C’était
bien sûr l’évènement sériel de l’hiver : le retour d’X-Files à la télévision américaine (sur la Fox, en l’occurrence).
Et, une fois n'est pas coutume, une chaine française (M6 en l’occurrence)
emboite le pas rapidement puisqu’elle diffuse dès ce soir les six nouveaux
épisodes de la saison 10, trois jours après le season finale de la série culte.
Alors
d’abord, ami lecteur, tu le sais : j’aime X-Files. Non, je l’adore. Non, je l’idolâtre. La série fait
incontestablement partie de mon panthéon. Elle fait aussi partie de mon
histoire de sériephile : comme beaucoup, c’est l’une des premières que j’ai
vues de façon suivie et régulière. Et c’est surtout l’une des seules que j’ai
regardées intégralement plusieurs fois ! Même si je suis définitivement de
la Team Scully, je suis fan de ce duo de personnages mythiques et je compte même
parmi les rares à avoir aimé leurs remplaçants des dernières saisons.
C’est
dire l’appréhension que j’ai eu à l’annonce du retour du service des affaires
non-classées. Toucher à X-Files, c’est prendre le risque de dénaturer un chef d’œuvre
(n’ayons pas peur des mots). Évidemment, j’ai plongé. Évidemment, j’ai tout vu. Évidemment j’ai aimé. Mais à quel point ? Sans aucun spoil majeur sur cette
saison 10 (mais en essayant d’être intéressant quand même pour ceux qui n’ont
encore rien vu), j’ai décidé de classer ces six épisodes, du meilleur au moins
bon, selon mes propres goûts personnels à moi.
Episodes 1 et 6 : les
mythologiques.
Parmi
les fans d’X-Files, il y avait ceux
qui préféraient les épisodes bouclés avec l’enquête de la semaine ; et il
y avait ceux qui suivaient la série pour comprendre les tenants et aboutissants
de la conspiration extraterrestre. Bon, en vrai, les fans purs et durs aimaient
tous les épisodes mais je suis quand même de ceux qui gardent une affection
toute particulière pour la mythologie X-Filienne. Beaucoup moins obscur et bien
mieux construit que ce qu’on a bien voulu croire (loin des "ça part en
couille" et autre "on capte que dalle" qui reviennent trop
souvent), l’arc dramatique autour des petits hommes verts trouvait une jolie
fin dans la série d’origine, avec même une belle promesse pour une suite
cinématographique ou télévisuelle.
Force
est de constater qu’avec les épisodes 1 et 6 de cette saison 10,
Chris Carter et son équipe d’auteurs n’ont rien oublié de l’histoire qu’ils
nous avaient racontée jusque-là (et notamment tout ce qui était annoncé pour
2012) et reprennent le récit là où ils l’avaient laissé. Et ça, ça fait bien
plaisir. Ils trouvent même le moyen de redistribuer les cartes et de relancer
la machine de façon intelligente, en injectant au passage une dose pertinente d’actualité
(rapport à l’état d’urgence, toussa…).
Alors
oui, ça va un peu vite. Oui, c’est parfois un peu facile (notamment le recours
à cet illuminé des Internets qui fait plus de découvertes en quelque mois que Mulder
et Scully en plusieurs années). Mais ça fonctionne. Et c’est captivant. Je
dirais juste qu’il faut quand même bien être à jour sur la série d’origine
parce qu’on ne perd pas beaucoup de temps à résumer ce qui a précédé (pour ça,
je conseille vivement de revoir le final de la saison 9).
Enfin,
le cliffhanger de maboule (oui j’utilise des mots d’antan) n’annonce que du bon
pour la suite ! On aime !
Episode 2 et 4 : les loners personnels
X-Files, c’est évidemment Mulder et Scully.
Deux personnages qui ont l’un et l’autre beaucoup évolué au cours des saisons
et des avalanches d’emmerdes que les méchants conspirateurs ont mis sur leur
route. Difficile pour les scénaristes de ne pas injecter des storylines
personnelles, et ce même dans les loners de la série (les fameux épisodes
bouclés et indépendants). Et c’est le cas ici, par deux fois.
L’épisode
2 n’est qu’à moitié lié à la mythologie de la série. Comme dans plusieurs anciens
épisodes, Mulder et Scully enquêtent sur ce qui pourrait être une sous-filiale
de la conspiration principale. Bien écrit et visuellement très fort (ce
corridor glaçant d’enfants atteints de malformations génétiques…), l’épisode puise
surtout toute sa force dans le passé des deux personnages. L’occasion pour les
auteurs de reparler de l’enfant de Mulder et Scully (car oui, ils ont eu un
enfant ; oui, ça a bien eu lieu au cours de la série ; et oui, c’est
bien Mulder qui est le père) ou plus exactement du vide qu’il a laissé derrière
lui, après que ses parents aient été contraints de le faire adopter. C’est donc
aussi l’occasion pour les acteurs de dévoiler à nouveau tout leur talent et de
présenter des personnages émus et émouvants.
L’épisode
4 se focalise plus sur Scully, dont la mère tombe gravement malade. Tout aussi
réussi que le 2 sur le plan personnel et émotionnel, l’épisode pêche en
revanche du côté de l’enquête de la semaine. Plus gore, moins bien ficelée,
avec un sujet bancal déjà utilisé en saison 6, l’histoire du jour a du mal à
trouver un lien avec celle de la mère de Scully. Et il faut bien dire que la
performance de Gillian Anderson (Team Scully, j’vous dis !) occulte tout
le reste. En un mot, on se fout un peu de ce qui arrive à Mulder et son
enquête, même si tous les éléments étaient réunis pour avoir un épisode bien
effrayant. Dommage. Pas raté, mais pas totalement réussi.
Beaucoup
de fans retiennent avant tout les épisodes parodiques de la série d’origine. Très
drôles, ils fonctionnaient souvent à merveille, perdus au milieu d’épisodes
sérieux et/ou terrifiants. Et leur rareté leur donnait leur saveur. Se pose
alors la question d’avoir intégré un épisode parodique dans une saison qui
compte si peu d’épisodes. A peine s’est-on remis dans le bain qu’il faut déjà
faire fi des nouveaux repères et accepter un nouveau délire de la part de Darin
Morgan (un spécialiste de ce type d’épisodes). Ne nous y trompons pas, j’ai
trouvé l’épisode vraiment très réussi. C’est marrant, c’est du grand n’imp’ et
Duchovny (en son slip rouge) et Anderson prennent visiblement beaucoup de
plaisir à se montrer absurdes. Je me suis bien amusé. Mais c’est plutôt que j’aimais
aussi beaucoup frissonner devant cette série et que cette saison 6 n’y parvient
jamais totalement.
Episode 5 : le loner entre deux
chaises
De
prime abord, cet épisode est celui qui pourrait paraitre le plus classique avec
une enquête sérieuse où une théorie paranormale de Mulder s’oppose à une
rationalisation scientifique de Scully. Pourtant cet épisode reste en
demi-teinte. Tout d’abord parce qu’avant l’idée farfelue de Mulder, aucun élément surnaturel ne nous est montré.
On a affaire à un cas classique de terrorisme sur lequel le FBI enquête. Donc
pour une fois, ça n’est pas le fantastique qui vient aux services des affaires
non classées mais bien l’inverse. Étonnant. Et forcément un peu plus lent à
démarrer.
Puis
les scénaristes collent dans les pattes des héros deux nouveaux agents qui sont
leur copie conforme avec 30 ans de moins. Pourquoi pas. D’autant que les p’tits
jeunes (qui reviendront dans l’épisode suivant) sont plutôt sympas. Sauf que l’épisode
vire dans la parodie qui ne s’assume pas totalement. L’affaire continue d’être
sérieuse mais son traitement se résume à beaucoup d’autoréférences que seuls
les fans peuvent percevoir. Mais là encore, pourquoi pas.
Puis
vient la fameuse scène de Mulder. Ceux qui l’ont vue savent de quoi je parle.
Et là, l’épisode bascule. On est à nouveau là pour rire et on perd franchement
l’esprit angoissant d’X-Files. Le fond du problème n’est pas ou mal traité au profit d’une
forme divertissante. A la fin de l’épisode, on garde un léger arrière-goût de
pas assez. Dommage.
Au
final, la dixième saison de cette série culte qu’est X-Files est plutôt très réussie. Mais il faut bien dire que ça ne
ressemble plus tout à fait à la série des années 90 ; et c’est bien normal.
Il y a beaucoup de fan service, de clins d’œil plus ou moins appuyés et de private
joke destinés aux fans de la première heure (au passage, je me demande comment
les nouveaux spectateurs peuvent appréhender cette saison ; à mon avis,
ils sont perdus). On sent aussi que les auteurs ont voulu en dire le plus
possible en très d’épisodes peu : ils ont cherché à remettre le plus d’histoires
sur les rails, ils ont tenu à proposer tous les genres d’épisodes possibles. La
saison aurait peut-être encore plus gagné à retenir un peu ses effets. D’autant
plus qu’au vu des audiences, il n’y a aucune raison qu’une onzième saison ne
voit jamais le jour (mais ça, évidemment ni Chris Carter, ni la Fox ne
pouvaient le deviner).
Pour
les plus fans d’entre vous je vous conseille les analyses beaucoup plus
poussées de Sullivan Le Postec écrites pour le DailyMars, épisode par épisode
(ici, là, ou encore là. Et ici aussi). C’est passionnant !