mercredi 11 mai 2016

The (not so) Good Wife (anymore)… in my opinion.



Plutôt discrètement, The Good Wife a tiré sa révérence dimanche soir. Programme phare de CBS depuis 7 ans, la série judiciaire intelligente et drôle suivait les déboires surtout professionnels mais aussi personnels d’Alicia Florrick (Julianna Margulies), une avocate de Chicago mêlée malgré elle aux scandales politico-sexuels de ton procureur (puis gouverneur) de mari. De prime abord assez classique dans sa forme, ce procedural (un épisode, un procès) a pris de plus en plus d’ampleur au fil des épisodes et des saisons, notamment grâce à une galerie de personnages secondaires récurrents délicieux et à des storylines feuilletonnantes de plus en plus complexes. Moi-même d’abord sceptique, j’ai fini par plonger et force est d’admettre que The Good Wife est une excellente série. Du moins jusqu’à sa saison 5. Sans être ratée, la saison 6 amorce déjà un certain déclin qualitatif. Et pour être franc, malgré un regain d’intérêt durant quelques épisodes en fin de saison, on s’est franchement ennuyé pendant une bonne partie de la saison 7. Alors pourquoi ça ne marchait plus ? Pourquoi The Good Wife est devenue l’ombre d’elle-même sur sa fin ?  J’y vois cinq raisons.
(bon, forcément, ça spoile un peu mais je reste vague sur les derniers épisodes)


La carrière d’Alicia en dents de scie : pendant les cinq premières saisons, Alicia n’avait de cesse de gravir les échelons petit à petit au sein de son cabinet allant même jusqu’à créer sa propre société avec Cary ; mais depuis le début de la saison 6, sa carrière est un peu plus chaotique. Et il faut bien dire qu’elle change d’avis comme de chemisier. Après avoir essayé de devenir procureur (LA fausse bonne idée de la saison 6), Alicia lâche la boite qu’elle avait avec Cary (LA vraie bonne idée de la saison 5), essaye d’être avocate commise d’office, monte finalement son business, d’abord toute seule puis avec Lucca, mais finalement abandonne pour revenir chez Lockhart Gardner (qui entre temps a changé 10 fois d’associés et de noms) pour en devenir associé. Bref, les scénaristes font des choix qu’ils semblent regretter quelques épisodes plus tard. A chaque fois, on se dit "ah tiens pourquoi pas, ça peut être cool" et puis finalement on nous coupe l’herbe sous le pied avec autre chose. Du coup, on attend de ce qu’on va bien pouvoir nous sortir du chapeau et on s’ennuie.

L’inexistence de Diane et Cary : c’est vraiment le plus grand échec de cette saison.
Diane est un personnage super fort, incarnée par une comédienne ultra charismatique (<3 Christine Baranski) et avec qui il ne se passe malheureusement plus rien depuis de nombreux épisodes. L’idée géniale de la faire juge a été abandonnée alors qu’on tenait là un développement inédit, largement à la hauteur du perso. L’associer à Cary était un pis-aller pas inintéressant mais la sauce n’a jamais pris.
Cary, justement, parlons-en : depuis qu’il a rejoint le vaisseau-mère, il ne sert plus à rien. C’est même risible à quel point les scénaristes ne savent plus quoi faire de lui. Des embryons d’intrigues sont amorcés (un collègue gay qui se méprend, une accusation de discrimination à l’embauche…) mais aucune n’est menée à son terme. A part celle des quatre derniers épisodes, trop courte et trop floue pour être vraiment réussie. Dommage le talent (et la voix) de Matt Czuchry méritait mieux.
Dans l’épisode final, qui personnellement m’a beaucoup déçu (à ce propos, je vous invite à lire cet article de mon pote Marc, pas content, et celui-ci de mon pote Maxime, bcp plus nuancé : ils ne sont pas d'accord mais leurs deux avis m'ont intéressé), Diane et Cary sont pour moi LES personnages oubliés. Rien n’est fini, rien n’est bouclé pour eux. Certes la série s’appelle The Good Wife et se concentrait sur  l’histoire d’Alicia mais c’est dommage de ne pas donner une fin claire à ces personnages.

Les affaires de Peter et donc d’Eli : Boooring. OSEF. Balek’. J’en passe et des pas mûres.
Ok, je n’ai JAMAIS aimé Peter (la faute au comédien qui jouait Big dans Sex & the City, personnage que je détestais déjà). Mais alors là dans cette saison 7, on les accumule avec lui. Je me fous de sa campagne électorale en début de saison et je m’ennuie carrément avec son nouveau procès en seconde partie de saison. J’avoue même avoir été totalement largué pendant un bon bout de temps avant de comprendre quoique ce soit à cette histoire de grand jury. Ca sort de nulle part, c’est flou ; une fois de plus, on a le sentiment que les scénaristes ne savent pas où ils vont avant de nous sortir une vieille affaire de derrière les fagots.
Quant à Eli, j’ai beau aimé son personnage (et son comédien), j’ai toujours trouvé qu’il avait un rôle à part, difficilement conciliable avec le reste de l’univers de la série. Et au bout de 7 ans, ça ne marche définitivement plus. Il nous fatigue à revenir sans cesse vers Alicia pour des politiqueries qui n’intéressent que lui et Peter. Seul moment passionnant (et au final peu exploité) : lorsqu’il révèle à Alicia l’un de ses plus gros coups de pute datant des premières saisons.

Les p’tits nouveaux, pas à la hauteur : à force d’essorer les personnages existants précédemment cités et de ne plus savoir quoi leur faire faire, il fallait bien en créer d’autres pour apporter un peu de sang frais. Et c’est souvent assez réussi… du moins en apparence. Car rapidement, ces personnages tournent à vide et se révèlent être de jolies coquilles dénuées de vrais enjeux. C’était le cas de Finn arrivé en saison 5, largement développé en saison 6 et totalement zappé en saison 7. Mais c’est surtout le cas de Lucca Quinn, avocate badass et nouvelle confidente d’Alicia et de Jason, détective privé et amant d’Alicia. Deux supers personnages sur le papier mais qui n’ont finalement pas grand-chose à défendre si ce n’est une répartie cinglante à la cour pour l’une et une moue séducto-charmante pour l’autre. Ces deux-là offrent de jolies scènes mais ont du mal à s’extraire de leur rôle de faire-valoir.

Le départ de Kalinda : on ne va pas se voiler la face, l’un des meilleurs personnages (le meilleur ?) de la série a tiré sa révérence en fin de saison 6. Et c’est vraiment regrettable. Kalinda (Archie Panjabi) était le perso le plus original, le plus complet, le plus sexy, bref le plus intéressant de la série, au coude à coude avec Alicia. On ne reviendra pas sur les vraies raisons de son départ (en gros, Julianna Margulies ne pouvait pas encadrer Panjabi), mais ça a laissé un énorme vide que les scénaristes n’ont jamais réussi à combler. D’ailleurs, on a très rarement vu Jason à l’œuvre, là où on se délectait des méthodes d’investigation peu orthodoxes de Kalinda. Preuve que le nouveau détective ne lui arrive pas à la cheville.


L’une des meilleures séries des networks s’est achevée dimanche dernier mais peut-être aurait-elle mérité de se terminer deux ans plus tôt. The Good Wife n’a jamais réussi à retrouver les sommets des saisons 4 et 5 et nous sert une dernière saison (et un final) en demi-teinte, pas complètement satisfaisante, voire franchement décevante. Tant pis, on gardera plutôt en mémoire Colin Sweeney, Elsbeth Tascioni, Patti Nyhom, Bishop, Chumhum et la NSA qui ont fait les grandes heures de The Good Wife. In my opinion.