. Plus d’une fois, j’ai démarré un épisode en me demandant pourquoi untel se retrouvait dans telle situation, incapable de me rappeler ce qui s’était passé plus tôt. Mais c’est pas grave, on est là pour le spectacle et tant pis si on ne pige pas tout.
Et puis, l’intérêt de True Blood réside quand même ailleurs. Il faut bien avouer que la série est quand même très portée sur le cul, exploitant à fond le mythe du vampire sans cesse en quête de plaisir charnel. Ici, les vampires sont fortement attirés par les humains qu’ils veulent posséder dans tous les sens du terme ; et les humains sont fortement attirés par les vampires, capables de leurs procurer des sensations de plaisir impossibles à atteindre autrement. Du coup, les scènes de sexe se multiplient sans arrêt, les corps se dévoilent (on n’a jamais vu autant de nudité gratuite dans une série américaine), les expériences s’enchainent et nous, lubriques spectateurs que nous sommes, nous attendons de savoir qui sera le prochain ou la prochaine à atteindre le septième ciel avec Jessica ou Eric. Et comme les acteurs et actrices de la série ne comptent évidemment pas parmi les plus laids du genre humain, les auteurs-réalisateurs s’en donnent à cœur joie pour titiller les esprits mal placés des téléspectateurs. Traitez moi d’obsédé mais parlez de la série à un fan et il aura vite fait de vous parler des fesses de Sookie ou des abdos d’Alcide…
Le contre
Le premier argument qui me vient quand je cherche à démonter la série est l’ENORME erreur de casting pour le rôle principal de Sookie Stackhouse. Mon Dieu qu’Anna Paquin est mauvaise !!! Incapable d’être naturelle, elle joue faux, multiplie les tics et ridiculise en permanence son personnage. Difficile de croire que tous les vampires du coin se battent pour les beaux (?) yeux de cette gourdasse. Et difficile pour nous, spectateurs, de nous intéresser au sort de ce personnage transparent, inutile et mal interprété. Avouez que c’est tout de même embarrassant d’avoir une héroïne qui soule une bonne partie de son public.
Anna Paquin et sa mono-expression... |
L’autre argument en défaveur de la série est son côté "What-The-Fuck ?". A la base, True Blood est une série qui parle des vampires. Elle cherche à les implanter dans une société américaine réaliste en partant du postulat de départ que, suite à la création d’un sang humain artificiel, le fameux True Blood, les vampires peuvent désormais vivre au grand jour (enfin à la grande nuit) puisqu’ils ne sont plus obligés de se nourrir d’humains. Mais voilà, l’intégration des vampires à la société humaine est rapidement effacée par l’arrivée massive de créatures qui viennent peupler la ville de Bon Temps. Et là, ça devient vite du grand n’importe quoi : les vampires, ok, soit, les loups garous, passe encore (l’un va rarement sans l’autre), mais l’introduction de fées, de fantômes, de sorciers, de ménades (qui sait de quoi il s’agit) et de métamorphes occulte complètement le côté extraordinaire des vampires. On assiste à un défilé de monstres, chacune multipliant des pouvoirs inédits, impossibles à retenir. Tout peut arriver, donc plus rien n’étonne. C’est un festival d’idées plus tordues les unes que les autres et on regarde tout ça se dérouler dans une certaine indifférence. La série aurait grandement gagné à ne traiter que de la thématique des vampires : l’univers était déjà bien assez riche. Allez, pour être sympa, j’aurais accepté de rajouter les loups garous, mais c’est tout !
Du coup, face à cette multiplication d’intrigues, la série multiplie également les effets. Et souvent, elle bascule, assez inutilement, dans le trash. Quand les vampires meurent, ils ne se transforment pas en un nuage de poussière, non, ici, ils se transforment en amas de chair sanguinolent. Mais à la rigueur, le gore a toute sa place dans une série fantastique qui traite des vampires. Ce qui est moins naturel, c’est la facilité avec laquelle les scénaristes abordent des thèmes ultra-limites. Un peu comme Nip/Tuck, sous prétexte de vouloir transgresser les tabous, tout est banalisé. Derniers sujets abordés en ce début de saison 5, le cannibalisme et l’inceste ont l’air de ne surprendre personne. Et là encore, le téléspectateur se demande un peu ce qu’il fout là : tous les sujet sensibles sont effleurés, mais aucun n’est traité avec la profondeur ou le sérieux qu’il mérite. On reste dans le premier degré du spectacle inutilement provocant.
Et pourtant on y revient. Comme je le disais au début, épisode après épisode, on continue à suivre. La faute sans doute à ces insupportables cliffhangers, souvent très bien conçus. Les fins d’épisodes sont soignées aux petits oignons pour donner envie de voir la suite. Et les débuts d’épisode sont rarement à la hauteur de nos attentes. M’enfin, le pari est gagné puisque passé cette première séquence souvent décevante, arrive le générique qui suffit à nous faire replonger.
Finalement, True Blood, c’est l’exemple type du plaisir coupable : on sait que ça n’est pas bon, qu'il y a trop de tout, que c'est lourd, mais c’est efficace (un mot que je n’aime pas beaucoup quand il s’agit de série). Et si Alan Ball, le créateur de la série, avait fait bien mieux avant avec Six Feet Under, il aura au moins eu le mérite de dépoussiérer le mythe du vampire qui parvient presque à redevenir sexy, là où les niaiseux Twilight et Vampire Diaries le réduisaient à un délire pour adolescentes pré pubères.
PS : pour rassurer les fans, j’ai le sentiment que la saison 5 repart sur des bonnes bases, replaçant les vampires et leur organisation secrète au cœur des intrigues. Et puis, il y a la fameuse intrigue autour de Tara, dont je parlais plus haut.
Comme quoi, seules les saisons impaires de True Blood ont l’air de valoir le coup.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire