Cette année, contrairement aux
années précédentes, j’ai réussi à me prendre par la main assez tôt pour pouvoir
profiter comme il se doit du festival Séries Mania. D’ordinaire, je fais partie
des petits malins qui se réveillent trois jours avant la cérémonie d’ouverture
pour constater tristement que tout est complet. Or, pour sa 8ème
saison, le festival parisien avait annoncé du lourd ; du coup, j’étais au
taquet au moment de l’ouverture de la billetterie. Et résultat, j’ai pu voir
tout ce que je voulais voir. Les choix que j’ai faits pourront en surprendre
certains puisque plutôt que de miser sur les nouveautés, j’ai majoritairement
joué la carte de la nostalgie. C’est tout juste si je me suis autorisé à voir
quelques inédits, mais toujours pour des séries que je connaissais déjà. Petit
bilan de cette première expérience ma foi très réussie.
Cérémonie d’ouverture – The
Leftovers s3 e1&2 : dans la vie d’un sériephile, il est
des moments qui marquent particulièrement. Et aller au cinéma avec Jennifer
Aniston en fait définitivement partie. Bon, ok, j’avoue ; je ne l’ai pas
vue de mes propres yeux. Soit. Mais elle était là, dans la salle, à quelques
mètres. Et ça, ça a déjà pas mal chamboulé mon petit cœur de fan. Cœur qui a
définitivement fini de chavirer lorsque Damon Lindelof, Justin Theroux,
Christopher Eccleston et Max Ritcher – soit le créateur, les comédiens et le
compositeur de The Leftovers – sont
montés sur scène pour présenter ce qui est sans aucun doute possible l’une des
séries les plus marquantes de la décennie.
En seulement deux saisons, la
série est même entrée dans mon panthéon des plus grandes séries de tous les
temps ; c’est dire si j’étais à la fois excité et anxieux de découvrir les
premiers épisodes de cette saison 3. La saison 2 était un tel chef d’œuvre que
j’avais peur que la suite ne soit pas au niveau. Que nenni. C’est brillant. Et
surtout, c’est prometteur. Toutes les conditions sont réunies pour que The Leftovers finissent en apothéose. Et
j’ai hâte de voir les six autres épisodes qui composeront cet ultime volet. A
ce sujet, je dois dire qu’enchainer deux épisodes de cette série et un
magnifique spectacle de danse contemporaine (rendant superbement hommage au
travail de Lindelof et à la musique transcendante de Richter) est une
expérience assez intense. Je crois que je préfère prendre le temps de voir
chaque épisode séparément et de le « digérer » tranquillement pendant
quelques jours. Là, ça faisait beaucoup d’émotions pour moi. Mais au moins, ça
vous lance un festival !
Queer as Folk (UK)
en intégral: dans la vie d'un sériephile, il est de ces séries qui
chamboulent en profondeur. Personnellement, QAF
en fait partie. J'ai découvert cette série anglaise quand j'avais 19 ans et je
n'en avais plus revu un épisode depuis au moins dix ans. Depuis, ma vie a
changé. Depuis mon quotidien s'est rapproché de celui de ces homosexuels de
Manchester. Revoir l'intégrale de la saison 1 a fait déferler une vague de
nostalgie pour cette lointaine période de ma vie où j'enviais la liberté de ces
personnages. Et à cela, est venue se mêler une admiration nouvelle pour la
justesse de ces histoires qui, 15 ans plus tard, sont toujours si justes et si
actuelles.
Au passage, comme l'a dit Romain
Burrel, modérateur d'un débat qui a suivi la projection, il est un peu navrant
de voir que les fictions françaises sont encore si frileuses sur les sujets de
l'homosexualité. Alors qu'elle pourrait jouer un rôle de sensibilisation auprès
d'un large public, comme QAF l'avait
fait en son temps, outre-Manche.
(Bon en revanche, je n'ai pas
tenu pour la projo de la saison 2. 4h de saison 1, c'était déjà pas mal...)
Rencontre avec Damon Lindelof: dans la vie d'un sériephile,
il est des auteurs qu'on admire plus que de raison. Damon Lindelof fait partie
de cette catégorie pour moi. Alors quand le showrunner de Lost et de The Leftovers,
président du jury de ce festival, a passé près de deux heures à nous parler de
son travail, autant dire que ça a été l'apothéose de ce festival pour le
fan inconditionnel que je suis. De l'écriture si speed du pilote de Lost à sa fin tant décriée (à tort,
amha) par le public, en passant par ses thèmes de prédilection, sa vision de la
religion ou ses débuts à Hollywood, Lindelof a littéralement captivé son public
(acquis, avouons-le). C'était passionnant, c'était clair, c'était touchant par
moment (Ah la tristesse du scénariste déçu de ne pas avoir atteint son
public...). Bref une vraie belle grande leçon d'écriture sérielle que je vous
conseille de regarder ici: http://series-mania.fr/video/rencontre-damon-lindelof/
(un grand bravo à Olivier Joyard
pour avoir mené cette discussion d’une main de maître).
Plus que jamais, je suis persuadé
que Lost est une série absolument
géniale, de bout en bout. Et l'envie de me la refaire intégralement me démange
furieusement depuis Séries Mania.
Dix Pour Cent
intégrale s2: dans la vie d'un sériephile, il est de ces séries qu'on
est heureux de voir revenir. Dix Pour
Cent était une des plus jolies surprises de 2015. Drôle, bien écrite, bien
jouée, elle s'était en plus payé le luxe de rencontrer un succès certain, côté
public et critique.
La projection des 6 épisodes
était donc attendue. Et si l'on en croit les réactions d'une salle chauffée à
bloc, l'attente a été récompensée. Dans la lignée directe de la première
saison, cette nouvelle fournée garde la fraîcheur et l'humour qu'on connaissait
à la série. Les répliques fusent et font mouche. Certains personnages prennent
une nouvelle dimension qui leur va bien. Je pense à Noémie qui voit se
développer une storyline très drôle, à la hauteur du talent de son interprète
Laure Calamy. Et visiblement, c'est tout ce qu'attendait le public, hilare à
chacune des interventions de ce personnage, et de son compère Hervé, déjà
parfait en saison 1.
Dommage que les premiers chiffres
d'audience sur France 2 ne soient pas ceux attendus. Content qu’ils aient un
peu augmenté depuis. Dix pour Cent
mérite plus de succès et plus de saisons!
Sense8 s2 e1:
dans la vie d'un sériephile, il est des casts qui vous hypnotisent. Je l'ai déjà
suffisamment dit ici ou là mais les 8 héros de Sense8 (allez, avec Hernando et Amanita, ça fait 10) comptent
évidement parmi ceux-là. Ils ont même acquis à mes yeux (et visiblement aux
yeux des personnes présentes au festival ce jour-là) un statut quasi-culte.
Comme disait un ami, « ces huit-là iraient acheter des pommes qu’on
trouverait ça bandant ». La mention de Netflix lue juste avant la
projection et rappelant le caractère exceptionnel de cette avant-première à
fini de conditionner les (jeunes) fans.
Pour respecter cette fameuse
consigne qui nous incitait à ne pas spoiler ce premier épisode sur les réseaux
sociaux, je ne dirai rien de ce nouvel épisode. Si ce n’est : vivement le
5 mai pour la saison complète. Ça va déchirer! Hâte, hâte, hâte !
Rencontre avec Julianna Margulies (et sa carte blanche) :
Dans la vie d’un sériephile, il est de ces actrices qu’on n’oubliera jamais. La
belle et charismatique Julianna Margulies a gagné ce privilège en interprétant
Carole Hathaway dans la mythique Urgences
puis Alicia Florrick dans l’intelligente The
Good Wife. Invitée exceptionnelle de ce festival, Julianna, plus élégante
et souriante que jamais, est venue
parler de son métier de comédienne, de ses débuts dans le milieu sériel et des
contraintes hallucinantes que demande le tournage annuel de 22 épisodes de 42
minutes (surtout quand on est une jeune maman). Au travers des deux rôles qui lui ont valu une
notoriété internationale, l’actrice a aussi tenu un discours plus
engagé en affichant un féminisme convaincu. À revoir ici:
Le lendemain, la comédienne est
venue brièvement présenter l'épisode d'Urgences
et celui de The Good Wife qu'elle
avait choisis pour la carte blanche que lui proposait le festival. Au-delà de
la délicieuse madeleine de Proust que constitue la moindre image d'Urgences (ce générique..), il était
passionnant de comparer deux personnages incarnés par la même interprète à près
de 15 ans d'intervalle dans des situations diamétralement opposées. Julianna
rocks !
Conférence Buffy:
dans la vie d'un sériephile, il est des séries dont on pourrait parler encore
et toujours. Malgré son statut de teen-série de la trilogie du samedi, Buffy mérite pourtant d'être (re)vue,
même 20 ans après ses débuts (j'en parlais ici chez les copains du DailyMars); mais elle mérite aussi d'être
étudiée, analysée et déchiffrée. Et ça, Sandra Laugier, Carole Milleliri et
Yaële Simkovitch l'ont parfaitement démontré en abordant tour à tour des
questions pertinentes soulevées par la série: qu'il s'agisse de féminisme
(analysé très finement au travers du traitement des personnages masculins), du
rapport à la mort ou de l'actualité politique, Buffy aborde une foule de thèmes tous plus riches les uns que les
autres.
Qu’il est plaisant de se
retrouver dans une salle de fans convaincus que Buffy n'est pas la niaiserie kitsch qu'on voudrait nous faire
croire. Il est temps que le public français s'en aperçoive. Et
visiblement, ça commence à venir.
Seul inconvénient de cette
conférence: j’ai envie de revoir toute la série. Et avec le re-visionnage de Lost susmentionné, ça risque de faire
beaucoup...
…ou pas.
Pour cette première édition de Séries
Mania à laquelle j'ai réellement participé, j'ai donc joué la carte de la
nostalgie en me replongeant avec beaucoup beaucoup beaucoup de plaisir dans des
séries cultes comme Buffy, Lost, Urgences ou Queer as Folk.
Et j'en ai profité pour prendre un peu d'avance en visionnant les épisodes
inédits de séries actuelles qui me plaisent le plus. Ce festival est donc un
succès total pour moi: du concentré de kiff absolu. Vivement l'année prochaine!
Et là, promis, j'irai voir des nouveautés!