Il n’y a pas que Game of Thrones dans la vie (même si
bon, ce dernier épisode… wouahou). Et si beaucoup de gens se sont abonnés à OCS
essentiellement pour profiter de la diffusion des épisodes du catalogue HBO 24h
après les US, Orange Cinéma Séries proposent aussi des séries originales françaises
qui méritent le détour. Et notamment des comédies de 26 minutes, format plutôt
rare dans le reste du PAF. C’était le cas de la Lazy Company, petite
merveille Monty Pythonesque dont j’ai déjà parlé ici. Et lundi soir, une
nouvelle perle est arrivée sur OCS. Ça s’appelle Irresponsable, c’est produit par Tetra Media
Fiction (boite de prod qui a sorti Un Village Français et Les Hommes
de l’Ombre, excusez du peu), c’est réalisé par Stephen Cafiero et ça vaut
vraiment le détour (et je dis même pas ça parce que mon pote qui a produit la
série travaille dans le bureau d’à côté).
Irresponsable,
c'est l'histoire de Julien, un trentenaire un brin loser (et c'est un
euphémisme) mais un brin attachant (autre euphémisme) qui vit chez sa mère en
attendant de trouver un travail. Ou plutôt en attendant qu'un taf lui tombe
tout cuit dans le bec. Mais le jour où il retombe sur son amour d'adolescent
qui lui annonce (SPOILER) qu'il est le père d'un garçon de 15 ans, Julien est
obligé de remettre en question sa vie de gentil parasite-à-sa-maman.
Sur le papier (comme souvent pour les bonnes séries), le
concept n'envoie pas forcément du lourd. La situation de cet adulescent obligé
de grandir plus vite que prévu a un air de déjà-vu, voire paraît hyper
classique pour quiconque aime le format des dramédies américaines. Mais comme
d'habitude, tout est question de traitement qui, ici, est parfaitement réussi
et parvient à faire de cette histoire toute simple un petit bijou
incontournable, le plus souvent très drôle et parfois hyper touchant.
Évidemment, je salue le travail d'écriture magnifique de
Frédéric Rosset, créateur de la série. Ancien étudiant de la première promotion
« séries » de la Fémis, repéré par le producteur Antoine Szymalka -ledit
pote du bureau d’à côté- il a commencé par se lancer seul dans le développement
de cette série avant de s’associer à sa sœur Camille avec qui il a coécrit une
partie de la série ; et ensemble, ils ont fait ce qu’on fait tous de
mieux : ils ont parlé de ce qu’ils connaissaient, c’est à dire de leur
banlieue, de leur génération, finalement beaucoup trop rarement mise en lumière
à la télévision dans les fictions françaises (contrairement aux US où les
trentenaires sont rois). Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce travail
est réussi.
L’arc dramatique général de la saison est parfaitement
équilibré et présente une succession d’épisodes qui se suivent mais qui restent
très indépendants les uns des autres. Ça permet de raconter des petites histoires
à l’intérieur de la grande histoire. Ça laisse aussi la possibilité à certains
personnages secondaires d’exister plus pleinement, le temps de certains
épisodes. Sur ce point, on sent un vrai respect des scénaristes pour tous leurs
personnages. Aucun n’est bâclé, y compris le personnage de la mère, qu’on
pourrait d’abord jugé plus caricatural, mais qui finalement offre parmi les
plus belles scènes d’émotions à la série.
De situations simples (mais jamais simplistes), les auteurs ont
réussi à aboutir à des scènes vraiment drôles, parfois un peu exagérées,
parfois un peu attendues mais jamais ridicules. Et ce, souvent grâce aux dialogues
modernes, percutants, drôles.
L’autre énorme point fort de la série, ce sont les
comédiens. Et évidemment Sébastien Chassagne, absolument par-fait. Il est de toutes
les scènes, de tous les gags ; il a un sens du rythme bluffant, talent indispensable
en comédie. Je ne le connaissais pas, mais j’espère qu’on le reverra vite. Une
pépite, ce comédien. Et là, j’en profite pour saluer la direction d’acteur de
Stephen Caliero qui a su trouver le juste équilibre entre les dialogues de
Rosset et les improvisations de Chassagne. Magique.
Les autres comédiens ne sont pas en reste. J’ai déjà évoqué
la mère de Julien, interprétée génialement par Nathalie Cerda qui a su trouver
le subtil dosage entre loufoquerie et tendresse. Mais je pourrais aussi
mentionner Théo Fernandez, impeccable en ado blasé (bien mieux mis en valeur
que dans Le Secret d’Elise, donc là
encore merci Caliero) ; et pourtant, c’est compliqué de trouver des adolescents
crédibles à la télévision. La plupart du temps, je les trouve têtes à claques,
mais lui, c’est l’exception qui confirme la règle. Enfin Marie Kauffmann qui interprète
Marie, l’amour de Julien, dévoile toutes les facettes de son talent au fur et à
mesure de l’évolution de son personnage, mieux servi par l’écriture dans les
derniers épisodes. Je pourrais continuer en citant tous les autres personnages
mais ça serait trop en dire. Et pis ça serait trop long parce que franchement,
ils fonctionnent tous.
Bref, je vais m’arrêter là ; on aura compris
que je me suis trouvé un petit coup de cœur et que je vous conseille vraiment de
vous y mettre. Mais genre vraiment. Les bonnes dramédies en 26 minutes, bien
écrites et biens jouées, sont trop rares en France pour qu’on passe à côté de
celle-ci. Foncez !