jeudi 4 avril 2013

Real Humans: le nouvel art de vivre suédois


Difficile de passer à coté, étant donné l’omniprésence de la série dans les médias, dans la rue, sur les réseaux sociaux… Mais c’est justifié : une petite bombe arrive ce soir sur Arte. Son nom ? Real Humans ou Äkta Människor dans sa langue originale. Oui, parce qu’il s’agit, oh surprise, d’une série suédoise. Gros coup de cœur de l’année 2013, j’ai tout simplement avalé la série en un week-end (de trois jours, certes, mais quand même !). Hâte de voir si le public français va accrocher à ce récit d’anticipation bien ficelé et bien joué.


(Attention la BA qui suit est celle concoctée par Arte et bizarrement, elle comporte un nombre incroyable de spoilers!!!)

Real Humans (je vais garder ce titre, plus facile à écrire et à dire) présente une société, suédoise donc, dans laquelle des robots humanoïdes ultra réalistes prennent en charge les tâches alors considérées comme les plus avilissantes de notre quotidien : femme de ménage, cuisinier, manufacturier, coach sportif ou même esclave sexuel, chaque hubot (terme issu de la contraction de Humain et de Robot) a son rôle précis. Évidemment, se pose immédiatement pour le spectateur, toutes les questions éthiques, morales, économiques et biologiques que soulèvent habituellement la mythologie des robots. Mais Real Humans ne tombe pas dans le travers de vouloir répondre à tout, tout de suite. La série prend son temps : les premiers épisodes, peut-être un poil timides et explicatifs, présentent les -nombreux- personnages de la série. Les règles qui régissent ce monde robotisé nous sont délivrées peu à peu, de façon digeste, et la plupart des questions trouvent leurs réponses au fur et à mesure des 10 épisodes de la série.

Et petit à petit, le récit gagne franchement en intensité. Des histoires à la base indépendantes les unes des autres se retrouvent intelligemment imbriquées les unes aux autres. Et la dimension aventure de la série rejoint rapidement les arcs narratifs plus familiaux. Au final, on a affaire à un puzzle bien présenté et à un récit bien tenu. Le rythme régulier sans être frénétique maintient une belle énergie : on s’ennuie rarement.
En deux mots, et pour ne pas spoiler ceux qui s’y mettent tout juste (ce qui suit est amorcé dans les premières minutes de la série), certains Hubots, apparemment différents des autres, cherchent à monter en grade et à obtenir un début de reconnaissance sociale dans une société partagée entre un attrait pour ces nouvelles machines et une peur quasi-raciste de ces êtres artificiels. Tous les points de vue des personnages, vraiment bien écrits, sont défendables. Ce qui permet à la série d’aborder intelligemment les thèmes de l’âme, l’amour, la foi, la mort ou la filiation (rien que ça). Seule la fin, pas toujours très claire, laisse certaines questions en suspens. Mais que les spectateurs se rassurent, la fiche Wikipédia suédoise annonce que "serien kommer tillbaka för en andra säsong under hösten 2013". Ce qui, pour les non linguistes, se traduit par "la série sera de retour pour une deuxième saison à l'automne 2013".

Un mot sur le look de la série. Forcément très fraiche (on est en Suède quand même), la superbe photographie de la série propose des couleurs pastelles, variées, douces, comme pour mettre en opposition cette société en apparence modèle et ses problématiques éthiques. C’est le syndrome Desperate Housewives : plus l’environnement est joli, plus on peut aborder des thèmes durs. Les décors, suédois par excellence (merci Ikéa), sont fidèles à l’idée qu’on s’en fait.
La vraie prouesse technique de la série provient évidemment des maquillages des robots. Et oui, je vais sans doute en décevoir certains mais il ne s’agit pas de vraies machines. Ce sont bel et bien des comédiens qui interprètent très justement ces hubots, avec une gestuelle remarquablement travaillée, ni trop caricaturale, ni trop naturelle. Les visages, surmaquillés, les coiffures et les lentilles, très artificielles, déroutent au premier abord. Ça fait faux, pourrait-on dire. Mais justement, ce sont de faux humains. Et très vite on ne voit plus que le plastique des personnages et on oublie la chair des comédiens. Très réussi.

Je reparlerai peut-être de cette série plus tard sur ce blog, lorsque la diffusion Arte aura un peu avancé et que je pourrai en dire un peu plus sans gâcher le plaisir de tout le monde. Mais je répète qu’on tient là un petit bijou et qu’en cette année un peu morose en termes de nouveautés sérielles, ça fait beaucoup de bien. D’autant plus quand ça provient d’un pays et d’une culture qu’on a peu l’habitude de voir ou d’entendre. Bra visning!



PS : Pour ceux qui ne pourront attendre la diffusion hebdomadaire sur Arte, sachez que le coffret de l’intégrale est sortie hier (je comprend pas bien la stratégie d'Arte sur ce coup là...) pour une somme raisonnable (et ça vaut le coup). Au passage, merci à mon twittos d’ami Arnaud pour sa review du coffret sur DVDséries !
Pour ceux qui ont plus de moyens, Arte propose son Hubot Market pour choisir et commander son robot personnel !

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