Sur le fond, elles n’ont finalement rien à voir, mais dans la forme,
il y a quand même des similitudes assez frappantes. Je veux parler de deux
séries sorties cette année, l’une au Royaume-Uni, Dates, l’autre aux États-Unis, Full
Circle. Ni l’une ni l’autre n’ont fait beaucoup de bruit, même si les deux
mériteraient qu’on en parle bien plus. C’est donc ce que je me propose de faire
ici sous la forme d’une battle pour faire ressortir les qualités des lauréates.
Round 1 : les pitchs
Dates : la série
raconte des premiers rendez-vous galants. Chaque épisode présente une rencontre
autour d’un verre ou d’un diner de deux personnes qui ne se connaissent pas et
qui se sont croisés sur un site Internet. Pendant 10 épisodes de 25 minutes, 11
candidats se succèdent, certains retentant leurs chances plusieurs fois.
Certaines rencontres coulent de source, d’autres font bien plus d’étincelle. Et
au fur et à mesure des épisodes, quelques histoires se recoupent et les dates
se complexifient.
Full Circle : dans un
restaurant (judicieusement nommé l’Ellipsis), 10 personnages dînent en tête à
tête. Amants, amis, famille, collègues, les relations présentées ne sont pas
qu’amoureuses et la plupart du temps, les héros se connaissent très bien. Outre
le fait que, comme dans Dates, chaque
épisode ne met en scène que deux personnages, la spécificité de la série vient
des liens qui unissent les personnages : dans l’épisode 1, Tom dîne avec
Bridget ; dans l’épisode 2, Bridget dîne avec Stanley qui, lui-même, dîne
avec Jace dans l’épisode 3 et ainsi de suite jusqu’à ce qu’on retrouve Tom dans
le dixième et dernier épisode de la saison : la boucle est bouclée, d’où le
titre de la série (c’est clair, non ?). Chaque convive revient donc pour
deux épisodes, deux repas - même si certains font de très courtes apparitions à
d’autres moments dans la saison.
Résultat : Full Circle
l’emporte. Plus original et surtout mieux tenu tout au fil de la saison, le
concept de Full Circle, bien que plus
difficile à expliquer, captive littéralement. A la différence de Dates – dont la structure des épisodes
est un poil répétitive- les personnages de Full Circle ne se découvrent
pas ; la finesse des dialogues et de l’écriture amène peu à peu le
téléspectateur à découvrir le riche passé de ses personnages, plein de
profondeur.
Dates : 0 – Full Circle : 1
Round 2 : Les créateurs de la série :
Dates sort tout droit de la tête de Bryan Elsley, le génial
créateur de Skins. Et ça se sent. La
même direction artistique, les mêmes personnages totalement barrés, et même un
générique curieusement très voisin de celui de Skins.
Full Circle, qui s’inspire de
la pièce "La Ronde" d'Arthur Schnitzler, est une création de
Neil Labute. Inconnu au bataillon du
moins dans la planète séries. Il a surtout travaillé pour le cinéma. A noter
que Mimi Leder, réalisatrice culte de Urgences,
signe deux des épisodes de la saison.
Résultat : Dates gagne le point uniquement parce
qu’on connait et qu’on aime le travail de Bryan Elsley. Et ouais, ça s'appelle du
piston.
Dates : 1 – Full
Circle : 1
Round 3 : Comédiens
Dates doit beaucoup à Oona Chaplin. Mais si, vous la connaissez, c’est
la gentille femme de Robb Stark dans Game of Thrones. Celle qui… enfin vous
voyez, quoi. A des
kilomètres de son rôle Talisa Stark, elle crève l’écran. Sublime, envoutante et vénéneuse, Oona captive à tel point qu’il
devient même difficile pour ses partenaires d’exister vraiment. Mais grâce au
talent de Ben Chaplin (aucun lien, fils unique) et Will Mellor, les épisodes
avec Onna Chaplin fonctionnent malgré tout très bien.
A part ça, énorme coup de
cœur pour Andrew Scott. L’excellentissime Moriarty de Sherlock revient pour un
épisode avec Sheridan Smith (très juste, elle aussi) : du bonheur à l’état
pur. Avec son talent et son charme, il est temps qu’on lui confie un rôle à sa
mesure à çui-là. Je ne trouve rien à redire sur le reste du cast, comme souvent
chez les anglais, avec peut-être un léger bémol sur Greg McHugh (Callum), pas
aidé par un rôle un peu caricatural, un peu grossier.
Full Circle, de son coté, aligne les stars, épisode après épisode. David
Boreanaz, Julian McMahon, Kate Walsh, Billy Campbell, Tom Felton (le Drago
Malefoy d’Harry Potter) ou encore Minka Kelly (la superbe Leila de Friday Night
Lights), la série ne cesse de présenter des visages connus. Et globalement,
leur performance est réussie. De tout ce petit monde, je retiens la performance
de Tom Felton, Kate Walsh et Minka Kelly. Et parmi les nouvelles têtes, mes
coups de cœur vont à Devon Gearhart, Keke Palmer et au très troublant Noah
Silver (un petit frenchie !).
Résultat : difficile de les départager sur ce point : les
séries ont chacune envoyé du lourd. Mais avec le recul, je dois dire que les
comédiens de Full Circle m’ont plus touché.
Dates : 1,5 – Full Circle : 2.
Thèmes abordés :
Ça n’est pas une surprise, Dates parle de rencontres amoureuses. Personnellement,
c’est là que le bat blesse un peu. Le sujet se répète un peu et épisode après épisode,
ça s’essouffle. Certains schémas reviennent de façon un peu systématique. Les
scénaristes tentent de trouver des solutions pour rester originaux (le dernier
épisode n’a plus grand-chose à voir avec un tête-à-tête), mais il y a toujours
des creux dans ces dates. Et oui, pas facile de rester captivants avec des
personnages qui ne se connaissent pas du tout.
Full Circle n’a pas ce problème et peut se permettre de piocher dans
une foultitude de sujets. Et tout y passe : l’adultère, la célébrité, l’homosexualité,
le suicide, l’inceste (épisode très très dérangeant) et même le paranormal !
Alors on pourrait se dire que la série part dans tous les sens (surtout dans
son dernier épisode, bigger than life), mais non, le tout garde une certaine
cohérence. Les sujets sont dévoilés petit à petit, au fil des conversations, de
façon subtile. Et des rebondissements viennent chaque fois relancer l’intérêt
du spectateur au moment où le repas commence à ronronner. Bien plus intense que
Dates, Full Circle surprend souvent.
Résultat : pour avoir su se renouveler épisode après épisode,
Full Circle l’emporte. Haut la main. Dommage le concept de Dates aurait pu
donner des choses plus folles.
Dates : 1,5 – Full Circle : 3.
Pour finir et pour les veinards qui les ont vues (ce sont deux séries
très difficiles à trouver, surtout Full Circle), voilà en bonus la liste de mes
épisodes préférés.
Dates : "Mia and David", parce que c’est le premier, "Erika
et Callum", pour Erika et malgré Callum, "Jenny et Christian",
pour Andrew Scott.
Full Circle : "Tim et Bridgette", épisode très intense,
parfaitement écrit ; "Jace et Ch’andra" pour Keke Palmer ; "Ch’andra
et Cliff" pour la justesse des deux jeunes comédiens ; "Trisha
et Robbie" : malgré un épisode décalé par son thème, les deux
comédiens sont époustouflants.
Résultat : là encore, le point revient à Full Circle.
Dates : 1,5 – Full Circle : 4. Le match
est fait.
D’un concept commun – 2 personnages en tête à tête pendant 26 minutes –
Dates et Full Circle sont arrivés à deux résultats bien différents. A ma connaissance,
aucune de ces deux séries n’a été renouvelée jusqu’ici. Elles le mériteraient. Mais
en les comparant bien, Full Circle mérite, selon moi, plus d’attention. C’est
un peu cruel de ma part de vous dire ça parce que, comme je disais, il est très difficile de
réussir à trouver Full Circle, diffusé de façon très confidentielle sur
DirecTV. Guettons les sorties DVDs.