Parmi toutes les nouveautés qui ont déferlé sur les chaines
américaines la semaine dernière, ABC a lancé mercredi 21 septembre son nouveau
drama politique, sur la base d’un bon gros high-concept qui tâche mais qui, il
faut bien l’avouer, fonctionne plutôt bien dans le pilote : à l’occasion
du discours sur l’état de l’Union (une tradition politique qui voit le
président des USA faire un speech devant l’intégralité du gouvernement et du
congrès), Tom Kirkman, ministre du logement en phase d’être viré, se voit nommé
Designated Survivor du jour. En gros, il est mis sous haute protection dans un
lieu gardé secret, au cas où quelque chose de terrible se passerait au Capitole
et qu’il faudrait quelqu’un pour assurer la continuité de la présidence. Et
vous savez quoi ? Quelque chose de terrible arrive au Capitole et Tom est
propulsé président des Etats-Unis. Je n’ai aucune idée de la véracité de ce
concept de Designated Survivor. Mais tant pis, fonçons parce que ça marche.
Pour être tout à fait honnête, il faudra sans doute attendre encore quelques
épisodes pour voir si la série tient la route sur le long terme mais en
attendant, décortiquons un peu et trouvons de quoi est fait ce nouveau produit
ultra calibré et, je le redis, sacrément efficace dans son pilote.
34% d’Homeland: La
sécurité intérieure du pays est menacée (à priori par le Moyen-Orient, hein, c’est
tendance), la pérennité de l’exercice du pouvoir est remise en cause, la
paranoïa est générale, globale. On est en plein dans une Amérique semi-réaliste
post-11 Septembre (et même post-attentats de Paris et Bruxelles évoqués dans le
pilote). Bref, on n’est pas bien loin de l’ambiance légèrement anxiogène d’Homeland, la bipolarité du protagoniste
principal en moins.
On retrouve même un ado qui s’annonce déjà relou. Et qui a
le potentiel de devenir plus irritant que Dana Brody. C’est dire.
24% de 24: On ne va
pas se voiler la face. Quand on voit Kiefer Sutherland dans une situation
compliquée face à une attaque terroriste, on s’attend un peu à ce qu’il dégaine
son gun, qu’il hurle « drop your weapon » et qu’il balance des copy
that à Chloe O’Brian. C’est incontournable : l’ombre de Jack Bauer est
forcément présente. Et on a du mal à comprendre pourquoi personne ne respecte Tom
Kirkman. Nous, on serait les autres persos, on refilerait volontiers les clés
du bureau ovale à l’ancien agent de la CTU.
17% de Quantico :
Dans un cas comme dans l’autre, ça commence avec l’explosion gigantesque d’un
bâtiment ultra-célèbre : Grand Central Station à NYC dans Quantico, le Capitole dans Designated Survivor. A chaque fois (et c’est
bien normal, c’est la loi), c’est le FBI qui se charge de l’affaire. Et à chaque
fois, les agents en charge de la mission sont des bombes (là, c’est moins
normal, je ne crois pas que ce soit la loi). D’ailleurs globalement, y a pas
beaucoup de moches dans cette réalité. Le chef de cabinet par intérim et l’assistante
de Kirkman ne sont pas dégueux non plus dans leur style…
12% d’House of Cards :
forcément, comme les attaques extérieures ne suffisent pas à bien foutre la
merde au sein du gouvernement américain, les scénaristes mettent rapidement sur
place (et pas très subtilement) des luttes de pouvoir intestines au sein même de la Maison Blanche. Dès le
pilote, ça complote, ça se prépare à se mettre des bâtons dans les roues, des coups
de poignard dans le dos… bref, ambiance fraternelle dans l’Aile Ouest qui n’est
pas sans rappeler l’humeur sympatoche qui se dégage de la présidence Underwood.
8% de The West Wing :
Pour les décors. Uniquement pour les décors. Sinon, ça n’a rien à voir. Faut
pas déconner quand même.
5% de Veep :
pour le côté "Mais qu’est-ce qu’ils foutent à la tête du pays ?".
Question que tout le monde se pose à propos de Tom Kirkman et de Selina Meyer.
Sauf qu’on aurait bizarrement vachement plus envie de donner son vote à Selina.
Pour se marrer. Pour la voir enchainer les bourdes pour un mandat de plus.
D’ailleurs à propos de bourdes, jolie performance de la part
de Tom Kirkman d’avoir embauché pour écrire ses speechs le seul mec de la
Maison Blanche qui vient de lui dégueuler dessus (au sens propre comme au sens
figuré). Le gars a le potentiel de faire encore pire que Mike McLintock.
Sans être la découverte de l’année, Designated Survivor promet d’être un peu bon produit de
divertissement si elle continue sur sa lancée. En tout cas, c’est ce qu’on
pourrait penser lorsque l’on voit la liste de séries auxquelles elle semble
avoir emprunté des éléments. Mais ne négligeons pas le fait que ce high concept
peut facilement virer au grand n’importe quoi très rapidement. Ou finir par s’épuiser
dans un futur pas si éloigné ; c’est toujours le problème des pitchs
reposant sur le fish outside the water :
y a un moment où ledit fish finit par s’acclimater. En bref, à suivre, Jack Bauer is back.
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