mardi 4 octobre 2016

Westworld : magnifiques cow-bots



Que c’est beau ! Mais que c’est beau ! C’était probablement la série la plus attendue de cette rentrée ; hé ben on n’a pas été déçu du résultat ! Westworld, la nouvelle série produite par JJ Abrams et créée par Lisa Joy et Jonathan Nolan (le frère de Christopher) est arrivée dimanche soir sur HBO aux USA et lundi soir sur OCS en France. En termes d’audiences, c’est un succès si on la compare aux lancements des derniers grands hits de la chaine payante américaine. Et c’est tant mieux parce qu’il faut bien admettre que c’est amplement mérité. Intelligent, bien ficelé, magnifiquement réalisé, le pilote est un bijou et promet d’ores et déjà de hisser la série aux rangs des incontournables de ces prochaines années. Il ne faut pas passer à côté de cette perle. Il ne faut pas. Et ce, pour (au moins) cinq raisons :


Le concept : si vous n’avez pas envie de vous faire spoiler le pilote, passez directement au paragraphe suivant (sans regarder le trailer). C’est rare que je dise ça mais ici, vous gagnerez à ne rien savoir du tout du concept de la série tant le plaisir est grand a découvrir l’univers se mettre en place en 68 minutes (oui, le pilote est long). Mais pour ceux qui n’ont pas peur d’en savoir plus (les autres, arrêtez-vous là), sachez seulement que Westworld est un immense parc d’attractions qui propose à ses richissimes clients de revivre à l’époque du Far West au milieu de figurants androïdes plus vrais que nature. Chaque jour, le scénario mis en place par les créateurs du parc se répète et permet aux visiteurs du jour une immersion totale au temps des cow-boys. Jusqu’au jour où une mise à jour des androïdes provoque des comportements inhabituels chez ces derniers. Adapté de Mondwest - un film de 1973 réalisé par ce génial et regretté Michael Crichton - on retrouve du A.I. et du I, Robot dans ce concept, mais aussi du Jurassic Park ou encore du Real Humans. Mais globalement, malgré ces références auxquelles on pense, on a quand même affaire à un récit assez inédit, complexe et pourtant parfaitement exposé dans le pilote.



La direction artistique : je l’ai dit en préambule de ce post mais bon sang de bonsoir, c’est beau. La série repousse une fois encore les limites de ce qu’on peut proposer à la télévision. L’image est parfaite, la lumière est sublime, les décors - naturels ou pas - sont somptueux. Et ce, quelle que soit la réalité dans laquelle on évolue. L’univers futuriste est d’une sobriété élégante et stylisée ; l’ambiance de l’Ouest Américain n’a jamais été aussi bien rendue (pour ceux qui n’ont pas lu le paragraphe précédent, forcément, c’est pas clair mais je n’en dirai pas plus). La réalisation est magistrale. J’en veux pour preuve cette scène incroyable de l’attaque des bandits, sur fond de musique tout aussi géniale (puisque composée par Ramin Djawadi, compositeur de la BO de Game of Thrones). Bref, Westworld, ça envoie du lourd, visuellement. Et ça reste magnifiquement poétique par moment.

Les effets spéciaux : Là aussi, pour ceux qui ne veulent rien savoir, zappez également ce paragraphe (mais revenez le lire quand vous aurez vu l’épisode). Je voudrais mentionner le magnifique travail réalisé autour des androïdes de la série, qu’il s’agisse du maquillage discret, des effets numériques parfaits ou même sans doute du jeu des comédiens. On y croit à 100%, c’est parfaitement géré. Et c’est beaucoup plus subtil que dans Real Humans (déjà remarquable pour ses effets spéciaux). 

Le casting 5 étoiles : C’est souvent sur le nom des comédiens qu’on attire du public. C’est le cas ici aussi même si les créateurs de la série ont fait attention à ne pas forcément donner les rôles les plus importants aux plus grandes têtes d’affiche. Et la magie de Westworld est de parvenir à mêler des mega-stars hollywoodiennes comme Ed Harris et Anthony Hopkins (excusez du peu) à des comédiens un peu moins connus (Thandie Newton, James Marsden, Evan Rachel Wood), voire totalement inconnus du grand public (Luke Hemsworth, frère de Chris et Liam ou Rodrigo Santoro, aperçu dans Lost). Qu’importe leur niveau de notoriété, ils sont tous excellents. Comme souvent, chez nos amis ‘ricains.

Le générique : Je n’ai rien d’autre à ajouter que « matez-moi ça » :



Énorme coup de cœur pour Westworld, donc. Foncez, vraiment. Ça vaut le coup. Si la série parvient à maintenir cette qualité sur la longueur, HBO prouvera que, malgré l’arrivée de concurrents sérieux, elle continue de proposer des programmes d’une qualité exceptionnelle. Et si par malheur la série ne parvenait pas à garder le niveau, c’est pas grave, on aura déjà eu un pilote magique qui donne envie d’être revu encore et encore…


vendredi 30 septembre 2016

Designated Survivor : Chef (d’état), la recette !

Parmi toutes les nouveautés qui ont déferlé sur les chaines américaines la semaine dernière, ABC a lancé mercredi 21 septembre son nouveau drama politique, sur la base d’un bon gros high-concept qui tâche mais qui, il faut bien l’avouer, fonctionne plutôt bien dans le pilote : à l’occasion du discours sur l’état de l’Union (une tradition politique qui voit le président des USA faire un speech devant l’intégralité du gouvernement et du congrès), Tom Kirkman, ministre du logement en phase d’être viré, se voit nommé Designated Survivor du jour. En gros, il est mis sous haute protection dans un lieu gardé secret, au cas où quelque chose de terrible se passerait au Capitole et qu’il faudrait quelqu’un pour assurer la continuité de la présidence. Et vous savez quoi ? Quelque chose de terrible arrive au Capitole et Tom est propulsé président des Etats-Unis. Je n’ai aucune idée de la véracité de ce concept de Designated Survivor. Mais tant pis, fonçons parce que ça marche. Pour être tout à fait honnête, il faudra sans doute attendre encore quelques épisodes pour voir si la série tient la route sur le long terme mais en attendant, décortiquons un peu et trouvons de quoi est fait ce nouveau produit ultra calibré et, je le redis, sacrément efficace dans son pilote.

  
34% d’Homeland: La sécurité intérieure du pays est menacée (à priori par le Moyen-Orient, hein, c’est tendance), la pérennité de l’exercice du pouvoir est remise en cause, la paranoïa est générale, globale. On est en plein dans une Amérique semi-réaliste post-11 Septembre (et même post-attentats de Paris et Bruxelles évoqués dans le pilote). Bref, on n’est pas bien loin de l’ambiance légèrement anxiogène d’Homeland, la bipolarité du protagoniste principal en moins.
On retrouve même un ado qui s’annonce déjà relou. Et qui a le potentiel de devenir plus irritant que Dana Brody. C’est dire.


24% de 24: On ne va pas se voiler la face. Quand on voit Kiefer Sutherland dans une situation compliquée face à une attaque terroriste, on s’attend un peu à ce qu’il dégaine son gun, qu’il hurle « drop your weapon » et qu’il balance des copy that à Chloe O’Brian. C’est incontournable : l’ombre de Jack Bauer est forcément présente. Et on a du mal à comprendre pourquoi personne ne respecte Tom Kirkman. Nous, on serait les autres persos, on refilerait volontiers les clés du bureau ovale à l’ancien agent de la CTU.

17% de Quantico : Dans un cas comme dans l’autre, ça commence avec l’explosion gigantesque d’un bâtiment ultra-célèbre : Grand Central Station à NYC dans Quantico, le Capitole dans Designated Survivor. A chaque fois (et c’est bien normal, c’est la loi), c’est le FBI qui se charge de l’affaire. Et à chaque fois, les agents en charge de la mission sont des bombes (là, c’est moins normal, je ne crois pas que ce soit la loi). D’ailleurs globalement, y a pas beaucoup de moches dans cette réalité. Le chef de cabinet par intérim et l’assistante de Kirkman ne sont pas dégueux non plus dans leur style…

12% d’House of Cards : forcément, comme les attaques extérieures ne suffisent pas à bien foutre la merde au sein du gouvernement américain, les scénaristes mettent rapidement sur place (et pas très subtilement) des luttes de pouvoir intestines  au sein même de la Maison Blanche. Dès le pilote, ça complote, ça se prépare à se mettre des bâtons dans les roues, des coups de poignard dans le dos… bref, ambiance fraternelle dans l’Aile Ouest qui n’est pas sans rappeler l’humeur sympatoche qui se dégage de la présidence Underwood.

8% de The West Wing : Pour les décors. Uniquement pour les décors. Sinon, ça n’a rien à voir. Faut pas déconner quand même.

5% de Veep : pour le côté "Mais qu’est-ce qu’ils foutent à la tête du pays ?". Question que tout le monde se pose à propos de Tom Kirkman et de Selina Meyer. Sauf qu’on aurait bizarrement vachement plus envie de donner son vote à Selina. Pour se marrer. Pour la voir enchainer les bourdes pour un mandat de plus.
D’ailleurs à propos de bourdes, jolie performance de la part de Tom Kirkman d’avoir embauché pour écrire ses speechs le seul mec de la Maison Blanche qui vient de lui dégueuler dessus (au sens propre comme au sens figuré). Le gars a le potentiel de faire encore pire que Mike McLintock.


Sans être la découverte de l’année, Designated Survivor promet d’être un peu bon produit de divertissement si elle continue sur sa lancée. En tout cas, c’est ce qu’on pourrait penser lorsque l’on voit la liste de séries auxquelles elle semble avoir emprunté des éléments. Mais ne négligeons pas le fait que ce high concept peut facilement virer au grand n’importe quoi très rapidement. Ou finir par s’épuiser dans un futur pas si éloigné ; c’est toujours le problème des pitchs reposant sur le fish outside the water : y a un moment où ledit fish finit par s’acclimater. En bref, à suivre, Jack Bauer is back.

vendredi 12 août 2016

The Magicians: je passe mon tour.



Bon bah c’est pas pour moi. J’aurais tenté, hein, mais ça ne marche pas sur moi. Potentiellement, sur ce coup, je ne vais pas me faire que des potes, mais tant pis. Je n’aime pas The Magicians, la nouvelle série de Sci-Fi sortie cet hiver et qu’on pourrait grossièrement décrire comme une sorte d’Harry Potter à la fac’. J’ai fait l’effort de regarder une moitié de saison, mais y a rien à faire, je m’ennuie. J’entends d’ores et déjà les puristes (dont je fais habituellement partie) me dire que je devrais attendre de voir la saison entière avant de me faire un avis. Alors d’abord, je les renverrais vers cettevidéo très bien foutue de Licarion (globalement ce youtuber mérite votre attention) ; et ensuite, j’en ai vu assez pour savoir pourquoi je n’aime pas :



Ça manque de crédibilité : Alors oui, évidemment, compte-tenu du titre et du sujet de la série, je ne m’attendais pas à un réalisme de documentaire à la Dardenne, merci bien. Mais il n’empêche que même (et surtout) dans les séries fantastiques, il faut que les choses soient plausibles. Et là, dès le pilote, je n’y crois pas. Le héros, Quentin Coldwater (cool name, i must say), découvre qu’il est en fait un magicien et qu’il est admis à un test d’entrée dans une université spécialisée. Déjà, la première réaction d’un être censé et doué de logique et de raison serait de flipper sa race ou au moins d’être totalement perdu. Mais là non, ça va parce que ça lui rappelle les bouquins qu’il lit depuis qu’il est petit. Euké…
Mais ce n’est pas tout, il ne sait rien, n’a jamais rien appris, n’entrave que dalle à la magie. Mais il est malgré tout capable de faire un tour de ouf pendant son oral d’admission (aucune idée de comment il a réussi à passer l’écrit). Bullshit !! En très peu d’épisodes, les héros, en 1ère année, parviennent à jeter des sorts hallucinants, à retenir des formules magiques qu’on nous présente comme complexes et même à faire l’amour en lévitant. On se demande ce qu’ils ont encore à apprendre. Pourtant ils sont débutants, que diable ! Lorsque Harry arrive à Poudlard, il galère à faire léviter une plume ! Là, ça envoie des démons dans d’autres dimensions, pépouse. Ça fait revenir des morts à la vie, tranquille. Et tout ça dans le 1er mois qui suit la rentrée scolaire.

Ça manque de règles : Le succès des bonnes fictions fantastiques résident souvent dans le fait que l’univers inventé possède des règles établies dès le début et clairement présentées au spectateur ou au lecteur. C’est ça qui pose un cadre et qui permet de ne pas être perdu et d’accepter le fantastique ou le paranormal. Et pour bien faire, il faut y aller étape par étape pour ne pas noyer son public.
Dans the Magicians, les règles sont déjà hyper floues pour des choses aussi simples que le fonctionnement de l’école ou les cours qui y seront suivis. Exemple con : dans le pilote, on nous dit que, étant en 1ère année, Quentin va devoir partager sa chambre avec Penny. Mais 3 épisodes plus tard, on oublie ça et on répartit les étudiants dans les différentes maisons en fonction de leurs pouvoirs. Bon… pourquoi pas. Mais ça créé de la confusion.
Mais il y a pire, notamment quand on nous présente quelque chose comme étant absolument impossible à faire mais qui se voit pourtant réalisé par un personnage quelques épisodes plus tard. Par exemple, Julia, l’amie de Quentin qui échoue à son test d’entrée doit subir un sort d’amnésie pour oublier ce qu’elle a vu. C’est comme ça que ça fonctionne pour tout le monde. Et c’est infaillible. Mais elle, elle parvient à détourner le problème deux minutes plus tard. Et trois épisodes après, les scénaristes trouvent encore un autre moyen de tordre le cou à cette règle du sort d’amnésie : il ne fonctionne que sur les débutants en 1ère année. Dans des univers comme celui de The Magicians, c’est extrêmement préjudiciable. Puisque la magie permet tout, alors c’est la porte ouverte au grand n’imp’ si elle n’est pas un minimum encadrée. Et si tout est possible, plus rien n’est grave, plus aucun enjeu ne tient la route. Et on décroche.

Ça manque de continuité : c’est peut-être le plus grave. La série semble avoir été écrite au fil de la plume et ne pas se souvenir des épisodes précédents. Régulièrement les pouvoirs des uns et des autres sont modifiés : Alice, la 1ère de la classe, manipule la matière mais est finalement spécialiste de la lumière (ce qui n’est jamais exploité). Penny est d’abord un voyant avant qu’on nous dise qu’il peut se téléporter. Rien à voir. Mais à la limite, pourquoi pas.
Sauf que les scénaristes multiplient ce genre de changements de cap : on nous présente une sorte de compétition que les 1ères années doivent passer pour déterminer quels mentors les suivront dans leur formation. Ça fait l’objet d’un épisode un peu chiant dans lequel les règles de la compétition sont très obscures. Et finalement, on ne reparlera plus JAMAIS de ces mentors.
Certaines créatures dangereuses sont anecdotiques puisque totalement oubliées dans les épisodes suivants : je pense au djinn de l’épisode 7, au fantôme de Charlie de l’épisode 3…
Ce qui est encore plus gênant, c’est quand la série aborde des choses lourdes et oublie de les traiter dans les épisodes suivants. L’exemple flagrant est l’épisode autour du cancer du père de Quentin. C’est grave, c’est émouvant mais ça n’est pas traité. Si ce n’est pour nous dire que la magie ne permet pas de traiter ce genre de maladie (attendons de voir, dans quelques épisodes, ils trouveront sans doute un moyen de nous dire que dans certains cas, en fait c’est possible). Ça n’a pas d’impact sur le héros, au-delà des 40 minutes de l’épisode. Et si ça ne l’atteint pas, alors le public s’en détache.



Je vais m’arrêter là, parce qu’après on va m’accuser de mauvaise foi. Il y avait pourtant des bonnes choses à exploiter (comme par exemple cette façon assez inédite de faire de la magie avec ses doigts, ou les répartitions des étudiants en fonction de leur type de pouvoir ; ou encore cette superbe scène finale du pilote). Mais les règles trop changeantes, le manque de crédibilité et de continuité m’ont laissé totalement hermétique à ces personnages (et des comédiens) qui ne m’intéressent pas tellement.
Le point ultra positif de cette série ? M’avoir donné envie de relire (encore) les 7 tomes d’Harry Potter, avant d’enchainer avec l’inédit Harry Potter and the Cursed Child.