lundi 19 mai 2014

Que deviennent les Desperate?

Ça fait maintenant deux ans que les Desperate Housewives ont rendu leur tablier. Même si les dernières saisons laissaient franchement à désirer (et ne parlons pas de l’épisode final), il faut bien avouer que le petit monde de Wisteria Lane manque pas mal. Mais la bonne nouvelle, c’est que nos quatre ménagères n’ont pas totalement disparu. Elles sont bel et bien là, cachées sous une autre forme dans le paysage audiovisuel. Petit passage en revue des séries où on peut les retrouver.

Lynette Scavo est devenue Claire Dunphy (Modern Family) : 
même look de garçon manqué, même coupe de cheveux, même énergie, les deux mères de famille légèrement dépassées par leur tribu ont des points communs certains. Comme Lynette, Claire fut un temps une mère au foyer avant de choisir de reprendre la vie active une fois sa progéniture sortie de l’enfance. Comme Lynette, Claire est marié à un gars sympa quoiqu’un peu benêt. Et comme Lynette, Claire parvient souvent à manipuler tout son entourage pour arriver à ses fins. Même leurs mères démissionnaires se ressemblent : l’une comme l’autre a profondément manqué d’amour maternel. Heureusement pour Claire, Jay Dunphy est plus présent dans la vie de sa fille que feu le père de Lynette.

Gabrielle Solis est devenue Carmen Luna (Devious Maids) : 
tout d’abord, là aussi, la ressemblance physique des deux femmes saute aux yeux : l’une est mexicaine et l’autre est portoricaine mais toutes deux sont deux vraies bomba latinas, toujours parfaitement apprêtées. Carmen est aussi sure d’elle que Gabrielle et tout autant attirée par le succès, la gloire, le bling bling. Toutes deux sont capables de tout pour obtenir ce qu’elles veulent.
Au-delà de Carmen, c’est toute la série qui parait vouloir faire revivre les grandes années de Gabrielle. Produite entre autres par Marc Cherry et Eva Longoria herself, la série ne cherche pas à cacher ses origines Solisiennes.

Susan Mayer est devenue Christy Plunkett (Mom) : 
bien que d’âges différents, les deux femmes sont toutes deux des mères de famille célibataires ayant eu leur premier enfant étant encore jeunes. Aussi gaffeuses et maladroites l’une que l’autre, Susan et Christy ne sont pas  vraiment des exemples de maturité et de stabilité. Habituées du système D, elles accumulent les combines pour permettre à leurs enfants de grandir correctement. Point commun non négligeable : leurs mères sont encore plus immatures et ingérables qu’elles. Sur ce point, Christy a un léger avantage : sa mère est incarnée par Allison Jeanney, à qui, il faut bien le dire, la série doit beaucoup. Dernière ressemblance : les deux personnages sont interprétés par des actrices (Teri Hatcher et Anna Faris) ayant légèrement tendance à exagérer leurs expressions faciales. Et à la longue, c’est pénible.

Bree Van de Kamp est devenue Hannibal Lecter (Hannibal) : 
depuis la fin de Desperate Housewives, on n’avait pas vu d’hôtes à la hauteur des talents de Bree. Celle-ci mettait toujours les petits plats dans les grands, décorait ses tables avec beaucoup de soin et repoussait toujours plus loin les limites de son art culinaire. Depuis, Hannibal a repris le flambeau. Cuisinier magistral (si on oublie d’où provient la matière première), Hannibal sait recevoir comme personne. Ses diners et ses réceptions sont au moins tout aussi réputées que celle de Bree. Toujours tirés à quatre épingles, ces deux personnages psychorigides peinent à briser la glace pour révéler leur véritable nature. 
Différence notable cependant : Hannibal porte le collier de perles beaucoup moins élégamment que Bree.

Bonus - Edie Brit est devenue la Connasse (Connasse) : 
irrévérencieuses, disant tout haut ce que tout le monde pense tout bas, sans aucune retenue, les deux femmes enchainent les coups bas, les gaffes volontaires et les piques bien placées. Si elle n’a pas la plastique de Nicolette Sheridan, la Connasse de Canal+ n’en est pas moins persuadée qu’elle incarne la perfection faite femme. Hautaines, prétentieuses, voire même méchantes, mieux vaut ne pas les avoir dans son entourage. Mais bon sang qu’elles sont drôles.

Lavoisier disait "rien ne se perd, tout se récupère" ou quelque chose dans le même genre*. Visiblement, les scénaristes de télé font pareil. Alors continuons de recycler, puisque ça marche et que tout le monde n’y voit que du feu.

*Ouais, oh, c’est bon, je sais que ça n’est pas ça, la citation. Moi aussi, j’ai fait de la chimie en 4ème. Crâneurs.

lundi 5 mai 2014

24 x 12




Ce soir, c’est l’évènement télé de la saison pour la Fox : Jack Bauer est de retour. Après des années de bons et loyaux services, l’incontournable agent de la CTU (l’agence gouvernementale fictive qui lutte contre le terrorisme) avait finalement pris sa retraite en fin de 8ème saison. Mais l’homme est increvable et infatigable : il paraissait donc évident qu’il ne coulerait pas ses vieux jours à s’essayer à l’art de la pêche à la mouche. Après avoir hésité à revenir sur les grands écrans, l’agent fédéral le plus radical du petit écran fait finalement son come-back à la télévision pour une neuvième  saison, plus courte. La question qui se pose, c’est donc : bonne ou mauvaise nouvelle ? Parce que si 24 a été la série qui nous a cramponné à nos fauteuils pendant ses premières années, c’est aussi celle qui nous a bien ennuyé comme il faut sur la fin. M’enfin, ne gâchons pas notre plaisir. Pas avant d’avoir vu cette nouvelle folle journée de Jack. Avec un peu de chance, on assistera à des moments aussi chocs que les douze que j’ai listés ici et qui comptent, pour moi, parmi les meilleurs moments de la série. Pourquoi douze me direz-vous ? Parce que la neuvième saison ne sera qu’une demi-saison et aurait du donc s’appeler 12h chrono. Et puis parce que je n’aurais jamais pu monter jusqu’à 24 !
(Forcément, énormes spoilers sur les premières saisons de la série.)


1) La mort de Janet (saison 1 - épisode 6): Janet, c’est la copine de Kim Bauer (la pauvre, on la plaint), la dernière à l’avoir vu vivante avant qu’elle ne se fasse enlever. Du coup, lorsque Teri Bauer et Alan, le père de Janet, la retrouvent à l’hôpital, en pleine phase de réveil post-opératoire, la pression est lourde : il faut attendre que la jeune fille soit en état de parler pour en savoir plus sur le destin de Kim. Alan, qui court depuis plusieurs heures aux cotés de Teri, parait malgré tout soulagé d’avoir retrouvé sa fille et demande à passer un moment seul avec sa fille. Sauf que voilà, Alan n’est pas Alan. C’est un salaud de traitre qui est là pour tuer la pauvre Janet avant qu’elle ne dévoile quoi que ce soit.
C’était le premier vrai twist de la série : je n’avais rien vu venir. Après, on a pris l’habitude de se méfier de tout le monde. Mais là, ils avaient même engagé le gentil Richard "The Sentinel" Burgi pour mieux brouiller les pistes. Salauds !

2) La trahison de Nina Meyers (saison 1 - épisode 23) : le dernier (et non des moindres) masque de la saison tombe, Nina Meyers, la plus proche alliée de Jack, est en fait un agent-double qui travaille pour les terroristes. C’est même elle qui a tué cette pauvre Jamey plus tôt dans la journée pour ne pas qu’elle parle. A part ça, difficile de savoir en quoi elle a pu aider les terroristes tant son emploi du temps était occupé par les diverses demandes de Jack. Mais c’est pas grave, Nina est très méchante et le téléspectateur était sur le cul.

3) La mort de Teri (saison 1 – épisode 24) : On en a beaucoup parlé, mais il faut bien dire que c’était une sacrée surprise. Dans les dernières minutes de la saison 1, alors qu’on pense que tout est bien qui finit bien, Jack découvre le cadavre de sa femme, abattue par Nina quelques instants plus tôt. Loin d’être une énième pirouette scénaristique gratuite, cette mort permet à la série de relancer l’intérêt du spectateur pour les saisons suivantes. Non, tout n’est pas tout rose dans 24 ; oui, les persos principaux peuvent crever (et ils seront nombreux) ; et non, rien n’est joué jusqu’à la dernière minute.

4) L’explosion de la CTU (saison 2 – épisode 3) : grosse surprise de ce début de saison : le centre névralgique des opérations est mis hors d’état de nuire dés le 3ème épisode. Et c’est même un peu de la faute de Jack puisqu’il a participé à cette attaque en s’infiltrant au groupe de terroristes responsable de l’explosion. Tout au long des heures suivantes, il sera intéressant de voir comment petit à petit la CTU est remise sur pied. Les mecs de la logistique bureautique n’ont pas les deux pieds dans le même sabot dans cette boite !

5) La trahison de Marie (saison 2 – épisode 10) : Bon promis, après, on arrêtera de se faire avoir et d’être surpris en apprenant l’identité d’un traitre mais là, c’était quand même trop gros pour qu’on le voit venir (et on était encore que des novices de 24 à l’époque). Le terroriste présumé que tout le monde recherche n’est pas Reza (un pauvre gars qui a le malheur d’être arabe dans une série pas très tendre avec les étrangers), mais sa fiancée, la douce et blonde Marie, l’american girl par excellence, bien wasp et bien propre sur elle. Cette garce n’hésite pas une seconde à buter de sang froid ce pauvre Reza qui pensait passer la plus belle journée de sa vie en épousant Marie. Raté, mec.

6) L’explosion d’une bombe nucléaire (saison 2 – épisode 15) : ils l’ont fait. Les scénaristes ont fait péter une bombe nucléaire sur le sol américain. Bon d’accord, elle explose au milieu du désert de Mojave et elle ne fait pas beaucoup de victimes, mais quand même, il faut reconnaitre que c’est couillu. D’autant plus quand on sait que c’est Jack lui-même qui doit emmener la bombe au milieu de nulle part en mode kamikaze. Ca donne lieu à l’une des meilleures scènes de Kim qui doit dire adieu à son père par téléphone. En fait, c’est peut-être sa seule bonne scène (ça et ce moment grandiose où elle joue à cache-cache avec un puma… hum hum).
Les scénaristes feront péter une autre bombe nucléaire dans les faubourgs de L.A. plus tard dans la série : beaucoup beaucoup plus ridicule.

7) La chute de Lynne Kresge dans les escaliers (saison 2 – épisode 20) : enfin une conseillère du président qui est un tant soit peu intègre et fiable. Bon évidemment ces qualités vont lui couter la vie. Alors qu’elle veut prévenir son boss d’un complot qui se trame contre lui, elle est enfermée par ses collègues. Et lorsqu’enfin elle parvient à s’échapper (et oui, Lynne est une femme forte, jouée par Michelle Forbes alors tu penses !), elle se fait jeter dans les escaliers. Mais pas la taule qu’on s’est tous prise étant gamin. Non, la bonne chute de 3 étages qui la met hors-jeu.

8) L’exécution de Ryan Chappelle (saison 3 – épisode 18) : on a tous adoré détester le boss de Jack Bauer qui n’a eu de cesse de lui mettre des bâtons dans les roues depuis le début de la série. Sauf que voilà, le méchant de la saison 3 n’est pas hyper fan du type non plus. Il exige donc tout bonnement que Jack l’abatte, sous peine de répandre un virus mortel dans L.A. Et comme Jack ne veut pas de ce virus, bah il s’exécute. Pardon, il l’exécute. Enfin bref, il s’isole avec Ryan (qui a au moins le courage de ne pas fuir ses responsabilités) et il lui colle une balle dans la tête. Glaçant.


9) L’amputation de Chase (saison 3 – épisode 24) : instant The Walking Dead dans 24. Chase, l’acolyte de Jack (et l’amoureux de Kim) se voit menotter à un appareil explosif sur le point de répandre un virus mortel dans L.A. (oui, encore !). Forcément, il n’a pas les clés pour se détacher. Et Jack non plus. Mais Jack, lui, il a une hache. Ni une, ni deux, il ampute Chase pour le sauver. De là à dire qu’il essaye de faire comprendre à Chase que sortir avec sa fille, ça se mérite, il n’y a qu’un pas.

10) Le serment de Logan (saison 4 - épisode 17) : Depuis le début de la saison 4, on nous a bien fait comprendre que le vice-président Logan était un gros nul. Un bon tocard comme on n’en fait plus. Il est tout bonnement incapable de gérer la moindre situation de crise, ce qui n’est pas une bonne chose dans une série comme 24. Mais bon, heureusement, il n’est que vice-président. Sauf que quand Air Force One se crashe avec, à son bord, le président, Logan n’a d’autre choix que de prêter serment et de devenir de facto le président par intérim. Avoir un type aussi mauvais à la tête d’un pays, ça ne doit pas être agréable à vivre et ça faisait froid dans le dos. Heureusement, 24 est une fiction...

11) L’assassinat de Michelle Dessler et David Palmer (saison 5 – épisode 1) : c’est ce qui s’appelle lancer une saison sur les chapeaux de roue. En moins de 20 minutes, 24 perd deux de ses figures les plus mythiques. Personnellement Dessler était un de mes personnages préférés, toutes saisons confondues. Et bizarrement, sa mort a été bien plus pénible à vivre que celle de Palmer.

12) La trahison de Logan (saison 5 – épisode 16) : dans le point 10, je disais que Logan était un tocard en saison 4. C’est toujours vrai en saison 5, mais là, il devient aussi un gros connard. Parce que le salaud a beau être à la tête de la nation, il travaille main dans la main avec les terroristes du moment. La trahison ultime. Jack est plus que jamais seul contre tous puisqu’il doit lutter contre la seule figure d’autorité qu’il a toujours respectée. Heureusement, il peut compter sur l’aide de Martha, la femme alcoolique de Logan qui a quelques dents contre son mari. Très joli personnage de cette saison.

Voilà, 12 moments clés de 24 qui ont marqué ma vie de téléspectateur. J’aurai pu citer également la mort de certains employés de la CTU (comme Paula en saison 2, Edgar ou Lynn en saison 5) ou le destin tragique d’Adam (magnifique et encore inconnu Zachary Quinto) qui perd sa sœur en cours de saison 3. Des persos secondaires réussis et attachants.
On notera aisément que je ne retire rien des saisons 6, 7 et 8. Je les ai pourtant toutes vues mais je n’en ai aucun bon souvenir. Les seules choses qui me reviennent en tête sont tous les défauts de la série qui se sont amplifiés au fil des saisons et qui ont petit à petit grippé le système 24. A la fin, à force de vouloir en faire toujours plus, la série est devenue une caricature d’elle-même ; j’espère vraiment que cette saison 9 saura revenir aux fondamentaux des premières saisons.

dimanche 27 avril 2014

Le plan-séquence: exercice stylé!



Le mois dernier, dans mon papier sur la première saison de True Detective, j’ai mentionné l’incroyable plan séquence de l’épisode 4. Celui dont tout le monde a parlé dans des termes dithyrambiques, à juste titre d’ailleurs. Du coup, je me suis penché sur cet exercice de style bien particulier. Pour rappel, le "plan-séquence est une scène (unité de lieu et de temps) filmée en un seul plan qui est restituée telle quelle dans le film, c'est-à-dire sans montage", dixit Wikipédia. Très utilisé au cinéma, le plan-séquence n’est pas pour autant délaissé dans les séries télé. Petite sélection de celles qui ont intégré à leur récit ce qui reste à chaque fois une belle prouesse technique.

Les séries qui en ont fait leur marque de fabrique

The West Wing : La série d’Aaron Sorkin pourrait se résumer ainsi : "ça parle de gens qui parlent beaucoup de politique dans des bureaux".  Sur le papier, ça n’est donc pas le pitch le plus enthousiasmant du monde, visuellement parlant. Alors les réalisateurs de la série ont mis une technique en place pour dynamiser le tout. Les personnages de la Maison Blanche sont des gens très occupés, qui passent sans cesse d’un rendez-vous à l’autre ; les seuls moments où ils peuvent réellement échanger sont les quelques minutes qui séparent leurs meetings, point-presse et autres entretiens. Et c’est donc ces instants précis qu’ils choisissent pour communiquer. Et pour ne pas perdre de temps, ils discutent en marchant. Et ils discutent beaucoup. Et donc ils marchent beaucoup. C’est le fameux Walk and Talk de The West Wing qui voit les caméras suivre sans s’arrêter les personnages qui se perdent pendant de longues minutes dans les couloirs de la Maison Blanche. Ou comme ici, dans les couloirs d’un hôtel :


La plupart des épisodes de la série sont donc truffés de plan-séquences pas forcément spectaculaires mais indispensables pour resserrer la rythme des épisodes. Un sketch parodique a même été réalisé à ce sujet (la qualité est toute pourrie mais ceux qui connaissent la série apprécieront).



Urgences : Michael Crichton avait pour ambition de monter une série médicale réaliste où le jargon technique et les gestes pratiqués sur les patients seraient fidèles à la réalité. Une fois les responsables de NBC convaincus que cela ne ferait pas fuir les spectateurs, on a vu une déferlante de NFS, Chimie, Iono et autres radios du thorax envahir les écrans. Pour renforcer cet effet de réalisme, les réalisateurs de la série ont souvent eu recours au plan séquence, tant et si bien que c’en est devenu une marque de fabrique de la série. Puisqu’il n’y a pas de coupure caméra, la valse des médecins et infirmières qui travaillent autour des patients parait plus réelle : ça fait vrai. Inconsciemment la tension est renforcée dans la tête du spectateur.
Autre avantage du plan séquence : en se promenant dans les couloirs et en passant d’une chambre à l’autre, il permet de raconter plusieurs histoires en parallèles. Urgences étant réputée pour être une série multipliant les storylines (jusqu’à 6 ou 7 dans le même épisode), les plans séquences faisaient avancer plusieurs récit de front, avec parfois seulement quelques répliques captées au hasard des couloirs.
  
Les séries qui en ont fait un exercice de style le temps d’un épisode

New York 911 (saison 5 épisode 11) : Petite sœur d’Urgences, également produite par John Wells, New York 911 est une grande série injustement sous-estimée en France sur les services de secours new yorkais. A l’occasion du centième épisode de la série diffusé en janvier 2004, les auteurs se sont lancé un défi de poids : raconter une seule histoire, basée sur des faits réels vécus par l’un des policiers consultants de la série, sans jamais couper la caméra en dehors des interruptions publicitaires incontournables. L’épisode est donc constitué de cinq plans absolument magistraux. Là encore, le réalisme de la série s’en retrouve augmenté et l’histoire assez banale qui nous est présentée propose une tension dramatique jamais vue jusque-là. Il s’agit sans conteste de l’un des meilleurs épisodes de la série. 
(si la vidéo n'est pas visible, l'épisode est disponible ici)


Dans la vidéo ci-dessus, hormis un premier plan de 45 secondes servant à introduire l’histoire, les deux autres plans (l’un de 3 minutes "seulement" et l’autre de 9 minutes) permettent de se rendre compte de la complexité que posent de tels plans : dans le plan de 3 minutes, la caméra vole littéralement autour de la voiture des flics pour finalement s’arrêter sur le suspect de l’épisode ; dans le plan de 9 minutes, c’est tout un quartier qui est bloqué pour les besoins de la série et des personnages qui n’arrêtent pas de marcher d’un bout à l’autre de la rue. Belle performance de comédiens et d’équipe technique.

X-Files (saison 6 épisode 3) : 6 ans avant New York 911, X-Files réalisait exactement le même exploit dans un épisode un peu particulier, intitulé "Triangle". Perdu au milieu du mystérieux Triangle des Bermudes, Mulder se retrouve propulsé dans le passé, sur un bateau nazi de 1939. Scully, elle, toujours en 1998 tente de porter secours à son partenaire. Personnellement, je ne suis pas fan de l’histoire racontée ici (ce qui n’est pas le cas de la majorité des fans de la série), mais techniquement, je dois admettre que c’est une fois de plus magistral. D’abord l’épisode commence par deux plans séquences de 12 et 10 minutes. Même s’ils sont probablement coupés à certains moments en profitant d’un personnage qui passe devant la caméra, ça reste très spectaculaire. Mais en plus de cela -comme si ça ne suffisait pas- dans la dernière partie de l’épisode, les plans séquence, plus courts, sont associés à un split screen (technique très utilisée dans 24 et qui montre plusieurs actions se déroulant en même temps). Ainsi les deux réalités, celle de 1939 et celle de 1998, sont visibles à l’écran et interagissent même parfois l’une avec l’autre ! J’avoue, dit comme ça, c’est pas simple à comprendre mais en allant sur la page Wiki de cet épisode, vous pourrez voir un extrait plus explicite. Performance incroyable, épisode magistral dans sa réalisation, même s’il reste bien barré dans ce qu’il raconte.

Le cas True Detective

Comme je le disais le mois dernier, on a beaucoup entendu parler du plan séquence de 6 minutes qui vient clôturer l’épisode 4 de la série. Et il faut bien admettre que c’est un chef d’œuvre. Même si le plan est moins long que ceux de X-Files ou New York 911, il est bien plus complexe. Et pour plusieurs raisons. 


D’abord, il se déroule la nuit dans des intérieurs et des extérieurs. Eclairer ces différents décors représente donc déjà un bel exploit.
Ensuite une partie du plan se déroule dans une petite maison : difficile de comprendre comment l’équipe technique (et notamment les preneurs son) a pu se débrouiller pour évoluer dans un espace aussi étriqué.
Autre complexité de la scène : les effets spéciaux de plateau, c’est-à-dire les effets pyrotechniques (coups de feu, explosion…) et les effets de maquillage (traces de sang), sont nombreux et remarquablement gérés.
Par ailleurs, le nombre incroyable de figurants et de véhicules (incluant un hélicoptère !) évoluant dans la scène implique une chorégraphie soignée aux petits oignons pour ne pas tout faire rater.
Et enfin, comme si ça ne suffisait pas, à la fin du plan, la caméra passe au-dessus d’une clôture. Dit comme ça, ça a l’air de rien, mais il faut bien imaginer qu’il a fallu en plus installer une grue pour que le cameraman qui se galope depuis le début de la scène puisse suivre les comédiens de l’autre côté du grillage. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
Là encore, comme pour X-Files, on peut imaginer que le plan a été réalisé en deux parties : lorsque la caméra monte au ciel pour filmer l’hélico, on peut imaginer qu’il s’agit là d’un moyen d’interrompre la scène. Qu’importe, même avec cette coupure, cette séquence reste anthologique.

Ainsi donc, cet exercice de style du plan séquence marque. En tout cas, personnellement, j’en suis très friand. Et même si l’émerveillement que j’ai pour la technique m’empêche parfois de complètement m’immerger dans le récit, je ne suis jamais déçu. J’admire le travail considérable que ça engrange et ça donne furieusement envie de se balader sur les plateaux ces jours-là !