jeudi 25 février 2016

X-Files s10 : Affaire classée et réussie !



C’était bien sûr l’évènement sériel de l’hiver : le retour d’X-Files à la télévision américaine (sur la Fox, en l’occurrence). Et, une fois n'est pas coutume, une chaine française (M6 en l’occurrence) emboite le pas rapidement puisqu’elle diffuse dès ce soir les six nouveaux épisodes de la saison 10, trois jours après le season finale de la série culte.
Alors d’abord, ami lecteur, tu le sais : j’aime X-Files. Non, je l’adore. Non, je l’idolâtre. La série fait incontestablement partie de mon panthéon. Elle fait aussi partie de mon histoire de sériephile : comme beaucoup, c’est l’une des premières que j’ai vues de façon suivie et régulière. Et c’est surtout l’une des seules que j’ai regardées intégralement plusieurs fois ! Même si je suis définitivement de la Team Scully, je suis fan de ce duo de personnages mythiques et je compte même parmi les rares à avoir aimé leurs remplaçants des dernières saisons.
C’est dire l’appréhension que j’ai eu à l’annonce du retour du service des affaires non-classées. Toucher à X-Files, c’est prendre le risque de dénaturer un chef d’œuvre (n’ayons pas peur des mots). Évidemment, j’ai plongé. Évidemment, j’ai tout vu. Évidemment j’ai aimé. Mais à quel point ? Sans aucun spoil majeur sur cette saison 10 (mais en essayant d’être intéressant quand même pour ceux qui n’ont encore rien vu), j’ai décidé de classer ces six épisodes, du meilleur au moins bon, selon mes propres goûts personnels à moi.


Episodes 1 et 6 : les mythologiques.
Parmi les fans d’X-Files, il y avait ceux qui préféraient les épisodes bouclés avec l’enquête de la semaine ; et il y avait ceux qui suivaient la série pour comprendre les tenants et aboutissants de la conspiration extraterrestre. Bon, en vrai, les fans purs et durs aimaient tous les épisodes mais je suis quand même de ceux qui gardent une affection toute particulière pour la mythologie X-Filienne. Beaucoup moins obscur et bien mieux construit que ce qu’on a bien voulu croire (loin des "ça part en couille" et autre "on capte que dalle" qui reviennent trop souvent), l’arc dramatique autour des petits hommes verts trouvait une jolie fin dans la série d’origine, avec même une belle promesse pour une suite cinématographique ou télévisuelle.

Force est de constater qu’avec les épisodes 1 et 6 de cette saison 10, Chris Carter et son équipe d’auteurs n’ont rien oublié de l’histoire qu’ils nous avaient racontée jusque-là (et notamment tout ce qui était annoncé pour 2012) et reprennent le récit là où ils l’avaient laissé. Et ça, ça fait bien plaisir. Ils trouvent même le moyen de redistribuer les cartes et de relancer la machine de façon intelligente, en injectant au passage une dose pertinente d’actualité (rapport à l’état d’urgence, toussa…).
Alors oui, ça va un peu vite. Oui, c’est parfois un peu facile (notamment le recours à cet illuminé des Internets qui fait plus de découvertes en quelque mois que Mulder et Scully en plusieurs années). Mais ça fonctionne. Et c’est captivant. Je dirais juste qu’il faut quand même bien être à jour sur la série d’origine parce qu’on ne perd pas beaucoup de temps à résumer ce qui a précédé (pour ça, je conseille vivement de revoir le final de la saison 9).
Enfin, le cliffhanger de maboule (oui j’utilise des mots d’antan) n’annonce que du bon pour la suite ! On aime !

Episode 2 et 4 : les loners personnels
X-Files, c’est évidemment Mulder et Scully. Deux personnages qui ont l’un et l’autre beaucoup évolué au cours des saisons et des avalanches d’emmerdes que les méchants conspirateurs ont mis sur leur route. Difficile pour les scénaristes de ne pas injecter des storylines personnelles, et ce même dans les loners de la série (les fameux épisodes bouclés et indépendants). Et c’est le cas ici, par deux fois.

L’épisode 2 n’est qu’à moitié lié à la mythologie de la série. Comme dans plusieurs anciens épisodes, Mulder et Scully enquêtent sur ce qui pourrait être une sous-filiale de la conspiration principale. Bien écrit et visuellement très fort (ce corridor glaçant d’enfants atteints de malformations génétiques…), l’épisode puise surtout toute sa force dans le passé des deux personnages. L’occasion pour les auteurs de reparler de l’enfant de Mulder et Scully (car oui, ils ont eu un enfant ; oui, ça a bien eu lieu au cours de la série ; et oui, c’est bien Mulder qui est le père) ou plus exactement du vide qu’il a laissé derrière lui, après que ses parents aient été contraints de le faire adopter. C’est donc aussi l’occasion pour les acteurs de dévoiler à nouveau tout leur talent et de présenter des personnages émus et émouvants.
L’épisode 4 se focalise plus sur Scully, dont la mère tombe gravement malade. Tout aussi réussi que le 2 sur le plan personnel et émotionnel, l’épisode pêche en revanche du côté de l’enquête de la semaine. Plus gore, moins bien ficelée, avec un sujet bancal déjà utilisé en saison 6, l’histoire du jour a du mal à trouver un lien avec celle de la mère de Scully. Et il faut bien dire que la performance de Gillian Anderson (Team Scully, j’vous dis !) occulte tout le reste. En un mot, on se fout un peu de ce qui arrive à Mulder et son enquête, même si tous les éléments étaient réunis pour avoir un épisode bien effrayant. Dommage. Pas raté, mais pas totalement réussi.

Episode 3 : le loner parodique
Beaucoup de fans retiennent avant tout les épisodes parodiques de la série d’origine. Très drôles, ils fonctionnaient souvent à merveille, perdus au milieu d’épisodes sérieux et/ou terrifiants. Et leur rareté leur donnait leur saveur. Se pose alors la question d’avoir intégré un épisode parodique dans une saison qui compte si peu d’épisodes. A peine s’est-on remis dans le bain qu’il faut déjà faire fi des nouveaux repères et accepter un nouveau délire de la part de Darin Morgan (un spécialiste de ce type d’épisodes). Ne nous y trompons pas, j’ai trouvé l’épisode vraiment très réussi. C’est marrant, c’est du grand n’imp’ et Duchovny (en son slip rouge) et Anderson prennent visiblement beaucoup de plaisir à se montrer absurdes. Je me suis bien amusé. Mais c’est plutôt que j’aimais aussi beaucoup frissonner devant cette série et que cette saison 6 n’y parvient jamais totalement.

Episode 5 : le loner entre deux chaises
De prime abord, cet épisode est celui qui pourrait paraitre le plus classique avec une enquête sérieuse où une théorie paranormale de Mulder s’oppose à une rationalisation scientifique de Scully. Pourtant cet épisode reste en demi-teinte. Tout d’abord parce qu’avant l’idée farfelue de Mulder,  aucun élément surnaturel ne nous est montré. On a affaire à un cas classique de terrorisme sur lequel le FBI enquête. Donc pour une fois, ça n’est pas le fantastique qui vient aux services des affaires non classées mais bien l’inverse. Étonnant. Et forcément un peu plus lent à démarrer.
Puis les scénaristes collent dans les pattes des héros deux nouveaux agents qui sont leur copie conforme avec 30 ans de moins. Pourquoi pas. D’autant que les p’tits jeunes (qui reviendront dans l’épisode suivant) sont plutôt sympas. Sauf que l’épisode vire dans la parodie qui ne s’assume pas totalement. L’affaire continue d’être sérieuse mais son traitement se résume à beaucoup d’autoréférences que seuls les fans peuvent percevoir. Mais là encore, pourquoi pas.
Puis vient la fameuse scène de Mulder. Ceux qui l’ont vue savent de quoi je parle. Et là, l’épisode bascule. On est à nouveau là pour rire et on perd franchement l’esprit angoissant d’X-Files. Le fond du problème n’est pas ou mal traité au profit d’une forme divertissante. A la fin de l’épisode, on garde un léger arrière-goût de pas assez. Dommage.


Au final, la dixième saison de cette série culte qu’est X-Files est plutôt très réussie. Mais il faut bien dire que ça ne ressemble plus tout à fait à la série des années 90 ; et c’est bien normal. Il y a beaucoup de fan service, de clins d’œil plus ou moins appuyés et de private joke destinés aux fans de la première heure (au passage, je me demande comment les nouveaux spectateurs peuvent appréhender cette saison ; à mon avis, ils sont perdus). On sent aussi que les auteurs ont voulu en dire le plus possible en très d’épisodes peu : ils ont cherché à remettre le plus d’histoires sur les rails, ils ont tenu à proposer tous les genres d’épisodes possibles. La saison aurait peut-être encore plus gagné à retenir un peu ses effets. D’autant plus qu’au vu des audiences, il n’y a aucune raison qu’une onzième saison ne voit jamais le jour (mais ça, évidemment ni Chris Carter, ni la Fox ne pouvaient le deviner).
Pour les plus fans d’entre vous je vous conseille les analyses beaucoup plus poussées de Sullivan Le Postec écrites pour le DailyMars, épisode par épisode (ici, , ou encore là. Et ici aussi). C’est passionnant !

lundi 8 février 2016

Her (success) Story

C’est bien connu, c’est pas la taille qui compte. La preuve avec cette mini web-série intitulée Her Story et dégottée sur Youtube par notre Silver national (vous devriez le suivre ici, il dit des choses intéressantes des fois). On y suit deux femmes trans célibataires aux parcours bien différents, qui vont, l’une et l’autre, faire une rencontre susceptible de leur redonner foi en l’amour. A format court, article court. Voilà, en 5 rapides points, les raisons de regarder cette petite perle. Her Story, c’est :

Court et intense : la mini-série compte en tout 6 épisodes de 9 minutes. Si vous êtes doués en maths, vous aurez tôt fait de calculer que la saison 1 de Her Story se regarde en un peu moins d’une heure qu’on ne voit pas passer. Donc à tous ceux qui prétendent ne pas avoir le temps de regarder des séries, voilà qui devrait faire votre bonheur.

Gratuit et sous-titré : la série est diffusée légalement surYoutube et ici sur le site officiel. Et elle y est sous-titrée (en anglais, certes, mais ça aide déjà). Ce genre d’initiative est trop rare pour ne pas être soutenue. Merci donc à ces producteurs qui font le choix de la gratuité pour toucher le maximum de spectateurs ; et du coup merci à Youtube de permettre à des projets pareils d’exister.

Beau : Ca n’est pas parce qu’elle est diffusée gratuitement sur Youtube qu’on a affaire à une websérie low cost. Her Story est une belle série, esthétiquement parlant. La photo est parfaite, la réalisation aussi ; on retrouve un peu l’imagerie de séries indé du type Looking ou Girls.

Un sujet délicat très justement traité : pas facile d’aborder le thème de la transsexualité sans tomber dans le cliché ou la caricature. Pourtant Her Story excelle dans cet exercice. Sans avoir peur d’aborder les sujets qui peuvent déranger (le genre vs la sexualité ; les féministes vs les trans…), la série donne des pistes de réflexion comme rarement cela avait été fait auparavant. Et pour une fois, on ne parle pas de personnages en période de transition. Good point.

Deux voire trois personnages très travaillées : Her Story, c’est avant tout le portrait réaliste et parfaitement écrit de deux femmes (en fait trois). Sacrée performance que de parvenir à leur donner vie en si peu de temps. Et pourtant, on ne met pas trois minutes à s’attacher à ces héroïnes grâce à des dialogues précis et à l’interprétation parfaite des comédiennes.
A ce propos, et comme dirait Silver, pouce en l’air pour avoir casté des actrices trans.



Voilà, je n’en dirai pas plus. Je vous laisse découvrir cette petite bulle de savon qui fait du bien en espérant très fortement qu’une saison 2 voit le jour prochainement. Pour ceux qui le souhaitent et qui le peuvent, le site offre la possibilité de faire un don.