Difficile de passer à coté, étant donné l’omniprésence de la série
dans les médias, dans la rue, sur les réseaux sociaux… Mais c’est
justifié : une petite bombe arrive ce soir sur Arte. Son nom ? Real Humans ou Äkta Människor dans
sa langue originale. Oui, parce qu’il s’agit, oh surprise, d’une série
suédoise. Gros coup de cœur de l’année 2013, j’ai tout simplement avalé la
série en un week-end (de trois jours, certes, mais quand même !).
Hâte de voir si le public français va accrocher à ce récit d’anticipation bien
ficelé et bien joué.
(Attention la BA qui suit est celle concoctée par Arte et bizarrement, elle comporte un nombre incroyable de spoilers!!!)
Real Humans (je vais garder
ce titre, plus facile à écrire et à dire) présente une société, suédoise donc,
dans laquelle des robots humanoïdes ultra réalistes prennent en charge les
tâches alors considérées comme les plus avilissantes de notre quotidien : femme de ménage,
cuisinier, manufacturier, coach sportif ou même esclave sexuel, chaque hubot
(terme issu de la contraction de Humain et de Robot) a son rôle précis. Évidemment, se pose immédiatement pour le spectateur, toutes les questions
éthiques, morales, économiques et biologiques que soulèvent habituellement la
mythologie des robots. Mais Real Humans
ne tombe pas dans le travers de vouloir répondre à tout, tout de suite. La
série prend son temps : les premiers épisodes, peut-être un poil timides
et explicatifs, présentent les -nombreux- personnages de la série. Les règles
qui régissent ce monde robotisé nous sont délivrées peu à peu, de façon
digeste, et la plupart des questions trouvent leurs réponses au fur et à mesure
des 10 épisodes de la série.
Et petit à petit, le récit gagne franchement en intensité. Des
histoires à la base indépendantes les unes des autres se retrouvent
intelligemment imbriquées les unes aux autres. Et la dimension aventure de la
série rejoint rapidement les arcs narratifs plus familiaux. Au final, on a
affaire à un puzzle bien présenté et à un récit bien tenu. Le rythme régulier
sans être frénétique maintient une belle énergie : on s’ennuie rarement.
En deux mots, et pour ne pas spoiler ceux qui s’y mettent tout juste
(ce qui suit est amorcé dans les premières minutes de la série), certains
Hubots, apparemment différents des autres, cherchent à monter en grade et à
obtenir un début de reconnaissance sociale dans une société partagée entre un attrait
pour ces nouvelles machines et une peur quasi-raciste de ces êtres artificiels.
Tous les points de vue des personnages, vraiment bien écrits, sont défendables.
Ce qui permet à la série d’aborder intelligemment les thèmes de l’âme, l’amour,
la foi, la mort ou la filiation (rien que ça). Seule la fin, pas toujours très
claire, laisse certaines questions en suspens. Mais que les spectateurs se
rassurent, la fiche Wikipédia suédoise annonce que "serien kommer tillbaka
för en andra säsong under hösten 2013". Ce qui, pour les non linguistes,
se traduit par "la série sera de
retour pour une deuxième saison à
l'automne 2013".
Un mot sur le look de la série. Forcément très fraiche
(on est en Suède quand même), la superbe photographie de la série propose des couleurs
pastelles, variées, douces, comme pour mettre en opposition cette société en
apparence modèle et ses problématiques éthiques. C’est le syndrome Desperate Housewives : plus
l’environnement est joli, plus on peut aborder des thèmes durs. Les décors, suédois
par excellence (merci Ikéa), sont fidèles à l’idée qu’on s’en fait.
La vraie prouesse technique de la série provient
évidemment des maquillages des robots. Et oui, je vais sans doute en décevoir
certains mais il ne s’agit pas de vraies machines. Ce sont bel et bien des
comédiens qui interprètent très justement ces hubots, avec une gestuelle
remarquablement travaillée, ni trop caricaturale, ni trop naturelle. Les
visages, surmaquillés, les coiffures et les lentilles, très artificielles,
déroutent au premier abord. Ça fait faux, pourrait-on dire. Mais justement, ce
sont de faux humains. Et très vite on ne voit plus que le plastique des
personnages et on oublie la chair des comédiens. Très réussi.
Je reparlerai peut-être de cette série plus tard sur
ce blog, lorsque la diffusion Arte aura un peu avancé et que je pourrai en dire
un peu plus sans gâcher le plaisir de tout le monde. Mais je répète qu’on tient
là un petit bijou et qu’en cette année un peu morose en termes de nouveautés
sérielles, ça fait beaucoup de bien. D’autant plus quand ça provient d’un pays
et d’une culture qu’on a peu l’habitude de voir ou d’entendre. Bra visning!
PS : Pour ceux qui ne pourront attendre la
diffusion hebdomadaire sur Arte, sachez que le coffret de l’intégrale est sortie
hier (je comprend pas bien la stratégie d'Arte sur ce coup là...) pour une somme raisonnable (et ça vaut
le coup). Au passage, merci à mon twittos d’ami Arnaud pour sa review du coffret sur DVDséries !
Pour ceux qui ont plus de moyens, Arte propose son
Hubot Market pour choisir et commander son robot personnel !