Hier, Google m’apprenait que c’était le 66ème anniversaire
du crash de Roswell. Pour ceux qui ne s’intéressent ni aux ovnis, ni aux conspirations
américaines, Roswell est un petit bled paumé du Nouveau-Mexique où se serait
donc écrasée voilà plus de 60 ans une soucoupe volante. Des corps d’aliens
auraient été extraits des débris et planqués dans la fameuse « Zone
51 », zone militaire perdue au milieu du désert du Nevada. Des tas de
preuves de la véracité de ces évènements ont été maintes fois publiées dans des
médias plus ou moins fiables, pour être décrédibilisées tout autant de fois.
Alors forcément, ce genre de légende urbaine (ou devrais-je dire de légende
désertique), ça attise l’imagination, ça fait fantasmer et ça fait des
séries ! Perso, cette mythologie des aliens me plait beaucoup (sauf quand
Spielberg l’exploite ridiculement dans Indiana
Jones 4 – hop, c’était gratuit mais c’est dit !). Alors dés qu’il est
question de petits hommes verts, je jette un œil. Et aujourd’hui, j’associe le
crash de Roswell à deux séries radicalement opposées dans leur style, dans leur
format, dans leurs moyens : Roswell
(duh !) et Disparitions. Deux
coups de cœur personnels, pour de plus ou moins bonnes raisons.
La première, c’est donc Roswell
(1999-2002), cette bluette pour adolescents qui a surfé sur le succès de Dawson et Buffy. Objectivement moins réussie que ses grandes sœurs, Roswell était pourtant pas trop mal
parti en racontant l’histoire des trois adolescents, mi-aliens, mi-humains,
arrivés dans des cocons lors du crash de 1947 pour mieux éclore 45 ans plus
tard. Pourquoi sont-ils là ? Ils ne savent pas trop. Mais c’est
moyennement leur souci.
Il faut bien avouer que leurs histoires d’amours occupaient bien plus
leurs esprits (et ceux des téléspectateurs) que la survie de leur espèce dont
ils ignorent tout. Roswell abordait
joliment les problèmes de l’adolescence. Forcément différents des autres, les
aliens (et les humains mis dans la confidence) se voyaient évoluer dans un
monde qui ne les comprenaient pas. Le parallèle avec n’importe quel ado mal
dans sa peau était évident. Bon évidemment, les extraterrestres ici n’ont pas
vraiment de boutons sur la gueule et ne ressemblent pas non plus à des petits
hommes gris avec des yeux vitreux. Non, là, c’est plutôt du genre beau/belle
gosse. Katherine Heigl, par exemple, a fait ses débuts dans les déserts du
Nevada. En plus, forcément, ils ont des superpouvoirs, ce qui facilite
grandement les choses quand il s’agit d’échapper à leurs parents, leurs
professeurs ou l’armée américaine.
Si la première saison avait franchement axé ses storylines sur les
relations amoureuses des personnages, les saisons 2 et 3 ont choisi de développer la dimension
fantastique de l’univers de la série. Et au fil des épisodes, la série s’est
éloignée de la mythologie roswellienne d’origine. Dans la première saison, les
références au crash étaient nombreuses, de nombreux personnages profitaient des
retombées économiques que les ovnis apportaient à la ville (resto à thème,
merchandising extraterrestre…) ; le personnage principal travaillait même dans
un musée consacré au sujet. La culture amérindienne jouait également un rôle
primordial dans cette histoire d’extraterrestre. Ce qui parait logique quand on
sait que Roswell se situe en plein territoire Navajo. Bref, le mythe original
était bien exploité.
Puis de nouvelles espèces, de nouveaux pouvoirs, de
nouvelles intrigues avaient peu à peu effacé l’histoire d’origine. Et la série
de se perdre un peu par la même occasion. A deux exceptions près : dans la
saison 2, un épisode flash-back nous renvoie en 1947 au moment des « faits ».
Et dans la saison 3, un relent de mythologie est amorcé avec une incursion au
cœur de la zone 51 ; mais globalement, Roswell s’est attachée à développer
son propre univers. Et ça lui a probablement couté sa survie.
Très personnellement, j’ai toujours adoré cette série.
C’était et cela reste mon guilty pleasure
totalement assumé. J’ai aimé la façon dont les scénaristes mêlaient théories du
complot et histoires d’amour impossibles. Roswell et son crash de 1947 se
retrouvaient au milieu d’intrigues de lycéens. J’avais quasiment le même âge
que les héros, je trouvais ça cool. Un peu trop sérieuse par rapport à Buffy ou moins fédératrice qu’une série
comme Smallville (Superman fait sans
doute plus d’adeptes que l’homme de Roswell), Roswell a peiné à atteindre une saison 3. Elle n’en reste pas moins
une petite série pour adolescents qui a contribué à faire grandir mon amour des
séries.
Et puis j’ai grandi (enfin pas de beaucoup, quelques années, tout au
plus), mon regard s’est affiné, et mes exigences scénaristiques aussi. Et est
apparu Disparition (2002), ou Taken en anglais, grande fresque de 10
épisodes d’une heure et demie produite par Steven Spielberg himself. Bien plus
adulte que la précédente, cette série a mis les petits plats dans les grands
pour aborder la mythologie de Roswell. Diffusée sur Sci-Fi, la mini-série suit
trois familles américaines sur quatre générations. Chacune à sa façon, ces
trois familles voit leur destin bouleversé en 1947 par l’arrivée des
extraterrestres.
C’est la grande idée de Disparition :
retracer 50 ans d’histoire de la mythologie extraterrestre aux Etats-Unis en
exploitant les différents codes que chaque décennie a apporté. Et oui, parce
qu’avec le temps, la façon de s’intéresser aux extraterrestres a évolué et les
croyances à la mode en 1947 n’étaient pas celles de 1997. Et finement, la série
passe tout en revue : le crash de Roswell et les soucoupes volantes dans
les années 1950, les enlèvements et les conventions d’ufologie dans les années
1960-70, les crop-circles (ces fameux ronds dans les champs de blé) dans les
années 1980 et enfin les théories du complot et les manipulations génétiques
des années 1990. Au fur et à mesure que les personnages vieillissent (et ils
vieillissent remarquablement bien), l’univers de la série évolue, adoptant les
codes visuels et les références pops propres à chaque époque.
Disparition est peut-être
une mini-série mais elle a envoyé du lourd en termes de moyens. Chaque épisode
est un téléfilm à lui tout seul qui implique de nouveaux décors et de nouveaux
costumes. C’est véritablement une des grandes forces de la série. L’autre point
fort, c’est son casting : bourrée de comédiens vus dans d’autres séries, Disparition offre un panel de
personnages forcément très large en raison des années qui passent : on
retrouve ainsi Julie Benz (Roswell –
tiens tiens – Dexter), Joel Gretsch (les 4400, V), Tina Holmes (Six Feet
Under), Eric Close (FBI : Portés
Disparus) ou encore Desmond Harrington (re Dexter). Et à l’époque on découvrait également Dakota Fanning, dans
ce qui reste pour moi son meilleur rôle. Véritable star de la série, quatre des
dix épisodes reposent sur ses jeunes épaules (oui parce qu’après un épisode par
décennie, Disparition se concentre
sur les années 2000 dans les 4 derniers épisodes).
Bien jouée, bien écrite, bien réalisée (grosse influence
Spielbergienne), avec une direction artistique aux petits oignons, Disparition est véritablement une grande
série, passée quelque peu inaperçue en France, à tort. Je sais que la
mythologie extraterrestre en rebutera plus d’un, pourtant il s’agit ici d’une
des plus belles sagas familiales que j’ai pu voir.
Entre l’adolescente Roswell
et la plus adulte (et, il faut bien le dire, plus réussie) Disparition, les aliens ont toujours eu une place de choix dans mon
univers de sériphile. Je n’ai pas abordé X-Files,
j’aurais pu. Mais le traitement du crash de Roswell (point de départ de ce post)
n’y est abordé que très brièvement et la zone 51 est intégrée dans un des
épisodes dit parodiques de la série. J’ai préféré parler de séries un brin
moins connues. Et c’est à ces deux séries que j’ai naturellement repensé avec
nostalgie quand Google m’a parlé de petits hommes verts. Amateurs du genre (ou
pas), jetez-y un œil.
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